La série des textes sévères se poursuit en ce 21ème dimanche ordinaire. Alors que nous étions en droit de penser que nous irions tous au paradis, puisque l’artiste le chantait, voilà que même cette certitude est balayée. Le Dieu de tout amour, le Dieu qui aime l’homme, ne les aimerait-il pas tous ? Le Dieu qui a envoyé son Fils pour sauver les hommes ne les sauverait-il pas tous ? Que faut-il comprendre ? Que pouvons-nous croire ?
La première
chose que nous pouvons préciser, c’est qu’il n’est pas question de chiffre et
que nous ne devons pas être obnubilés par cette question. Le salut vient de Dieu ;
c’est lui qui rassemblera les hommes de
toute nation et de toute langue. Le prophète Isaïe en donne l’assurance. Certains
courants religieux fondamentalistes sont focalisés sur le nombre de sauvés. Et quelquefois
même les chrétiens de nos paroisses sont obsédés par les chiffres : on
compte les baptisés, les premiers communiants, les confirmands, les mariés
religieusement, les participants à la messe du dimanche et même les décédés !
Bien comptés, bien recensés et surtout bien comparés avec autrefois, quand tout
était si bien et si beau dans le monde et dans l’Eglise. Nostalgie, quand tu
nous tiens ! Mais à la question de l’importance du nombre des sauvés, Jésus
ne répond pas par un chiffre. Il ne donne pas la quantité. Il dit simplement,
et pour finir : Il y a des derniers
qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. Mais il ne dit pas
combien ! Parce que cela ne dépend pas de lui ; parce que cela n’est
pas inscrit dans les cieux. Cela dépend de nous, de notre liberté, de notre
manière de vivre. A défaut de parler chiffre, Jésus parle conditions. Là où l’homme
parle quantité, Dieu répond par qualité ! Deux critères semblent dès lors déterminants.
Le premier critère :
Efforcez-vous d’entrer par la porte
étroite. Cette porte étroite n’est pas un lieu ; elle est une
attitude. Elle est en fait l’attitude du Christ lui-même qui arrivera à la
gloire en passant par la souffrance et la mort. Jésus nous invite à la
simplicité et à l’humilité. Relisez le Magnificat, et verset par verset vous
découvrirez quels sont ceux qui passent le mieux par la porte étroite. Relisez aussi
les Béatitudes, et vous aurez une liste complémentaire de ceux qui franchissent
cette porte, sans difficulté. Relisez encore le chapitre 25 de l’Evangile de
saint Matthieu, et vous comprendrez mieux encore.
Le deuxième
critère : ne pas faire le mal. A
certains de ceux qui crient vers lui, et qui étaient sûrs d’être sauvés parce
que familiers de sa table, le Maître de maison répond : Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites
le mal. Je ne sais pas d’où vous êtes ! L’art de vivre qui nous
permettra d’entrer par la porte étroite résulte donc d’un choix plus
fondamental : le choix du Bien et du Mal. Nous pourrions relire ici l’histoire
de Moïse qui sans cesse invite son peuple à ce choix initial : choisis aujourd’hui la vie ou la mort ;
choisis aujourd’hui Dieu ou pas Dieu ; choisis aujourd’hui de vivre selon
son Alliance ou contre son Alliance ; mais choisis !
C’est donc bien
la liberté de l’homme qui est en jeu et la manière qu’il a de l’exercer. Est-ce
que j’ai Dieu à la bouche et le Mal dans le cœur ? Jésus lui-même nous
avertissait il y a quinze jours, que là
où est ton trésor, là aussi est ton cœur. Dieu est-il le trésor de notre
vie, de toute notre vie, et pas seulement du dimanche matin ? Le Mal
reste-t-il pour nous l’ennemi à combattre et à abattre ? Et pas seulement
autour de nous, mais aussi et peut-être d’abord en nous ?
Cette question
de la liberté de l’homme se conjugue avec la possibilité offerte à l’homme de
sans cesse revenir à Dieu ; à celui qui s’égare sur les routes du mal, Dieu donne de bonnes leçons ; il
corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils. Si l’homme quelquefois
désespère de Dieu, Dieu ne désespère jamais de l’homme. Il le reprend comme un
père reprend ses enfants, par amour, non pour les humilier mais pour mieux les
sauver. Seul celui qui s’accroche au mal, celui qui refuse Dieu et son amour,
bref celui qui se gonfle tellement d’orgueil qu’aucune porte ne sera assez
large pour lui offrir un passage, seul celui-là, enfoncé dans son mal, sera définitivement
et pour toute éternité au rang des derniers.
Ces textes
sévères que nous entendons ne veulent pas nous effrayer mais nous encourager à
une conversion vraie et sincère. Il est encore temps de prendre la route qui
conduit à la porte étroite ; il est encore temps d’accepter les leçons du Seigneur ;
il est encore temps de répondre à l’appel de Dieu à faire partie de son peuple,
le peuple de ceux qui adoreront le Père
en esprit et en vérité. C’est une certitude qui dont toujours nous habiter :
il est toujours temps de choisir Dieu et la vie qu’il nous offre. Mais pourquoi
remettre à demain ce que nous pourrions faire, ici et maintenant ? Quel
signe puissant cela serait pour notre monde ! Quel beau témoignage d’évangélisation !
Fasse Dieu qu’il puisse en être ainsi. Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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