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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 30 novembre 2013

1er dimanche de l'Avent A - 01er décembre 2013

Dieu va venir ! Marchons à sa lumière!




Nous voici donc au temps de l’Avent, temps d’attente, temps de préparation à Noël, temps de préparation à l’accueil de l’œuvre de Dieu en nos vies. C’est un beau temps liturgique, porteur de fruits spirituels pour peu que nous n’idéalisions pas le don que Dieu veut nous faire. Car l’histoire biblique nous le prouve : Dieu se révèle souvent différent de ce que les hommes en attendent. Pour nous permettre de comprendre mieux encore, permettez que je vous raconte un conte qui nous vient d’une autre tradition spirituelle que la nôtre, un conte des lointaines Indes. 
 
« Le brahmane Latchoumanane était un homme très pieux. Tous les jours, à son réveil matinal, il prenait son bain de tête rituel et partait aussitôt vers le temple, son panier d’offrandes à la main. Il allait assister au puja du matin, ce culte hindouiste rendu à Dieu trois fois par jours. Avec ferveur, il priait : Seigneur, je viens te rendre visite chez toi, sans que j’aie manqué un seul jour. Matin et soir, je te fais des offrandes. Ne peux-tu pas venir chez moi ? Attentif à cette prière quotidienne, Dieu lui répondit enfin : Demain, je viendrai ! Quelle joie pour Latchoumanane ! Il se met à laver à grande eau toute sa maison. Il fait tracer sur le seuil des Kôlams, ces dessins en farine ou en pâte de riz. A l’aube, il attache une guirlande de feuilles de manguier à l’entrée de sa maison. Les lampes à huiles sont allumées sur le banc en maçonnerie que possède toute maison indienne. Au centre de chaque kôlam s’épanouit une belle fleur jaune de potiron. Et dans la salle de réception, des plateaux de fruits, de galettes sucrées et de fleurs s’étalent à profusion. Tout est prêt pour recevoir Dieu. Latchoumanane se tient debout pour l’accueillir. L’heure du puja matinal approche. Un petit garçon qui passe par là aperçoit par la fenêtre ouverte, les plateaux de galettes. Il s’approche : Grand-père, tu as beaucoup de galettes, là-dedans, ne peux-tu m’en donner une ? Furieux de l’audace du gamin, Latchoumanane réplique : veux-tu filer, moucheron ! Comment oses-tu demander ce qui est préparé pour Dieu ? Et le petit garçon, effrayé, s’enfuit. La cloche du temple a sonné. Le puja du matin est terminé. Latchoumanane pense : Dieu viendra après le culte de midi, attendons-le. Fatigué, il s’asseoit sur le banc. Un mendiant arrive et lui demande l’aumône. Latchoumanane le chasse vertement. Puis il lave soigneusement la place souillée par les pieds du mendiant. Et midi passe… Dieu n’est toujours pas au rendez-vous… Le soir vient. Latchoumanane tout triste attend encore la visite promise.  Un pèlerin se présente à l’heure du culte du soir : Permets-moi de me reposer sur le banc et d’y dormir cette nuit. - Jamais de la vie ! C’est le siège réservé à Dieu ! La nuit est tombée. Dieu n’a pas tenu sa promesse pense Latchoumanane. Quel chagrin ! Le lendemain, revenu au temple pour la prière du matin, le dévot renouvelle ses offrandes et fond en larmes : Seigneur, tu n’es pas venu chez moi comme tu me l’avais promis ! Pourquoi ? Une voix lui dit alors : Je suis venu trois fois chez toi, et trois fois tu m’as chassé… » 
 
