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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 mai 2016

Fête du Corps et du Sang du Christ - 29 mai 2016

Permettons la rencontre entre Dieu et son peuple.





Depuis quelques années, alors qu’elles avaient presque totalement disparu, refleurissent dans nos villes et villages les processions de la Fête Dieu, avec leur cortège de traditions : tapis de fleurs, autels reposoirs aux carrefours de nos cités. Certains peuvent s’en inquiéter, et pas seulement parmi les plus laïcards. Même au sein de l’Eglise, au sein de nos communautés, des voix s’élèvent contre ce retour à une visibilité trop marquée, singe d’une tradition désuète selon eux. C’est un retour en arrière qui ne fait que traduire d’autres retours plus dogmatiques, pour ne pas dire une étroitesse d’esprit. Peut-on balayer ainsi ce que la foi veut exprimer ? Je ne le crois pas. 
 
Cette procession du Saint Sacrement, signe hautement chrétien, marque la proximité de Dieu avec son peuple. C’est bien lui qui marche ainsi au milieu de nos quartiers, rappelant sa présence au monde des hommes. Dieu n’est pas étranger à ce que nous vivons ; il n’est pas étranger à ce qui fait nos vies. Les autels dressés aux carrefours de nos cités marquent alors en retour l’intérêt que l’homme peut avoir à ce que Dieu s’arrête ainsi dans sa vie. Ces rencontres sont rares pour certains, pour ne pas dire inexistante. En ce dimanche, même si c’est de manière rapide, voire folklorique, cette rencontre peut se faire et des hommes et des femmes peuvent retisser les fils d’une amitié divine oubliée. C’est une manière très forte d’évangéliser pour peu que nos stations permettent de dépasser le folklore et osent inviter à une rencontre furtive mais vraie. 
 
Si nous regardons de près l’Evangile de cette fête en cette année, nous remarquons que Jésus ne fait pas autre chose. Certes, il annonce la Parole de Dieu, des hommes et des femmes se pressent par milliers pour l’écouter, au point d’en oublier les choses simples comme un bon casse-croûte. Ils ont beau suivre Jésus, se nourrir de sa Parole, cela ne remplit pas encore un ventre qui ne tarde pas à se rappeler au bon souvenir d’un apprenti disciple tête-en-l’air. Vient le moment où les ventres affamés parlent plus fort que Jésus, et il faudra bien s’en occuper. Les Douze ont la solution : que Jésus renvoie cette foule trop nombreuse.  Mais Jésus ne l’entend pas ainsi. Il est au milieu d’eux, envoyé par Dieu pour prendre soin de son peuple ; comment pourrait-il les renvoyer simplement, sans ne rien tenter pour eux. Jésus ne fait pas que passer dans la vie de ces foules, il veut leur faire rencontrer quelqu’un d’autre, celui qui l’a envoyé lui-même. Il passe dans les villes et villages non pour se faire remarquer, mais pour inviter à voir plus loin, à entendre quelqu’un que l’on avait oublié, ou soigneusement enfermé dans le Temple pour qu’il ne vienne pas nous déranger dans l’ordinaire d’une vie. Jésus, par sa prédication, porte Dieu à nouveau dans nos vies, dans nos villes et villages ; il le fait sortir de nos temples bien situés et si peu fréquentés pour le remettre au cœur de nos vies. En cette fête du Corps et du Sang du Christ, l’Eglise se propose de faire la même chose avec le Christ. Nous l’avons bien rangé dans un tabernacle fermé à clé, dans une église elle-même souvent fermée, par précaution. Vous savez, on pourrait nous le voler ! Je me demande souvent si ce n’est pas pour ne pas risquer qu’il sorte qu’on ferme tout ainsi à double tour. Ce serait gênant, un Dieu qui se promène dans nos rues ; ce serait gênant que les gens se laissent interpeler et retrouvent le chemin de l’Eglise, le chemin de la confiance en ce Dieu qui se veut proche de nous, qui s’est fait proche de nous en Jésus. Nos processions sont comme une nouvelle incarnation, un petit Noël pour nous rappeler que Dieu marche bien avec nous, qu’il a souci de nous, parce qu’il nous aime infiniment. En son Fils Jésus, mort et ressuscité, il continue d’aller à notre rencontre, livrant sa Parole, livrant aux hommes ce Fils unique venu dans le monde pour rapprocher les hommes de Dieu par une Alliance nouvelle. 
 
