Coincé
entre l’Ascension et la Pentecôte, ce septième dimanche de Pâques peut nous
sembler de moindre importance. Il fait le lien entre le départ du Christ et le
don de l’Esprit Saint. Pourtant, nous aurions tort de le prendre pour un petit
dimanche, existant seulement pour satisfaire une règle mathématique
élémentaire : des 40 jours après Pâques marquant l’Ascension aux 50 jours
après Pâques de la Pentecôte, il y a dix jours, et donc forcément un dimanche.
Ce dimanche nous est donné pour entrer dans la prière de Jésus, pour faire
nôtre sa prière au soir de sa mort.
N’est-ce
pas là l’attitude des disciples après que Jésus fut enlevé au ciel ? Ils
rentrent à Jérusalem, se retrouvent à la maison, et d’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière, avec
quelques femmes, dont Marie… Sans doute est-ce la seule chose qui est
nécessaire à ce moment-là ! N’ont-ils pas reçu de Jésus une mission
lorsqu’il s’est élevé dans sa gloire ? Celle de faire de tous les hommes
des disciples ? Nous pouvons comprendre que ces hommes et ces femmes
réunis dans l’attente de l’Esprit Saint, qui sera leur force pour cette mission,
n’aient trouvé rien de plus important à faire que de prier, c’est-à-dire se
relier à ce ciel vers lequel Jésus est monté. En se mettant en prière, en
attendant la venue de l’Esprit Saint, ils manifestent leur désir d’être là où
est Jésus, d’être avec Jésus, toujours. N’est-ce pas ce que la liturgie de ce
dimanche nous invite à faire aussi dès l’ouverture de la célébration ?
Notre première prière en ce dimanche commençait par ces mots : Entends notre prière, Seigneur !
Avant de nous lancer dans une quelconque mission d’Eglise, ce devrait être là
notre attitude fondamentale : nous relier au ciel, entrer en relation avec
lui pour que le Christ soit avec nous, comme
il nous l’a promis. Ce que nous réaliserons sera alors vraiment mission
d’Eglise et non activisme débordant.
La
prière, n’est-ce pas ce que recommande Pierre, dans sa première lettre au
chrétien persécuté à cause de sa foi ? Si
c’est comme chrétien [qu’on le fait souffrir], qu’il n’ait pas de honte et qu’il rende gloire à Dieu à cause de ce nom
de chrétien. Rendre gloire à Dieu est bien un des buts de la prière. Ce nom
de chrétien, que nous devons porter avec fierté, est LE nom qui nous relie au
Christ. Ce nom, dans les Actes des Apôtres, n’est pas choisi par les
disciples ; il leur est donné par ceux qui ne le sont pas pour les
distinguer des autres, pour manifester leur appartenance au Christ, dont les
croyants disent à tous qu’il est mort et ressuscité. Ce nom dit notre
foi ; ce nom dit la reconnaissance que les non-chrétiens ont de ce que nous
sommes en vérité : nous appartenons au Christ et nous portons ainsi son
propre nom. Nous sommes identifiés à lui ; nous sommes « Lui »
par le baptême ; nous devons en rendre gloire à Dieu ; nous devons
lui dire notre reconnaissance.
Jésus,
dans sa prière que nous avons entendu dans l’Evangile, vient nous redire
pourquoi nous devons rendre gloire à Dieu pour ce nom. Ce nom d’abord nous
obtient la vie éternelle puisqu’il est porté par ceux et celles qui ont été donnés par le Père au Christ. La vie éternelle, c’est de te connaître,
toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus
Christ. Mais Jésus va plus loin dans son enseignement sur ce que doit ou
peut être notre prière. La prière de Jésus dans laquelle nous devons entrer est
cette prière qui nous fait souvenir que nous sommes au Christ, et donc que nous
sommes à Dieu comme le Christ est à Dieu. Sa prière pour nous montre son désir
de nous voir fidèles à ce qu’il est, fidèles à sa mission, fidèles à sa Parole.
Entrer dans la prière du Christ, c’est demander à Dieu pour nous, cette même
fidélité dans un monde qui ne nous y encourage pas. Notre salut vient de ce que
le nom de Jésus a été prononcé sur nous ; notre salut sera toujours dans
notre fidélité à ce nom.
En
attendant que souffle sur nous le grand vent de l’Esprit qui nous communiquera
la force du Christ, restons dans cette prière de Jésus ; ce qu’il demande
pour lui (que le Père le glorifie),
nous pouvons le demander pour nous. La prière liturgique de ce dimanche
n’hésite pas d’ailleurs. Dans la prière sur les offrandes, nous demanderons que
cette liturgie, célébrée avec amour, nous
fasse passer à la gloire du ciel. Et après la communion, nous insisterons
encore davantage en priant Dieu ainsi : que notre communion au mystère du salut nous confirme dans cette
assurance que tu glorifieras tout le corps de l’Eglise comme tu as glorifié son
chef, Jésus Christ. Notre prière rejoint bien la prière du Christ avant sa
mort, et sa promesse que nous serons là où il sera, pour toujours unis à lui,
en lui, par lui.
Ce
dimanche n’est donc pas un petit dimanche. Il n’existe pas de petit dimanche
d’ailleurs. Il n’existe que des dimanches vécus petitement s’ils ne sont pas
vécus en communion avec Jésus, dans une reprise inlassable de sa prière pour
ses disciples. N’ayons pas honte de ce que nous sommes ; n’ayons pas honte
de ce qui nous est demandé en ce premier jour de la semaine. Et toujours nous
resterons fidèles à la prière commune, comme les premiers disciples, attendant
que l’Esprit Saint nous renouvelle pour la mission. Amen.
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