Même si cette histoire nous vient d’une autre tradition religieuse, qu’elle nous serve de leçon. La liturgie de ce premier dimanche de l’Avent nous invite à nous préparer à accueillir ce Dieu qui vient à notre rencontre. A l’accueillir et à le reconnaître. Comme Latchoumanane, nous pouvons être surpris. Lui s’était préparé, et bien préparé. Mais il a manqué son rendez-vous parce qu’il attendait Dieu différemment, parce qu’il n’a pas su le reconnaître dans ceux qui passaient à proximité. Etre prêt est déjà en soi une chose importante. Le temps de l’Avent est un temps favorable pour se préparer. Des activités nombreuses rythment la vie de ce temps si particulier en Alsace : que ce soit des choses toutes profanes comme la réalisation des Bredele ou des choses  plus spirituelles comme les conférences d’Avent, les concerts spirituels, le sacrement de la réconciliation… Mais tout cela ne serait que vaine agitation si nous oubliions qui est celui que nous attendons ! Tout cela ne serait que vaine agitation si nous n’étions pas capables de reconnaître Celui qui vient à la rencontre de l’homme et de son histoire. La liturgie du temps de l’Avent nous faire dire que c’est aujourd’hui que Dieu va venir : l’heure est venue, affirme saint Paul dans sa lettre aux Romains ; le salut est plus proche de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. Il faut non seulement être prêt, mais encore accepter que Dieu se présente toujours autre, qu’il se révèle à nous de manière inattendue. Il nous faut mettre de côté tous les « on dit » sur Dieu pour le découvrir tel qu’il veut se révéler à nous, dans notre quotidien, dans notre histoire d’aujourd’hui ! Et c’est sans doute la chose la plus difficile à faire : ne pas rêver de Dieu comme une jeune fille rêverait au Prince charmant ! Nous voudrions bien souvent un Dieu à notre mesure, un Dieu sur-mesure. Mais à force d’imaginer comment Dieu doit être avec nous, nous risquons fort de le laisser passer sans le reconnaître ! 
 
Souvenons-nous, durant ce temps de l’Avent, que c’est Dieu qui nous invite à l’attendre, que c’est lui qui fait de nous des veilleurs, lui qui nous invite à aller à sa rencontre. C’est lui qui nous attend, toujours. Puissions-nous devenir des veilleurs  éveillés, attentifs aux vrais signes de la présence de Dieu. A l’invitation du prophète Isaïe, marchons à la lumière du Seigneur ! Eclairés par lui, nous ne risquons pas de nous égarer et nous pourrons aller à la rencontre de Celui qui vient, en confiance et en vérité Amen.
 

(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)

samedi 23 novembre 2013

Christ, Roi de l'Univers - 24 novembre 2013

Deux larrons, Jésus et nous.
 
 
 
Trois hommes. Trois condamnés. Trois réactions face à la mort. Voilà ce que nous présente la liturgie en la fête du Christ, roi de l’univers. Car, pour étonnant que cela paraisse, cette page d’évangile rapportant la crucifixion nous parle bien de la royauté de Jésus. Et c’est justement face à la mort que nous pouvons le mieux approcher cette affirmation de notre foi.
Deux des condamnés sont des malfaiteurs. Leur style de vie, leurs actions passées les ont menés logiquement jusqu’au gibet. Ils ont joué, ils ont perdu, ils paient. Leur réaction face à ce qui arrive est pourtant fort différente. L’un d’eux, véhément, s’en prend au troisième condamné, qui n’est pourtant ni leur complice, ni celui par qui ils se sont fait prendre. Il le met au défi de les sauver, malgré les apparences. Il se place ainsi au même niveau que tous ceux qui regardent la scène et interpellent eux-aussi ce troisième condamné : Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi même !  Ils attendent un signe éclatant, qui prouverait leur folie et leur aveuglement. Ils attendent, en espérant certainement que cela ne se fasse pas. Si Jésus, parce que c’est lui le  troisième condamné, si Jésus donc avait véritablement été le Messie, ils l’auraient reconnu, à coup sûr, et ne l’auraient pas condamné. Celui-là ne peut être qu’un imposteur ! 
 