Est-ce vraiment vieux jeu que de vouloir que les hommes de notre temps connaissent encore Jésus et se rapprochent de lui ? Est-ce vraiment vieux jeu que de vouloir que les hommes puissent entendre la Parole vivante de Dieu qui peut transformer une vie ? Est-ce tellement vieux jeu que de vouloir permettre cette rencontre si fondamentale et si libératrice ? Ne craignons pas de porter le Christ au monde : il ne veut que son bien et sa vie. Ne craignons pas de porter le Christ au monde : les hommes ne peuvent qu’en devenir meilleurs. Ne craignons pas de porter le Christ au monde : cela ne peut que renforcer notre propre foi et notre propre amitié avec le Christ. Marchons humblement, mais fièrement, à la suite du Christ présent dans l’Eucharistie, et permettons une rencontre renouvelée entre Dieu et son peuple. Amen.
 
(Dessin extrait de la revue L'image de notre paroisse, n° 210, Juin 2004, éd. Marguerite)

dimanche 22 mai 2016

Trinité C - 22 mai 2016

La Trinité, signe d'une foi sans cesse à approfondir.





Après les fêtes de Pâques et de Pentecôte, que peut nous apporter de plus cette fête de la Trinité ? Car enfin, elle ne correspond à aucun épisode de la vie de Jésus, ni à un épisode christianisé de la vie du peuple choisi ! Ce n’est même pas une expression biblique, et elle semble même contredire l’expression de la foi en un Dieu unique. Alors, est-ce juste pour donner du fil à retordre aux théologiens que cette fête existe ? Que veut-elle nous dire ? 
 
A y regarder de près, je crois que la Trinité ne veut pas nous dire quelque chose sur ce que Dieu fait pour nous, comme le font si bien les autres fêtes, mais elle nous rend attentif à la manière dont Dieu est présent au cœur de notre vie. Si les autres fêtes nous parlent de Dieu qui se fait proche de nous (Noël), qui veut sauver l’homme, fût-ce au prix de la vie de son propre Fils (Pâques) et qui nous laisse son Esprit pour que nous puissions l’approcher (Pentecôte), la fête de la Trinité nous invite à entrer en relation avec Dieu. Elle ne nous dit pas ce que Dieu fait, mais comment Dieu est, comment Dieu vit. 
 
La première chose que l’on apprend ainsi, c’est que Dieu vit en se donnant. La prière d’ouverture de la fête est claire à ce sujet : Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté. Dieu se fait échange : il n’existe qu’en se donnant aux hommes. Si Dieu restait sur son lointain nuage, il n’aurait pas d’intérêt pour l’homme ; les hommes n’y gagneraient rien à le connaître. Non, le Dieu auquel nous croyons se donne, totalement, en son Fils et en l’Esprit. Le Fils n’a cessé, durant sa vie, de parler du Père, de le révéler aux hommes (de le faire connaître vraiment) et l’Esprit est donné pour bien faire comprendre le mystère profond de Dieu. Jésus lui-même l’affirme : l’Esprit de vérité vous guidera vers la vérité tout entière. Autrement dit, c’est presque normal si nous n’avons pas tout compris de ce que Jésus nous a dit : seul l’Esprit que Dieu envoie permet d’entrer dans l’intimité de Dieu et de ne pas se tromper sur l’interprétation des paroles de Jésus. 
 
La deuxième chose que l’on apprend, c’est que Dieu est communion. Les trois personnes qui composent la Trinité (le Père, le Fils et le Saint Esprit) n’en font qu’une : une même gloire, une même majesté, une même nature, dira la préface tout à l’heure. Entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint, il n’y a pas l’ombre d’une opposition, il n’y a pas l’ombre d’une séparation. Ce que le Père a à dire aux hommes, il le fait par son Fils. Et l’Esprit ne fait que redire ce qu’il a entendu. Les Trois parlent d’une seule voix ; les Trois vivent parfaitement l’amour dont Dieu est la source. Si Dieu, en lui-même, est communion, n’avons-nous pas à construire cette communion entre nous, nous qui sommes son image et sa ressemblance ?  Croire en la Trinité, c’est croire que cette communion qui existe en Dieu peut se vivre à échelle humaine ; c’est croire que nous sommes appelés par Dieu Trinité à vivre entre nous la même expérience de communion. Si je crois que mon Dieu se donne, si j’affirme que mon Dieu est communion, comment ne puis-je pas vouloir vivre la même expérience pour me rapprocher encore plus de lui, pour encore mieux découvrir qui il est ? 
 
