Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans
l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort. Peut-être est-ce
cette affirmation qui justifie la célébration de ce jour, la commémoration de
tous les fidèles défunts. Car enfin, nos chers disparus valent bien que nous
leur consacrions une journée par an, ne serait-ce que pour prier pour celles et
ceux qui sont tombés dans l’oubli, même au sein de leur propre famille.
Laissons-nous donc guider par la liturgie pour entrer dans le sens de cette
célébration.
Paul invite les
croyants à ne pas être abattus comme les
autres, qui n’ont pas d’espérance. Il y a donc, dans la manière d’aborder
la mort de nos proches, une manière chrétienne et une manière non croyante. Là
où le non croyant pense que la vie s’arrête avec la mort, le croyant est invité
à se référer au Christ, comme en toute chose d’ailleurs. Puisque Jésus est mort
et ressuscité, notre avenir est tracé : Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le
croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec
son Fils. Tout est dit dans ces mots : à cause de Jésus. Il est la source de notre foi, il est la source
de notre espérance. Le parcours effectué par le Christ devient le parcours
proposé à chaque croyant. D’où la demande de l’oraison de cette messe : fais grandir notre foi en ton Fils qui est
ressuscité des morts, pour que soit plus vive aussi notre espérance en la
résurrection de tous nos frères défunts. Nous n’avons pas de doute à
avoir : nous sommes faits pour vivre, pour vivre avec Dieu, en Dieu et
pour Dieu ; nous sommes faits pour vivre pour toute éternité. Nous serons pour toujours avec le Seigneur, assure
Paul aux chrétiens de Thessalonique. Cette certitude doit nous habiter
toujours.
Saint Jean, dans
l’Evangile, nous donne alors la raison profonde de ce merveilleux avenir qui
est le nôtre : l’amour que Dieu nous porte de toute éternité. Si c’est
bien Jésus et son sacrifice qui nous valent le salut, c’est l’amour de Dieu
pour nous qui est à l’origine de tout ; c’est l’amour de Dieu pour nous
qui donne sens au sacrifice du Christ. Sans cet amour de Dieu pour l’homme, pas
de mission divine ; sans mission divine, la mort de Jésus n’est qu’une
mort injuste de plus. Dieu a tant aimé le
monde qu’il a donné son Fils unique… Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non
pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Tout
est une question d’amour. Dieu nous aime ; il veut notre salut. Comme
l’homme semble s’en montrer incapable, il envoie son Fils ; ce Fils aime
infiniment son Père et par amour, va aller au bout de sa mission, même si cette
mission est folle à vue humaine. Par amour, Jésus marche vers sa mort ;
par amour, Dieu lui rend la vie ; par amour, le salut est offert à celles
et à ceux qui croient en Jésus. L’amour, toujours l’amour : avec Dieu,
nous n’en sortirons jamais.
C’est par amour
pour nos fidèles défunts que nous sommes invités à offrir cette eucharistie.
C’est par amour que nous sommes invités à offrir pour eux, de temps en temps,
un sacrifice d’action de grâce. Eux qui ont été aimés infiniment par Dieu,
n’ont peut-être pas toujours répondu à cet amour. L’amour qui les unit à nous,
vivants de la terre, peut les aider, par la célébration du sacrifice du Christ,
à purifier en eux ce qui les retient encore éloignés de Dieu, afin que le Seigneur ouvre à nos frères défunts, sa
maison de lumière et de paix, comme nous le demanderons après la communion
dans une dernière prière. Ce n’est pas ringard de prier pour nos défunts ;
ce n’est pas « tradi » d’offrir une messe pour ceux qui nous quittés.
C’est faire preuve d’amour envers eux, car nous espérons bien les revoir quand
Dieu nous appellera à notre tour dans son Royaume. Nous nous faisons ainsi
l’écho de l’amour de Dieu pour eux, et nous intercédons en leur faveur. Peut-on
faire plus grand acte d’amour que de demander que celui qu’on aime soit sauvé
pour toute éternité ? Peut-on poser plus grand acte d’amour que celui qui
consiste à veiller dans la prière sur ceux
qui se sont endormis dans la mort ? Ils n’ont plus que nos mots et
notre amour pour eux pour demander à Dieu de les prendre avec lui. En Alsace,
nous en avons un bel exemple dans la vie de Sainte Odile, notre patronne, elle
qui a supplié Dieu, dans les larmes, pour son père.
Aujourd’hui, ne
soyons donc pas abattus : nous avons une espérance. Et si cette messe
permet à nos défunts de se rapprocher encore de Dieu, qu’elle nous soit une
aide pour grandir dans l’espérance de notre salut, et dans la foi en Dieu,
Père, Fils et Esprit Saint, qui sans cesse nous sauve et nous offre sa vie, par amour.
Amen.
(Photo prise à Québec, dans un jardin public)
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