Le deuxième condamné, s’il a suivi son compère tout au long de sa vie, ne peut plus être d’accord avec lui. Il sait Jésus innocent. Il reconnaît que lui a mérité ce qui lui arrive. Il médite un peu tard sur le sens de sa vie et se tourne vers Jésus avec cette phrase surprenante : Jésus, souviens-toi de moi quand tu reviendras comme roi !  Entendez bien : quand tu reviendras, et non pas quand tu seras dans ton paradis. Il a découvert, sur le tard, que ce Jésus, qui est condamné avec eux, est bien le Roi des Juifs, celui que l’espérance d’Israël leur faisait attendre. Et devant ce Roi couronné d’épine et cloué en croix, il reconnaît le vide de sa vie, espérant le pardon que les hommes lui ont refusé. Il ne crane pas comme l’autre condamné ; il ne hurle pas avec la foule. Il regarde sa vie et se reconnaît misérable. Sans doute est-ce dans cette attitude qu’il faut trouver le qualificatif de « bon » que la tradition attribue à ce larron. Il devient bon au seuil de sa mort. Trop tard, me direz-vous ! Je ne crois pas. En relisant les Ecritures, ne trouvons-nous pas, dans les prophètes, cette affirmation : Quand le méchant se détourne de la méchanceté qu’il avait commise et qu’il accomplit droit et justice, il obtiendra la vie (Ez 18, 27) ? C’est bien ce qui advient à ce malfaiteur. Il a rencontré en Jésus, son Sauveur ; il le confesse comme tel. Jésus peut désormais l’assurer qu’aujourd’hui même, il sera avec lui. Ce faisant, Jésus révèle sa puissance et sa royauté. Il est celui qui combat le mal, il est celui qui fait vivre, il est celui qui relève et protège le pauvre. Il est roi pour celles et ceux qui laissent sa Parole d’amour et de pardon gouverner leur vie. Il est roi pour celles et ceux qui reconnaissent que Jésus est mort sur la croix, librement, pour définitivement vaincre la mort et le péché. Il est roi pour celles et ceux qui reconnaissent que Jésus peut encore quelque chose pour eux, malgré ce qu’ils ont pu dire, faire ou vivre dans le passé. Il est roi pour celles et ceux qui pensent qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, ou pour faire mieux. Il est roi pour celles et ceux qui se reconnaissent assez humbles pour n’être pas leur propre roi et laisser leur vie entre les mains de ce condamné. Il est roi parce qu’il aime jusqu’à ce moment crucial où tout semble perdu. Il est roi parce que, même là, sur la croix, il ne veut que le bonheur et la vie des hommes. 
 
En assurant le deuxième condamné de sa présence, dès ce jour, aux côtés de lui, Jésus nous fait entrevoir notre propre destin. Comme ce malfaiteur, nous sommes appelés à vivre avec Dieu. Comme pour ce malfaiteur, il n’est jamais trop tard pour nous mettre à l’école du Christ et changer de vie. Puissions-nous, dès aujourd’hui et tous les dimanches à venir, nous tourner avec foi vers le Crucifié, le Roi de notre vie, et reconnaître en lui celui qui vient nous sauver. Alors nous aussi, dès aujourd’hui, nous serons avec lui dans le Royaume. Amen.

vendredi 15 novembre 2013

33ème dimanche ordinaire C - 17 novembre 2013

Croire, malgré tout !




Nous n’aimons pas en général parler de la mort ou des catastrophes qui peuvent survenir dans une vie humaine. Nous n’aimons pas davantage parler de la fin des temps et du jugement dernier. Pour certains, cela rappelle de mauvais souvenirs, et cela déforme surtout l’image du gentil petit Jésus, né dans la crèche, parlant d’amour et de pardon, mort pour nous sauver justement de ce que la vie a de plus sombre et de plus triste. Alors pourquoi encore lire ces passages de l’Ecriture qui ne parle que de désastre, de compte à rendre, de souffrance. N’y a-t-il pas plus urgent ? En ces temps de crise et de violence, ne peut-on pas, au moins à l’église, parler de choses plus joyeuses ? Deux raisons de lire encore ces textes difficiles et sombres militent en faveur du choix fait par les liturgistes et par l’Eglise. 
 