Si le mystère de la Trinité est si grand, c’est peut-être aussi parce que Dieu ne peut pas s’approcher totalement ici-bas : nous pouvons saisir des bribes de ce qu’il est en lui-même ; l’Esprit Saint nous permet de l’approcher : notre baptême nous identifie au Christ Sauveur : mais seule notre propre Pâque nous fera voir Dieu tel qu’il est en lui-même ! Peut-être faudra-t-il se contenter en cette fête de la Trinité de croire sans forcément tout comprendre. Le mystère de la Trinité nous obligerait alors à toujours progresser dans l’écoute de ce que le Fils dit de son Père, et dans l’accueil de ce que l’Esprit veut bien nous en révéler. Célébrer la Trinité comme un acte de foi sans cesse à aboutir pour parvenir un jour à pleine connaissance de Dieu. J’avoue que j’aime assez cela : au moins, j’aurai la certitude de ne jamais enfermer Dieu dans ma pensée, dans mes systèmes, mais d’être toujours prêt à le suivre là où il m’appelle, là où il m’attend ! Amen.
 
(La Trinité, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)

samedi 14 mai 2016

Pentecôte C - 15 juin 2016

Pâques : une Eglise en germination.





Nous voici donc au terme du temps pascal avec la fête de la Pentecôte qui nous fait célébrer le don de l’Esprit Saint, réalisation de la promesse faite par Jésus : Je ne vous laisse pas orphelin… l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit (évangile 6ème dimanche de Pâques C). Ce jour de fête a son nom propre (Pentecôte), mais ne nous laissons pas abuser par le nom : c’est bien l’unique et central mystère pascal que nous célébrons aujourd’hui encore ; c’est bien le mystère pascal qui est toujours déployé dans la célébration du don de l’Esprit Saint. 
 
Nous avons pu entendre, à travers ce que Luc nous rapporte dans les Actes des Apôtres, ce que fut véritablement la première Pentecôte de l’Eglise. Elle est caractérisée par ce fait incroyable : chacun de ceux qui étaient présents à Jérusalem à ce moment-là pouvait entendre dans son propre dialecte, sa langue maternelle les Apôtres qui parlaient. La longue énumération des peuples présents suggère à elle-seule que l’annonce du mystère pascal dépasse largement le cadre des disciples premiers du Christ. Le monde entier est concerné par ce mystère ; le monde entier est appelé à connaître le Christ. Le monde entier est ainsi appelé au salut. Le mystère de Pâques, déployé dans le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte, est le signe d’une Eglise en germination. A ceux qui pouvaient croire que l’affaire Jésus s’arrêterait, sinon avec sa mort mais sûrement avec son retour vers le Père, est apporté un démenti flagrant : l’affaire Jésus ne fait réellement que commencer. Les hommes ont voulu se débarrasser de Jésus en le clouant sur le bois de la croix ; ils ont hérité d’un Christ ressuscité et sont comblés maintenant de l’Esprit Saint, l’Esprit du Christ lui-même qui assurera le relais de sa présence au milieu des hommes, jusqu’au retour dans la gloire, à la fin des temps, de celui qui s’en est retourné vers son Père. On a voulu chasser Jésus par la porte le Vendredi Saint ; le voici qui revient par la fenêtre avec le don de son Esprit Saint. 
 
Cette Eglise en germination, Paul la décrit bien dans la seconde lecture entendue. Elle est le rassemblement de celles et de ceux qui, suivant le Christ, ont accueilli son Esprit et en vivent. Si le Christ est en vous (…), l’Esprit vous fait vivre. N’étant plus esclaves mais fils, c’est-à-dire enfants de Dieu, ils vivent désormais libres de l’emprise de la chair. L’Esprit Saint les ajuste au Christ pour qu’ils puissent vivre selon les enseignements du Christ. C’est bien une Bonne Nouvelle qui rend libre qui est annoncée par les Apôtres et non une morale. Ce qui est premier, c’est l’agir du Christ (sa vie offerte pour notre salut) et le don de l’Esprit Saint. Les Apôtres n’ont pas demandé aux gens de vivre selon des principes pour pouvoir croire en Dieu. Ils ont demandé de croire en Dieu, d’accueillir le Christ pour recevoir de lui son Esprit qui rend libre en ajustant la conduite des hommes au projet d’amour que Dieu porte pour eux. La Pentecôte est bien le signe d’une Eglise en germination qui accueille pleinement sa libération. Rien n’est plus comme avant ! La vie croyante retrouve son sens : non pas sacrifier à des us et coutumes qui vont attester de la foi, mais accueillir un don de Dieu qui transforme et améliore une vie. 
 
