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samedi 11 octobre 2014

28ème dimanche ordinaire A - 12 octobre 2014

Avec Paul, donner du sens à nos dons.





Nous terminons aujourd’hui la lecture de la lettre aux Philippiens et, je l’avoue, une lecture trop rapide de ce passage peut surprendre. En effet, qui connaît un peu la pensée et l’agir de Paul, sait qu’il n’a jamais compté sur l’aide d’autrui. Il a toujours mis un point d’honneur à gagner sa nourriture par son travail. Aurait-il eu une attitude différente vis-à-vis des Philippiens ? 
 
Lorsqu’il écrit aux Philippiens, Paul est en prison, à cause de sa foi. Il a connu des moments difficiles, des moments de grand dénuement. Les Philippiens l’ont aidé matériellement, par deux fois. C’est pourquoi, à la fin de sa lettre, il les remercie. Il n’a pas renoncé à ses convictions (travailler pour gagner sa nourriture) ; il se trouvait juste dans une situation qui ne lui permettait pas de vivre comme il le voudrait, comme il l’a toujours enseigné. Ce qui est intéressant, c’est la manière dont Paul les remercie. Il ne refuse pas le don qui lui est fait, mais rappelle qu’il est d’importance toute relative. Je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Il n’a pas besoin de grand-chose. En fait, une seule chose lui suffit pour vivre et être heureux : il l’a écrit quelques lignes plus haut : pour moi, vivre, c’est le Christ !  S’il a accepté ce don, c’est pour ce qu’il signifie spirituellement. 
 
Si vous lisez chez vous la totalité de la lettre aux Philippiens, (ce que je vous recommande ; en plus elle est très courte), vous découvrirez que Paul accepte ce don parce qu’il représente la participation active des Philippiens à son ministère d’évangélisation. S’il accepte ces dons, c’est parce qu’il voit d’abord dans ce geste le bénéfice pour les Philippiens. En s’intéressant ainsi à la vie de Paul, ils manifestent qu’ils ne sont pas fermés sur eux-mêmes, mais capables de charité élémentaire. Les dons qu’ils ont faits démontrent à Paul que les Philippiens ont bien accueilli le Christ au cœur de leur vie puisqu’ils sont capables de partage. La vie nouvelle en Christ reçue au moment de leur baptême se déploie ainsi dans leur quotidien. Chez Paul, les œuvres ne précèdent pas la foi, elles en sont l’expression. Paul ne remercie donc pas tant pour les dons, que pour la foi des Philippiens, foi vivante, foi agissante envers ceux qui sont dans le besoin. 
 
Se situant sur le terrain de la foi, Paul remet ainsi le Christ au cœur de son enseignement. Je peux tout en celui qui me donne la force. Il rappelle que l’unique nécessaire, c’est le Christ, qui vient toujours en aide à celui qui se confie à lui, à celui qui croit en lui. Avec l’aide du Christ, aucune épreuve ne saurait être trop difficile. Avec l’aide du Christ, rien ne saurait séparer Paul de l’amour de Dieu. Les Philippiens l’ayant aidé matériellement, il va les remercier en les aidant spirituellement. Il les confie à la grâce de Dieu : mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus. Il ne peut rien faire d’autre que cela, mais cela est tout pour Paul. Puisque le Christ est tout pour lui, puisque le Christ est sa vie même, il donne le Christ comme gardien aux Philippiens. Paul nous enseigne ainsi que donner, c’est surtout recevoir. En faisant un don à Paul, ils reçoivent un accroissement de la foi, une proximité plus grande avec l’Apôtre, une proximité plus grande avec le cœur même de Dieu. C’est pour cela que l’Apôtre rend grâce à Dieu. 
 
D’un simple don fait à un prisonnier, Paul tire un enseignement sur la foi. Il n’y a pas à se soucier du lendemain puisque Dieu lui-même veille sur ceux qu’il a éveillés à la foi. Les croyants peuvent donc, même au milieu des difficultés, se consacrer à ce qui doit rester premier : l’annonce du Christ. Paul le fait par sa prédication ; les Philippiens le font en s’unissant à lui, en étant en communion avec lui par les dons qu’ils lui ont adressés. Chacun, selon ses capacités, peut donc favoriser l’annonce de l’Evangile, l’annonce du Christ Sauveur. Puisse notre communion au Christ Eucharistie nous faire comprendre comment nous pouvons à notre tour annoncer son Règne au monde de notre temps. Amen.

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