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samedi 4 octobre 2014

27ème dimanche ordinaire A - 05 octobre 2014

Une parabole pour notre conversion.



A quoi sert la Parole de Dieu ? Sert-elle à exclure ou à inviter ? Sert-elle à mettre à mort comme on a pu le voir récemment sous d’autres cieux ou sert-elle à faire vivre ? En écoutant le prophète et l’évangéliste, la question de l’usage que nous faisons de la Parole mérite d’être posée. 
 
Les auditeurs de Jésus n’ont pas eu besoin de grande explication de cette parabole des ouvriers homicides. Ils connaissent le passage du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture. Ils savent le sens du chant du bien-aimé à sa vigne ; ils comprennent bien que c’est Dieu qui est le propriétaire de la vigne, que la vigne, c’est Israël dont Dieu a pris soin depuis ce jour où il a fait sortir son peuple d’Egypte. Ils ont en mémoire les reproches des prophètes à ce peuple à la nuque raide. Le sort réservé par leurs pères aux prophètes du Seigneur fait partie de leur histoire. Alors quand Jésus raconte à son tour l’histoire d’un homme qui possédait une vigne qu’il a donné en fermage à des vignerons, les chefs des prêtres et les pharisiens comprennent : ils sont ces ouvriers qui rejettent les serviteurs du maître de la vigne ; ils seront ces ouvriers qui mettront à mort le fils du propriétaire. Ils sont ceux qui veulent accaparer la vigne, c’est-à-dire garder ce peuple qui est à Dieu sous leur propre coupe. 
 
Comment a-t-on pu, au cours des siècles, utiliser alors cette parabole pour montrer du doigt le peuple de la première alliance, en l’assimilant un peu vite aux ouvriers ? Comment a-t-on pu faire à partir de là, une théologie de la substitution, qui nous a fait dire que le peuple juif avait fait son temps ; comme il n’avait pas reconnu en Jésus le Messie, il devait laisser la place au nouveau peuple de Dieu, les gentils chrétiens. Cette théologie est fausse. Il suffit de relire saint Paul qui affirme, dans sa lettre aux Romains, que l’Alliance de Dieu avec Israël demeure, car Dieu est toujours fidèle à ses promesses. La nouvelle Alliance ne supprime pas la première Alliance. Comme l’écrit le Père Philippe GRUSON, l’Eglise ne remplace pas le peuple juif, pas plus qu’un second fils ne remplace le premier. 
 
A ceux qui pensent que, le prophète Isaïe ayant fait des siècles plutôt le même constat que Jésus, on peut légitimer une théologie de la substitution, je voudrais laisser ces paroles d’un rabbin (rabbin Rivon KRYGIER) qui commentait ce même évangile : Je me souviens que de telles accusations existent déjà dans les harangues prophétiques de la Bible rabbinique ! « Ils ont rejeté Ta Loi derrière eux et ont tué les prophètes qui les adjuraient de revenir à Toi » (Ne 9, 26)… Le lecteur est tenté de se dire : si les accusations viennent des juifs eux-mêmes, alors cela ne vaut-il pas pour aveux ? Mais s’accuser soi-même ou son propre peuple, n’est-ce pas une manière de se confesser ou d’appeler les siens au ressaisissement ? 
 
Voilà un point de vue intéressant, qui nous renvoie, non pas au peuple juif de l’époque de Jésus, mais à nous. Quand Matthieu écrit son Evangile, il ne l’écrit pas pour les juifs, mais pour les membres de sa communauté. Son but n’est pas de montrer du doigt le peuple de la première Alliance, mais de mettre en garde les siens contre leur infidélité à l’Alliance. Ce qu’Isaïe dénonçait à son époque pour son peuple, peut-être Matthieu le dénonce-t-il déjà pour le sien quelques années après la mort et la résurrection de Jésus !  Il ne s’agit pas d’un Evangile pousse-au-crime contre les juifs, mais bien d’une mise en garde, adressée à des chrétiens, c’est-à-dire à nous, sur ce qui se passe si nous ne sommes pas fidèles à l’Alliance de Dieu.
 
Nous pouvons donc entendre cette parabole de manière très personnelle. Nous sommes à la fois la vigne de Dieu (nous lui appartenons) et les ouvriers (nous avons à vivre de telle manière que notre vie, animée par la foi au Christ, porte de bons fruits pour Dieu). Vivons-nous notre vie comme si elle venait de nous, sans respect pour personne, ni Dieu qui nous l’a donné, ni les autres qui la rencontrent ? Rejetons-nous, voire tuons-nous, tous ceux qui pourraient nous rappeler que notre vie a un horizon plus large que notre petite personne ? Rendons-nous à Dieu ce qui lui appartient par l’action de grâce, ou sommes-nous autocentrés ? 
 
Plutôt que d’être un moyen de condamner ceux qui sont différents de moi, ceux qui me permettraient de garder Dieu au cœur de ma vie, cette parabole est une invitation à purifier ma vie, mon regard, mes relations avec Dieu, avec les autres, avec moi-même. Je ne peux, ni ne dois m’enfermer dans la vigne carrée de ma vie. Disciple du Christ, je me dois de garder une ouverture sur l’Autre et les autres, comprenant que Dieu m’appelle par eux à grandir en sainteté. 
 
Au niveau ecclésial, cette parabole nous rappelle que les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres, et que le salut qu’ils espèrent n’est ni un droit, ni un acquis social. L’Eglise, et chacun de ses membres, doit toujours se convertir pour correspondre davantage à ce que Dieu en attend. Le salut est dans notre conversion, jamais dans la comparaison, encore moins dans l’exclusion. Puissent tous ceux qui défilent pour des idées catholiques s’en souvenir. Amen.
 
(Photo prise sur les hauteurs de Guebwiller)

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