De Pâques à Pentecôte et au-delà, tout est don : don de Dieu en faveur des hommes qu’il veut pleinement libres, pleinement heureux. La route de la vie est ouverte par la mort et la résurrection du Christ ; le Mal, tapis dans la vie des hommes, laisse place à l’Esprit Saint, donné pour remplir l’homme de la présence du Christ. Désormais, l’homme et Dieu peuvent à nouveau aller du même pas ; Dieu a retrouvé l’homme qui s’était perdu au jardin de la Genèse ; l’homme a retrouvé l’amitié avec Dieu qu’il avait perdue quand il avait préféré écouter le serpent au jardin de la Genèse. La prière pour l’unité, que Jésus a prononcée au soir de sa mort, porte ses fruits. Par l’Esprit, Dieu et l’homme sont à nouveau UN, comme le Christ et le Père sont UN depuis toute éternité. Avec la Pentecôte, ne vous demandez pas ce que vous pouvez faire pour l’Esprit Saint (à part l’accueillir) ; mais demandez-vous ce que l’Esprit Saint peut encore faire pour vous, et laissez-le agir. Avec l’Esprit Saint, vous sortirez d’une religion qui attend toujours plus de vous en preuve de votre attachement à Dieu, pour vivre une foi dans laquelle Dieu vous offre toujours plus sa vie, jusqu’à vous accueillir définitivement en lui au terme de votre passage sur terre. 
 
C’est bien à un changement de paradigme que nous invite le mystère de Pâques en cette fête de la Pentecôte. Il s’agit bien d’accueillir toujours plus ce que Dieu veut nous donner pour notre vie. Il s’agit bien, grâce à cette force de Dieu qu’est l’Esprit, de toujours mieux suivre le Christ sur le chemin où il nous précède. Il s’agit bien de laisser la Parole germer en nous, pour que nos communautés soient signes de cette Eglise en germination que le Christ viendra moissonner au temps où il établira son règne pour toujours. Aujourd’hui se clôt le temps de Pâques, certes ; mais aujourd’hui s’ouvre aussi le temps de l’Eglise en marche vers son avenir, à la suite du Ressuscité, sous la conduite de l’Esprit Saint. Grâce en soit rendue à Dieu qui nous veut fils, et fils libres. Amen.

(La Pentecôte, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)

samedi 7 mai 2016

07ème dimanche de Pâques C - 08 mai 2016

Pâques : quand l'homme est invité à vivre comme le Christ.






Et maintenant, que reste-t-il ? Le Christ est retourné chez son Père, il ne reste que des disciples sur terre. Que vont-ils faire ? Que devons-nous faire ? L’histoire de Jésus s’arrête-t-elle à ce moment-là ? La fête de Pâques n’aura-t-elle été qu’une belle parenthèse dans notre vie ? Sûrement pas ! Si la mort de Jésus en croix n’a pu mettre un terme à l’histoire de Jésus, comment penser seulement que son retour chez son Père puisse y mettre un terme. La fête de l’Ascension nous rappelait à quoi nous étions destinés : vivre, comme le Christ, auprès du Père. L’histoire n’est donc pas finie ; elle va se poursuivre à travers nous. 
 
