Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des
paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Ce cri d’Elisabeth, rencontrant sa cousine,
résume bien le cri qui a pu, qui a dû accueillir Marie au moment de son
Assomption. Ce cri traduit bien que toute la vie de Marie n’a été qu’un OUI à
Dieu, un Oui à sa Parole, un Oui à son projet d’amour. Et c’est ce Oui
perpétuel et permanent de Marie qui lui vaut la gloire de la résurrection sans
avoir connu la dégradation du tombeau. Il aura fallu 20 siècles à l’Eglise pour
reconnaître ce que la sagesse populaire avait compris depuis longtemps :
celle qui a été préservé à sa naissance, celle qui a dit Oui à Dieu à
l’annonciation, comment Dieu ne pourrait-il pas lui accorder d’emblée la gloire
du Ressuscité ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit : reconnaître en
cette femme simple et humble, celle qui a donné au monde le Fils de Dieu, celle
qui l’a laissé aller sur les routes de Palestine, celle qui l’a accompagné à la
croix, celle qui a toujours été du côté de Dieu, parfaitement. Puisque, de son
vivant, elle a mis la Parole de Dieu au cœur de sa vie, cette Parole lui rend
la vie, lui ouvre la vie, au moment où elle s’endort dans la mort. Heureuse est
Marie parce qu’elle partage la destinée de celui qu’elle a accueilli ;
heureuse est Marie, parce qu’à la suite de son Fils, elle entre dans la gloire
promise à celles et à ceux qui ont cru en Lui.
Pour
mieux comprendre encore cette fête, il nous faut sans doute, comme nous le
faisons à l’occasion d’obsèques, relire toute la vie de Marie et plus
particulièrement sa naissance, puisqu’un autre dogme nous enseigne à ce sujet
ce qui est notre foi. Si la vie
terrestre de Marie s’achève sur l’Assomption, comment ne pas nous souvenir
aujourd’hui que sa vie terrestre commence par l’Immaculée Conception. Ces deux
dogmes nous rappellent que, de son origine à sa fin, la vie de Marie est
marquée par Dieu et par son amour. L’Immaculée Conception nous dit en effet que
Marie a été préservée de la dégradation du péché pour accueillir en son sein
celui qui allait donner le salut au monde. En fait, elle a été sauvée par
avance par celui qui donnerait le salut au monde, et qui grandit en son sein.
Son Assomption que nous célébrons aujourd’hui n’est donc que la reconnaissance
de ce salut, son officialisation en quelque sorte. Puisqu’elle n’a pas connu la
dégradation du péché, elle ne peut pas connaître la dégradation du tombeau. Marie
annonce ainsi à toute l’humanité ce qui l’attend si elle se libère, si elle se
laisse libérer par le Christ de ce qui l’empêche de vivre. Marie annonce
par sa naissance, par sa vie et par son Assomption, que l’humanité tout entière
est appelée à se laisser libérer par Dieu, lui qui élève les humbles, lui qui comble
les affamés, lui qui se souvient de
la promesse de vie et de bonheur faite
jadis aux Pères dans la foi. Si nous acceptons que le Christ réalise en
nous son œuvre de salut, nous serons comme Marie, un Oui permanent à la volonté
de Dieu, transparents à la grâce, ouverts à l’amour et à la vie que Dieu nous
offre. Et nous connaîtrons sa gloire, celle qu’elle tient aujourd’hui de la
mort et de la résurrection de son Fils.
Nous
comprenons alors mieux ce que Paul affirme dans sa première lettre aux
Corinthiens, dont nous avons entendu un extrait en seconde lecture : Le Christ est ressuscité d’entre les morts
pour être parmi les morts le premier ressuscité. … c’est dans le Christ que
tous revivront. C’est ainsi que se réalisera la promesse faite aux
Père ; c’est à cette gloire que nous sommes invités par notre baptême.
Nous savons que cette promesse se réalisera puisque Marie en a été la première
bénéficiaire. Sa Pâque, au cœur de l’été, nous ouvre à l’essentiel alors que
nos vacances nous font souvent rechercher le superficiel. L’essentiel, c’est le
Christ, mort et ressuscité. L’essentiel, c’est notre participation à son combat
contre les forces de mort qui envahissent notre monde. L’essentiel, c’est que
nous avons déjà, en espérance, notre part à la victoire du Christ. L’essentiel,
c’est d’entrer finalement dans ce projet de salut, librement, joyeusement,
comme Marie. Lorsque l’ange lui a annoncé qu’elle serait la Mère du Sauveur,
elle ne s’est pas gonflée d’orgueil ; elle est allée se mettre au service
de sa cousine, la vieille Elisabeth, qui enfantait, elle aussi, par grâce de
Dieu.
En cette fête de
l’Assomption, que Marie nous guide sur le chemin véritable qui mène au Christ.
Elle a su faire de sa vie une offrande agréable aux yeux de Dieu. Elle saura
toucher nos cœurs et nous orienter vers l’unique nécessaire : son Fils,
Jésus le Sauveur. Amen.
(Photo de la Dormition de Marie, Fresque de l'église orthodoxe de Zagreb)
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