Que
fêtons-nous au juste en cette fête de la Présentation de Jésus au Temple ?
Le souvenir d’un rite prévu par la Loi juive qu’il fallait accomplir absolument
pour marquer la fidélité de Marie et Joseph à leur foi ? Pourquoi, dans
notre liturgie, revenir en arrière, à l’époque où Jésus était petit enfant,
alors que depuis deux semaines, nous sommes invités à découvrir Jésus adulte et
son enseignement ?
Une
première réponse est effectivement de dire que Marie et Joseph, en fidèles de
la Loi de Moïse, accomplissent les rites prévus par la Loi. Ce faisant, ils
inscrivent bien Jésus dans ce peuple que Dieu s’est choisi. Par la
circoncision, le huitième jour après la naissance, Jésus est accueilli formellement dans la communauté des promesses
héritées d’Abraham ; à présent, il appartient aussi juridiquement au
peuple d’Israël (Benoît XVI, L’enfance
de Jésus). Par la présentation au Temple de leur premier-né, Marie et
Joseph le consacrent au Seigneur Dieu,
selon ce qui est écrit dans la Loi (cf. Ex 13, 2 ; 13,12-15). Personne ne
pourra douter que Jésus est bien un membre du peuple élu. Tout ce qui devait
être fait l’a été. Dès avant sa naissance, ses parents se sont conformés au
projet de Dieu pour eux et pour cet enfant. Il n’était pas question de faire
autrement après sa naissance.
Une
deuxième réponse pour savoir mieux ce que nous célébrons, serait de dire que nous célébrons le jour où Jésus
rentre chez lui, rentre chez son Père. Sa présentation au Temple correspond à sa remise à Dieu dans le Temple, totalement
donné en propriété à Lui (Benoît XVI, L’enfance
de Jésus). Jésus est offert publiquement à Dieu dans le Temple, annonçant
déjà son offrande à Dieu au terme de sa vie pour racheter l’humanité
pécheresse. En s’offrant ainsi à son Père, il s’offre aussi à son peuple, ce
peuple que Dieu s’est choisi, et par-delà à tous les hommes. N’est-ce pas ce
que la rencontre avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne semble
suggérer ? En proclamant l’enfant gloire
de son peuple et lumière des nations, Siméon dresse le portrait de ce que
sera cet enfant quand viendra pour lui le temps d’accomplir la mission pour
laquelle Dieu l’a envoyé.
Nous
en arrivons ainsi à un troisième motif de célébrer cette présentation au
Temple. En se soumettant à la Loi, en rentrant ainsi chez son Père, Jésus
rencontre aussi le peuple pour le salut duquel il est entré dans le monde. Si
le Temple est le lieu où Dieu réside, il est aussi le lieu où Dieu rencontre
son peuple. En étant présenté au Temple, donné
en propriété à Dieu, Jésus est établi dans le lieu de la rencontre entre
les hommes et Dieu. Où pourrait-il demeurer autrement que là, lui qui est, dans
sa propre chair, vrai Dieu et vrai homme ? Ce que Siméon dit de l’enfant
et de son avenir (il est la gloire
d’Israël son peuple et la lumière des nations) le désigne comme le
serviteur de YHWH, celui dont Isaïe disait qu’il ouvrirait un nouvel avenir.
Aux hommes qui marchaient dans les
ténèbres est donné le signe d’un enfant, né pour attirer à lui la terre
entière. Devant cette gloire, devant cette lumière, Siméon peut désormais
s’effacer : il attendait la Consolation d’Israël ; il tient en
ses mains celui qui l’accomplira sur la croix. Il reconnaît que Jésus est bien
celui qui est investi de la puissance divine et qui accomplira toutes les
promesses de Dieu formulées par les prophètes. Quand Jésus rentre chez son
Père, c’est un nouveau monde qui commence ; l’homme a désormais un avenir
puisqu’il a en Jésus un Sauveur. L’homme n’a plus à chercher Dieu puisque Dieu
marche sur sa route. Plus de crainte à
avoir. Seule doit rester la confiance en cet enfant, porteur d’avenir, porteur
de lumière, porteur de vie pour son peuple et pour tous les peuples qui
marcheront à sa rencontre. La prophétesse Anne se charge de propager cette
confiance en parlant de l’enfant à tous
ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. L’espérance des hommes
n’était pas vaine, leur foi en Dieu qui sauve en est renouvelée.
La
liturgie a bien fait de nous faire revenir au Jésus enfant, quarante jours
après avoir célébré sa naissance. Elle nous permet de comprendre mieux encore
et le sens de cette naissance et le sens de la mission de Jésus dont nous
sommes les témoins depuis quinze jours. Laissons-nous éclairer par cette
lumière nouvelle, suivons-là, et nous pourrons, nous aussi, avec une âme purifiée, nous présenter
devant Dieu (oraison de la messe). Amen.