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vendredi 1 août 2014

18ème dimanche ordinaire A - 03 août 2014

Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu !



Toute vie connaît un jour ou l’autre l’épreuve. Toute vie de foi connaît un jour ou l’autre la nuit du doute. Que voulez-vous ? Ces expériences sont inhérentes à notre existence. Ce qui fera la différence entre les personnes qui connaissent ces expériences, c’est la manière qu’elles auront de les affronter. Je ne veux pas ce matin passer en revue ces différentes manières, mais m’attarder sur l’enseignement de Paul. Cet enseignement n’est pas philosophique, mais il s’appuie sur des réalités qu’il a vécues. Mais laissons-lui la parole. 
 
Souvent j’ai été à la mort. Cinq fois j’ai reçu des Juifs les 39 coups de fouet ; trois fois j’ai été battu de verges ; une fois lapidé ; trois fois j’ai fait naufrage. Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abime ! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux-frères ! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité ! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises ! (2 Co 11, 23-28) Voilà sur quoi s’appuie son enseignement pour celui qui affronte l’épreuve. Une vie faite d’épreuves qu’il n’a pas recherchées, mais qui se sont imposées à lui à cause du choix initial du Christ qu’il avait fait après sa conversion. Nous comprenons alors que la question qu’il pose au début de notre deuxième lecture, il l’a lui-même affronté dans son existence. Les épreuves qu’il nomme (détresse, angoisse, persécution, faim, dénuement, danger, supplice), il les a lui-même subies. Il est donc plus que qualifié pour nous en parler. Paul a une légitimité à aborder cette question que nul ne peut lui contester. Et pour résoudre cette question, il pose un acte de foi en deux points. 
 
D’abord, le croyant doit garder au cœur que Dieu l’aime, et qu’il l’aime infiniment ! Quelle que soit l’épreuve, rien ne pourra nous séparer de l’amour du Dieu vivant. Cela est plus vite dit, ou écrit, que fait dans la réalité. Notre première réaction quand nous abordons l’épreuve n’est-elle pas de nous interroger : Qu’est-ce que j’ai bien pu faire au bon Dieu pour mériter cela ? Poser la question, c’est déjà oublier que je suis aimé de Dieu. Poser la question, c’est déjà remettre en  cause l’amour de Dieu pour nous, puisque nous posons avec cette question le postulat que Dieu pourrait nous punir, alors qu’il est amour. Paul rejoint ainsi saint Jean qui nous a appris que le nom de Dieu, c’est Amour : Dieu est amour. Croire que Dieu est amour, c’est croire qu’il n’est en aucun cas à la source de nos difficultés, de nos épreuves, mais qu’au contraire, il les porte avec nous, il le vit avec nous. Comment, autrement, en être vainqueur ? C’est le poète Ademar de Borros qui rapportait cette histoire : Un jour, je regardais ma vie. Elle se déroulait sous mes yeux comme des traces dans le sable. En regardant de près, je voyais deux traces de pas, côte à côte : les miennes et celle de Dieu. De temps en temps, il n’y avait plus qu’une trace, plus profonde, plus marquée dans le sable que les autres. En y réfléchissant, je me rendis compte que ces traces-là, les plus profondes, correspondaient aux jours difficiles de ma vie. Je demandais alors à Dieu pourquoi il n’était plus là, à côté de moi. Et il me répondit : mon fils, les jours où tu ne vois qu’une trace, profonde, correspondent bien à tes jours d’épreuves. Mais s’il n’y a qu’une trace, ce n’est pas parce que j’étais absent, mais parce que je te portais sur mes épaules. Dieu nous aime jusqu’à prendre sur lui nos souffrances, nos épreuves pour nous les faire traverser. 
 
Ceci nous amène au deuxième point de l’acte de foi de Paul : nos épreuves ne sont rien face à l’amour que Dieu nous manifeste en Jésus Christ. Lorsque le Christ affronte la croix, il le fait pour nous, pour notre salut. Jésus est Christ et Seigneur parce qu’il s’est montré plus fort que la mort, le mal et le péché. Sur la croix, il prend par avance sur lui toutes nos difficultés, toutes nos épreuves. Et c’est en lui que nous sommes déjà vainqueurs de tous nos maux. Face à l’épreuve nous n’avons rien à craindre. Dieu peut certes permettre que nous soyons soumis au Mal, mais il ne permettra jamais que le Mal l’emporte, son Fils étant vainqueur du Mal. Nous traversons nos épreuves, forts de l’amour de Dieu, forts de la victoire définitive du Christ. Lorsque Paul écrit aux Corinthiens que sans l’amour, je ne suis rien, nous comprenons spontanément que tout ce que nous faisons sans amour est comme sans valeur. C’est l’amour qui donne du prix à nos actes. Mais nous pouvons comprendre aussi que sans l’amour de Dieu, nous ne sommes rien. Ou, pour reprendre une image propre à saint  Jean : sans l’amour, nous sommes comme morts, parce que coupés de Dieu, source de toute vie, source de l’amour. 
 
Je peux comprendre que les paroles de Paul peuvent sembler quelque peu difficiles à entendre pour celui qui affronte l’épreuve.  Pourtant, n’a-t-il pas raison de nous rappeler que notre secours est dans le nom du Seigneur ? Nous inviter à la foi justement parce que nous affrontons l’épreuve, c’est nous rappeler que nous ne sommes pas seuls, que Dieu combat pour nous, avec certitude. Osons invoquer le nom du Seigneur quand nous sommes dans l’épreuve pour qu’il puisse nous prendre sous son aile, pour qu’il nous associe à la victoire de son Fils. Et nous serons sauvés, vainqueurs à notre tour de ce qui aurait pu nous éloigner de lui. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, RIEN ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Amen.

 (Photo prise à Sarlat, Chapelle saint Benoît)

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