Après avoir
entendu comme vous les lectures de ce dimanche, je ne sais trop si c’est un
vent de pessimisme ou un vent de réalisme qui souffle sur notre liturgie !
Est-ce qu’effectivement, tout ce que nous faisons, tout ce que nous vivons est
vain ? N’y a-t-il donc rien qui donne sens à notre vie ? A quoi bon
vivre alors ? Comment vivre ?
Pour l’auteur du
livre de l’ecclésiaste, tout est vanité !
C’est un sage qui réfléchit au sens de la vie et des actes que posent les
hommes. Et il est plutôt sévère dans son analyse : Vanité des vanités, tout est vanité. Quand on se réfère au texte
hébreu, on peut aussi traduire ainsi : De
la fumée, dit le Sage, tout n’est que fumée, tout part en fumée. Cela
ajoute encore au caractère dramatique de la situation et au fait que la vie de
l’homme, c’est du vent… du vent quand elle repose sur les biens à acquérir, sur
ce que l’on peut posséder, toujours mieux, toujours davantage. Il ne fait que
rappeler ce que nous ne savons que trop bien : nous n’emmenons rien dans
la tombe : alors pourquoi se fatiguer ?
Jésus va dans le
même sens, dans l’évangile, lorsqu’il avertit : gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme
ne dépend pas de ses richesses. Et la parabole qu’il raconte enfonce le
clou : à celui qui a amassé tant de blé qu’il ne savait qu’en faire, il
est rappelé qu’il n’est qu’un fou et que
cette nuit même, on lui redemandera sa vie. Tout est parti d’une question d’héritage
soumise à Jésus. C’est une habitude de demander à des sages d’intervenir et d’oser
une parole dans des situations que nous savons par expérience difficiles. Jésus
refuse d’entrer dans le jeu qui lui est proposé. Il rappelle, comme l’Ecclésiaste
la vanité d’une vie fondée sur les seuls biens. Mais il dépasse l’Ecclésiaste
en ce qu’il propose une autre voie, une autre manière de vivre. Il invite les
hommes à être riche en vue de Dieu.
Lui seul peut donner sens à notre existence, lui seul nous évite de n’être que
fumée, vanité.
Nous sommes
alors heureux d’avoir entendu saint Paul, dans sa lettre aux Colossiens : vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez
donc les réalités d’en-haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite
de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non sur la terre. Et voici que
notre horizon s’ouvre, que notre vie prend sens : nous sommes destinés à
être avec Dieu, toujours. Mais pas seulement plus tard ; non, c’est dès
maintenant que nous sommes au Christ et que le Christ est à Dieu. Dès maintenant,
nous sommes ressuscités ; dès maintenant, nous avons à vivre selon la loi
du Christ : Faites donc mourir en
vous ce qui appartient encore à la terre… débarrassez-vous des agissements de l’homme
ancien qui est en vous, et revêtez l’homme nouveau.
Si vous avez
suivi un peu les JMJ de Rio, vous aurez compris que c’est la ligne de conduite
que le pape François nous invite à suivre. Il a dit, entre autre, aux jeunes
rassemblés sur la plage de Rio : Je
voudrais que tous, nous nous demandions avec sincérité : en qui
mettons-nous notre confiance ? En nous-mêmes, dans les choses, ou bien en Jésus ?
Nous sommes tentés de nous mettre au centre, de croire que nous sommes seuls,
nous, à construire notre vie, ou que celle-ci est rendue heureuse par la
possession, par l’argent, par le pouvoir. Mais il n’en est pas ainsi ! Certes,
l’avoir, l’argent, le pouvoir peuvent donner un moment d’ébriété, l’illusion d’être
heureux ; mais, à la fin, ce sont eux qui nous possèdent et nous poussent
à avoir toujours plus, à ne jamais être rassasiés. Mets le Christ dans ta vie,
mets en lui ta confiance et tu ne seras jamais déçu ! Voyez, chers amis,
la foi accomplit dans notre vie une révolution que nous pourrions appeler
copernicienne, parce qu’elle nous enlève du centre et le rend à Dieu… La foi
est révolutionnaire !
Si l’Ecclésiaste
peut dire avec raison, que tout n’est que
vanité, tout part en fumée, c’est parce qu’il a vu ce que produisait une
vie sans Dieu : du vent, du vide, du creux. Si le Christ, et Paul et le
pape François trouvent que la vie vaut la peine, qu’elle est porteuse de sens,
porteuse d’avenir, s’ils trouvent que la vie, ce n’est pas du vent, ce n’est
pas du creux, ce n’est pas de la fumée, c’est parce qu’ils ont en commun d’être
tournés vers Dieu, le seul qui donne sens à notre vie, le seul qui tient la
route face aux vanités du monde. Entrons dans cette révolution de la foi ;
laissons Dieu devenir (ou redevenir) le centre de notre vie. Laissons le Christ
devenir notre tout, et nous sortirons du pessimisme ambiant qui ne fait que
nous replier sur nous-mêmes ; laissons le Christ devenir notre tout, et
nous nous ouvrirons les uns aux autres et nous deviendrons, selon le mot du
pape François les constructeurs d’une
Eglise plus belle et d’un monde meilleur. Amen.
merci beaucoup de votre homélie. chaque semaine je reviens sur votre blogue. merci de votre dévouement.
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