Première raison : nous ne vivons pas dans un monde parfait. La souffrance, le malheur, les catastrophes et les guerres font partie de notre vie. Les événements en Syrie, en divers pays d’Afrique, en Asie, nous le démontrent avec force et cruauté. Il nous est rappelé que tout peut finir à l’instant, à cause de la folie d’un seul. Il nous est jeté à la figure la faiblesse et la fragilité d’une vie, de notre vie. Il n’y a qu’à lire les journaux pour s’en convaincre. 
 
La religion ou la foi, selon l’angle par lequel on aborde la question, ne nous font pas sortir de ce monde d’humanité. La foi ne nous préserve pas de ce qui touche l’homme au plus profond de lui. La foi ne nous protège pas du mal et de la souffrance. La foi n’a jamais empêché quelqu’un de faire du mal. Cela plaît ou non, mais c’est la réalité ! Parce que la foi, loin de nous isoler sur un nuage de tendresse et  de bonheur, nous renvoie d’abord à ce qui fait une vie d’homme. La foi nous oblige à regarder ce monde dans lequel nous vivons, et à le regarder bien en face, sans complaisance, sans angélisme. 
 
Si nous croyons au Christ sauveur, alors nous croyons aussi qu’il a passé par cette vie humaine, avec tout ce qu’elle comporte de beau, mais aussi avec tout ce qu’elle peut avoir de pire. Il a subi l’injustice, il a subi la mort programmée, au nom du Dieu des hommes qui l’ont condamné ! Par sa passion, par sa mort en croix, il a donné sens à tous ces non-sens que sont la violence, la haine, la destruction. Il leur a donné sens en rappelant qu’ils n’étaient pas un passage obligé, que le monde pouvait changer, pouvait devenir meilleur, si le monde, (c’est à dire nous), le voulait. Il est allé jusqu’à la croix pour nous montrer le chemin d’une autre humanité que celle de la vengeance et de la haine. Il est allé jusqu’à la croix pour prouver aux hommes la force de l’amour vécu jusqu’au don de la vie. Grâce au Christ, il y a toujours un espoir pour le monde ; grâce au Christ, même l’homme le plus méchant, le plus abject, sait qu’il peut changer, se transformer, s’il se laisse toucher par la parole du Christ et sa puissance d’amour.  Grâce au Christ, celui qui est pris dans les turbulences de l’histoire et de la haine, peut trouver un chemin d’espérance et de salut. Grâce au Christ, même la souffrance et la mort ne peuvent plus détruire une vie. 
 
La deuxième raison de lire encore les textes que nous avons entendu réside justement dans cela que le Christ nous accompagne dans nos vies, si bouleversées, si catastrophiques soient-elles ! Jésus n’annonce pas les catastrophes pour dérouter les hommes, mais pour leur rappeler qu’il est toujours présent à la vie humaine, même quand les événements semblent affirmer le contraire. Il nous redit que pas un cheveu de notre tête ne sera perdu. Il nous invite encore et toujours à l’espérance et à la foi. 
 
Pour difficile qu’il soit à entendre et à comprendre, le message est clair : au plus profond de la nuit des hommes, Dieu est encore présent. Cela signifie que Dieu souffre avec nous sur nos lits d’hôpitaux ; Dieu meurt avec nous dans nos  conflits sans fin ; Dieu est assassiné avec ceux qui meurent par la folie des hommes. Dieu vit jusqu’à l’extrême nos vies d’hommes et de femmes pour mieux nous entraîner dans son Royaume et nous faire vivre avec lui. Il n’est pas celui qui vient quand tout est fini ; il n’est pas non plus le magicien qui nous préserve du mal. Il ne change pas notre vie pour la rendre meilleure parce qu’il s’est pris au piège de notre liberté, liberté qu’il nous a lui-même offerte. Mais il est celui qui sans cesse marche avec nous, nous soutient sur nos routes de souffrance et nous invite à changer. Il est celui qui se tient sur le bord de nos chemins, nous rappelant son amour. Il est celui qui peut nous rendre espérance et force au milieu des difficultés et des faiblesses que nous connaissons. 
 
