Comme nous l’avons
fait au cours de la nuit pascale, nous avons relu, en cette veille de la
Pentecôte, l’histoire du salut, l’histoire des alliances sans cesse répétées
entre Dieu et les hommes. Si au début du temps pascal, toutes les lectures nous
tournent vers la figure du Christ Sauveur, en cette nuit, nous venons
d’entendre comment Dieu, lentement mais sûrement, par la puissance de son
Esprit Saint, tourne le cœur des hommes vers lui.
La première
lecture entendue (l’histoire de Babel) a de quoi surprendre le lecteur non
averti. En effet, il semble que tout va bien. Pour une des rares fois dans
l’histoire de l’humanité, les hommes s’entendent ; ils parlent tous la
même langue. N’est-ce pas le rêve ? Pourtant, que lisons-nous ? Que
Dieu lui-même vient semer le trouble. Pour le lecteur trop hâtif, Dieu
ressemble à un enfant gâté qui vient semer la discorde pour se préserver. Or
c’est tout le contraire qu’il faut comprendre. L’intervention de Dieu, qui
vient rétablir la diversité des langues qui existaient après l’alliance avec
Noé, pose un acte sauveur. Il sauve l’humanité de la folie de la tyrannie.
Parler une seule langue, marcher au même pas, n’avoir qu’une seule
pensée : voilà bien les leviers du pouvoir tyrannique. De plus, avec la
construction de cette tour qui devait monter jusqu’au ciel, les hommes sont
repris par ce désir, toujours mal maîtrisé, d’être leur propre Dieu : une tour dont le sommet soit dans les cieux,
n’est pas faite pour rencontrer Dieu, mais pour prendre sa place ! L’homme
veut construire sa gloire et sa renommée contre Dieu. En attendant de donner
une réponse définitive au désordre de Babel, Dieu disperse les hommes. Sa
réponse définitive sera donnée au jour de Pentecôte, comme nous l’entendrons
demain matin : dans la nouvelle alliance, les hommes n’auront pas une
seule langue, mais chacun, dans sa langue,
entendra les merveilles de Dieu.
Dispersant les
hommes à la surface de la terre, mettant la confusion dans leur langage, Dieu
va devoir se choisir un peuple particulier, un peuple qu’il établira lumière pour les nations. Un peuple
grâce auquel il montrera aux autres les avantages de l’alliance qu’il propose à
tous. C’est le temps de Moïse, le temps du don de la Loi qui permet à un groupe
particulier de devenir le peuple de Dieu : Tout ce qu’a dit le Seigneur, nous le ferons ! Belle promesse,
maintes fois oubliée, maintes fois bafouée. Seule la patience de Dieu pourra
vaincre les réticences de l’homme ; seule l’amitié vraie entre Dieu et
Moïse sera signe de cette alliance possible, de cette vie plus grande possible.
Quand le péché
domine le cœur de l’homme, Dieu se fait lointain ; non pas qu’il abandonne
l’homme, mais parce que l’homme s’éloigne de Dieu. La patience de Dieu est mise
à rude épreuve. Et pourtant, par ses prophètes, il annonce le retour en grâce,
il annonce ce jour où les hommes reviendront à la vie véritable. Par l’Esprit,
les ossements desséchés revivent. Dieu le promet : Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ! La nouvelle
alliance se précise. Les promesses de Dieu ne sont pas des paroles en l’air. La
Pentecôte sera la réalisation parfaite de cet oracle du prophète Ezéchiel. Par
l’Esprit Saint, Dieu nous fait revivre ; par l’Esprit Saint, Dieu nous
fait revenir à lui. Par l’Esprit Saint qui nous fait invoquer le nom du Seigneur, Dieu nous sauve. Le prophète Joël nous
l’a redit dans cet autre oracle : Je
répandrai mon esprit sur toute créature… Alors, tous ceux qui invoqueront le
Nom du Seigneur seront sauvés.
Cette promesse,
renouvelée de prophète en prophète, Jésus la reprend à son compte : il va
la mener à son achèvement. L’Esprit Saint sera donné quand le Christ sera glorifié par le Père. Pâques et Pentecôte sont
irrémédiablement liées. Sur la croix, le Christ remet son esprit au Père ;
il meurt et retourne chez son Père. C’est cet Esprit qui est donné, partagé aux
disciples, après sa résurrection, au soir de Pâques dans l’Evangile de Jean.
C’est cet Esprit qui est donné à tous au jour de la Pentecôte dans les Actes
des Apôtres. C’est cet Esprit dont nous vivons encore aujourd’hui ; c’est
cet Esprit qui nous entraîne sur les chemins du salut, à la suite du Christ
ressuscité.
Ayant lui-même
été saisi par l’Esprit du Ressuscité, Paul peut témoigner de l’œuvre de
l’Esprit en nous : il vient au
secours de notre faiblesse… il intervient pour nous… Et Dieu, qui voit le fond
des cœurs, connaît les intentions de l’Esprit : il sait qu’en intervenant
pour les fidèles, l’Esprit veut ce que Dieu veut. Si c’est bien le Christ
qui nous obtient le salut par son sacrifice sur la croix, c’est l’Esprit qui
nous permet de comprendre cette œuvre de salut en vérité et qui nous permet d’y
consentir pour notre propre vie. Nous pouvons répondre à cette Alliance
nouvelle que Dieu nous propose dans le sang de son Fils grâce à l’Esprit qui
nous donne l’intelligence de cette œuvre de salut. Avec le Christ, Dieu nous a
tout donné puisqu’il s’est donné lui-même ; avec l’Esprit, il nous donne
la possibilité de faire le choix de Dieu, le choix de la fidélité à cette œuvre
de salut. Dans l’Esprit, l’homme peut répondre à Dieu et consentir à l’Alliance
nouvelle.
Demander
l’Esprit Saint et l’accueillir, ce n’est pas demander et accueillir un truc en
plus : c’est consentir à l’œuvre de Dieu en nous, c’est consentir à être
sauvé par le Christ. Demandons à Dieu, sans nous lasser, la grâce de son Esprit
Saint, pour qu’il agisse en nous et nous sauve. Amen.
(Logo du pèlerinage international des servants d'autel à Rome en 2006)
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