Quand avons-nous senti pour la dernière fois sa présence aimante et agissante au cœur de notre vie au point de nous laisser bouleverser par lui et changer de comportements ? Quand avons-nous accueilli sa parole pour qu’elle nous transforme ? Dieu ne peut rien sans nous ; mais il peut tout si nous lui laissons la place et les moyens pour agir. Oui, il viendra le jour de Dieu ; il se lèvera le soleil de justice. C’est une certitude. Qu’elle devienne nôtre, et nous pourrons continuer de croire, malgré tout. AMEN.
 
 
(Photo prise à Berlin, Morceau du Mur qui séparait l'Allemagne)

samedi 9 novembre 2013

32ème dimanche ordinaire C - 10 novembre 2013

Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.



En général, les paraboles, c’est Jésus qui les raconte ; et, reconnaissons-le tout de suite, nous aimons bien ses paraboles, parce qu’elles nous permettent de comprendre facilement et rapidement ce qu’il veut nous dire du mystère de Dieu. Aujourd’hui, pourtant, ce sont ses adversaires qui racontent une parabole, une petite histoire, non pas pour lui faire comprendre quelque chose, mais pour le piéger, une fois de plus. Et je l’avoue, je n’aime pas cette histoire. Trop invraisemblable ! 
 
Une femme épouse un homme et celui-ci vient à mourir, sans lui laisser de descendance. Selon la loi, elle doit épouser l’un de ses frères ! Jusque-là, ça va. Mais voilà que ce frère vient à mourir aussi. Et le suivant, et encore le suivant, jusqu’à ce que les sept frères (parce qu’ils étaient sept) l’aient tous épousée et qu’ils en soient tous morts. Qui va croire cela ? Qui va surtout croire que cela n’aura éveillé les soupçons de personne ! Sept frères qui meurent l’un après l’autre, après avoir eu surtout la même femme pour épouse ! Loi ou pas loi, ce n’est pas très clair ! C’est même très suspect ! Et la seule chose qui préoccupe nos sadducéens est de savoir qui elle aura pour mari à la résurrection ! Non mais, ils ne sont pas nets ! Au lieu de raconter des histoires à faire peur, ils feraient mieux de se pencher sur le mystère de Dieu. Jésus les y ramène très vite. 
 
Vous aurez remarqué, sans doute, qu’il ne répond pas à leur question. Comme si elle était sans intérêt. Les questionnements des hommes sont à mille lieux de la grandeur du mystère de Dieu. Ce n’est pas cela l’important, semble dire Jésus. Ce qui compte, celui qui compte, c’est Dieu. Et ce Dieu est le Dieu de la vie, le Dieu qui donne la vie. Depuis le premier homme jusqu’à aujourd’hui, c’est son seul souci ; que l’homme ait la vie. Et une vie en plénitude, une vie non marquée par la mort. D’ailleurs, nos ancêtres dans la foi nous l’enseignent bien, puisqu’on parle toujours encore du Dieu d’Abraham, du Dieu d’Isaac et du Dieu de Jacob. Si nous parlons de Dieu ainsi, c’est bien parce que ces grands pères de la foi, même s’ils ne sont plus au nombre des vivants de la terre, sont toujours vivants auprès de ce Dieu qu’ils ont servi et annoncé aux hommes. Bien avant la venue de Jésus, les hommes pouvaient comprendre que la vie avec Dieu, la vie en Dieu, était une vie marquée du sceau de l’éternité. La résurrection de Jésus ouvre cette réalité de Dieu à tout homme qui reconnaît en Jésus son Sauveur. Comment les sadducéens ont-ils faits pour ne pas comprendre cela, eux qui prétendent connaître Dieu ? 
 
Le Dieu que Jésus annonce, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob est donc le Dieu des vivants et non pas des morts. S’il en est ainsi, pourquoi s’interroger sur la mort, ou sur l’après mort ? Interrogeons-nous plutôt sur la vie, sur ce que nous pouvons faire pour la faire progresser, pour la rendre plus belle. Ce qui compte, c’est ce que je fais de cette vie que Dieu m’a donnée pour qu’elle fructifie en vie éternelle. Je ne deviens pas plus croyant en me posant des tas de questions auxquelles personne n’a de réponse. Mais je deviens assurément plus croyant en calquant ma vie sur la vie de Dieu, en accueillant en moi la vie du Christ. 
 
En 1999 était sorti un film dont le titre disait : Je règle mon pas sur le pas de mon père. Il raconte l’histoire d’un jeune homme qui apprend, à la mort de sa mère, l’identité de son père. Il cherche à savoir qui est cet homme. Le premier contact téléphonique se passant plutôt mal, il décide de l’approcher incognito ; il va découvrir qui se cache réellement derrière cet homme, en apprenant en même temps la désillusion. Quelquefois, je me dis qu’avec Dieu, nous devrions aussi aller de désillusion en désillusion ; non pas parce que Dieu nous mentirait ou qu’on nous mentirait sur Dieu, mais parce que nous nous faisons de Dieu des images fausses, des images à notre mesure, selon notre humeur ; et ces images nous empêchent de découvrir réellement qui est Dieu. Si nous apprenions la désillusion sur ce que nous croyons savoir sur Dieu, nous pourrions peut-être l’approcher en vérité, et croire, tout simplement, c’est-à-dire lui faire confiance sur parole. Il nous dit qu’il veut notre vie, et pour toujours ? Eh bien soit ; qu’importe alors le « comment » et le « quand » et le « pourquoi ». Dieu veut notre vie, cela devrait nous suffire ; et surtout nous encourager à vivre, en majuscule, une vie à la mesure de Dieu, une vie à la mesure de son amour pour nous. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas se poser de question sur la foi, sur Dieu… Il s’agit de se poser les bonnes questions, celles qui nous permettre de vivre mieux, de progresser, et non celles qui nous embrouillent l’esprit et nous ferment à la miséricorde de Dieu. Seul compte Dieu, seul compte comment je vis aujourd’hui par lui, avec lui, en lui. 
 
Partis d’une question qui se voulait sans doute très philosophique, nous voici ramenés à quelque chose de très terre à terre : notre vie aujourd’hui. Car enfin, on ne gagne pas son ciel à s’embrumer l’esprit de mille questions inutiles ; on gagne son ciel à vivre aujourd’hui, tout simplement, du mieux possible, en accord avec la Parole du Dieu des vivants que le Christ n’a cessé de proclamer. Il n’y a rien d’autre à faire qu’à vivre, en réglant notre pas sur le pas de Dieu, notre Père. Cela vous semble peu, mais c’est déjà beaucoup. Essayez donc ! Amen.
 
(Gustave DORE, Dieu crée Eve)

mercredi 6 novembre 2013

Commémoration de tous les fidèles défunts - 02 novembre 2013

Au sujet de ceux qui sont morts...





Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort. Peut-être est-ce cette affirmation qui justifie la célébration de ce jour, la commémoration de tous les fidèles défunts. Car enfin, nos chers disparus valent bien que nous leur consacrions une journée par an, ne serait-ce que pour prier pour celles et ceux qui sont tombés dans l’oubli, même au sein de leur propre famille. Laissons-nous donc guider par la liturgie pour entrer dans le sens de cette célébration.
Paul invite les croyants à ne pas être abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Il y a donc, dans la manière d’aborder la mort de nos proches, une manière chrétienne et une manière non croyante. Là où le non croyant pense que la vie s’arrête avec la mort, le croyant est invité à se référer au Christ, comme en toute chose d’ailleurs. Puisque Jésus est mort et ressuscité, notre avenir est tracé : Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Tout est dit dans ces mots : à cause de Jésus. Il est la source de notre foi, il est la source de notre espérance. Le parcours effectué par le Christ devient le parcours proposé à chaque croyant. D’où la demande de l’oraison de cette messe : fais grandir notre foi en ton Fils qui est ressuscité des morts, pour que soit plus vive aussi notre espérance en la résurrection de tous nos frères défunts. Nous n’avons pas de doute à avoir : nous sommes faits pour vivre, pour vivre avec Dieu, en Dieu et pour Dieu ; nous sommes faits pour vivre pour toute éternité. Nous serons pour toujours avec le Seigneur, assure Paul aux chrétiens de Thessalonique. Cette certitude doit nous habiter toujours.
Saint Jean, dans l’Evangile, nous donne alors la raison profonde de ce merveilleux avenir qui est le nôtre : l’amour que Dieu nous porte de toute éternité. Si c’est bien Jésus et son sacrifice qui nous valent le salut, c’est l’amour de Dieu pour nous qui est à l’origine de tout ; c’est l’amour de Dieu pour nous qui donne sens au sacrifice du Christ. Sans cet amour de Dieu pour l’homme, pas de mission divine ; sans mission divine, la mort de Jésus n’est qu’une mort injuste de plus. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Tout est une question d’amour. Dieu nous aime ; il veut notre salut. Comme l’homme semble s’en montrer incapable, il envoie son Fils ; ce Fils aime infiniment son Père et par amour, va aller au bout de sa mission, même si cette mission est folle à vue humaine. Par amour, Jésus marche vers sa mort ; par amour, Dieu lui rend la vie ; par amour, le salut est offert à celles et à ceux qui croient en Jésus. L’amour, toujours l’amour : avec Dieu, nous n’en sortirons jamais.
C’est par amour pour nos fidèles défunts que nous sommes invités à offrir cette eucharistie. C’est par amour que nous sommes invités à offrir pour eux, de temps en temps, un sacrifice d’action de grâce. Eux qui ont été aimés infiniment par Dieu, n’ont peut-être pas toujours répondu à cet amour. L’amour qui les unit à nous, vivants de la terre, peut les aider, par la célébration du sacrifice du Christ, à purifier en eux ce qui les retient encore éloignés de Dieu, afin que le Seigneur ouvre à nos frères défunts, sa maison de lumière et de paix, comme nous le demanderons après la communion dans une dernière prière. Ce n’est pas ringard de prier pour nos défunts ; ce n’est pas « tradi » d’offrir une messe pour ceux qui nous quittés. C’est faire preuve d’amour envers eux, car nous espérons bien les revoir quand Dieu nous appellera à notre tour dans son Royaume. Nous nous faisons ainsi l’écho de l’amour de Dieu pour eux, et nous intercédons en leur faveur. Peut-on faire plus grand acte d’amour que de demander que celui qu’on aime soit sauvé pour toute éternité ? Peut-on poser plus grand acte d’amour que celui qui consiste à veiller dans la prière sur ceux qui se sont endormis dans la mort ? Ils n’ont plus que nos mots et notre amour pour eux pour demander à Dieu de les prendre avec lui. En Alsace, nous en avons un bel exemple dans la vie de Sainte Odile, notre patronne, elle qui a supplié Dieu, dans les larmes, pour son père.
Aujourd’hui, ne soyons donc pas abattus : nous avons une espérance. Et si cette messe permet à nos défunts de se rapprocher encore de Dieu, qu’elle nous soit une aide pour grandir dans l’espérance de notre salut, et dans la foi en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, qui sans cesse nous sauve et nous offre sa vie, par amour. Amen.
 
(Photo prise à Québec, dans un jardin public)

Avec mes plus plates excuses....

Bonjour,

suite à mon déménagement qui a eu lieu la semaine passée, et à quelques difficultés liées à mon fournisseur d'accès, le blog a connu un temps de silence certain. Tout semble enfin rentré dans l'ordre. Je vais reprendre la publication de mes homélies dès cette semaine, et vous mets en ligne avec un peu de retard l'homélie donnée pour la commémoration de tous les fidèles défunts.