Pour le diacre Etienne, elle va se poursuivre dans une identification complète à Jésus, jusque dans la mort. Ce serviteur fidèle va, comme son Maître, offrir sa vie à cause de l’Evangile. Le premier, il va suivre Jésus sur le chemin d’une vie totalement offerte, jusque dans la mort, et la mort violente, injuste de l’innocent que les autres ont trouvé coupable. L’auteur du livre des Actes des Apôtres va jusqu’à établir un parallèle édifiant entre Jésus mourant en croix et Etienne mourant sous les jets de pierres de ses adversaires. Luc met dans la bouche d’Etienne les paroles qui furent celles de Jésus sur la croix : Père, en tes mains je remets mon esprit / Seigneur Jésus, reçois mon esprit ; Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font / Seigneur, ne leur compte pas ce péché. La vie chrétienne se déploie bien là, non pas dans la mort d’Etienne, mais dans sa manière d’affronter sa mort, comme le Christ, avec le Christ. Pour tout croyant désormais, c’est bien dans l’imitation de Jésus que se trouve le sens de la vie. Notre vie non seulement est au Christ, mais doit manifester le Christ aux autres. 
 
C’est bien le sens de la prière de Jésus au soir de sa mort, telle que nous la rapporte Jean dans son évangile. Jésus prie son Père pour que ses disciples soient comme lui, vivent quelque chose qui ressemble à ce que Jésus a vécu avec son Père, en premier lieu, l’unité. Comme l’amour, l’unité n’est pas matière à option. Elle est fondamentale pour que le monde croie que Dieu a envoyé Jésus. Si l’amour est le signe du disciple du Christ, l’unité est le signe du passage du Christ au milieu des hommes. Autrement dit, le manque d’unité entre les croyants sera un obstacle à la foi de ceux qui les regardent vivre ! Nous mesurons la responsabilité qui est la nôtre face au monde, face aux incroyants ou au mal croyants ! En même temps, nous avons la clé à la conversion des hommes : l’amour et l’unité. Jésus nous a tout laissé au soir de sa mort. Qu’avons-nous fait de notre héritage ? Sommes-nous ferments d’unité ? Sommes-nous des signes du passage du Christ dans la vie des hommes ? Notre art de vivre est-il à la hauteur de l’enseignement du Christ ?
 
Sans doute, par nos propres forces, sommes-nous indigents en ces matières d’amour et d’unité. Mais le Christ a promis sa présence en nous. Sur lui, nous pouvons compter. Sur lui, nous pouvons appuyer notre amour. De lui, nous pouvons apprendre l’unité parfaite. En cette semaine qui nous sépare de la Pentecôte, implorons-le de nous envoyer son Esprit, signe de sa présence au cœur de notre vie, force qui renouvelle notre manière de vivre et de croire. Amen.
 
(Dessin extrait de la revue L'image de notre paroisse, n° 209, Mai 2004, éd. Marguerites)

jeudi 5 mai 2016

Ascension C - 05 mai 2016

Pâques : quand Jésus retourne chez son Père !





On l’aurait presque oublié avec tous ces récits d’apparition qui nous ont été donnés à méditer depuis Pâques : Christ n’est pas ressuscité pour revenir vivre sa vie dans ce monde ; il est ressuscité pour partager la gloire de son Père, pour être celui qui nous montre la voie vers cette Jérusalem nouvelle dont nous parle le livre de l’Apocalypse. Il fallait donc qu’il quitte ce monde où nous vivons pour entrer véritablement et définitivement dans le monde de Dieu.
 
On aurait presque oublié tout cela si la fête de l’Ascension qui nous rassemble ne venait nous le rappeler. Aujourd’hui, nous célébrons le Christ qui s’élève vers les cieux pour s’asseoir à la droite de Dieu. C’est de là que, désormais, il veille sur nous ; c’est de là aussi qu’il enverra ce que son Père a promis (…), une puissance venue d’en-haut. Il faut bien comprendre ceci : le Christ ne nous abandonne pas, il réalise pleinement l’œuvre qu’il avait à accomplir. La résurrection n’était pas son retour sur terre, au milieu des siens ; elle est et sera pour toujours sa victoire sur les forces de morts qui nous empêchent de vivre libres ; elle sera le premier acte de l’accomplissement de notre salut. La Jérusalem nouvelle, ce n’est pas un rêve : c’est notre but. La vie avec Dieu pour toujours, ce n’est pas quelques mots gentils pour nous rassurer : c’est une promesse appelée à se réaliser. 
 
On l’aurait presque oublié, mais Jésus devait partir, quitter ce monde qui passe. Il nous l’avait annoncé, mais comme souvent, nous avions oublié. Il l’avait dit à Marie-Madeleine au jour de Pâques quand, l’ayant enfin reconnu, elle veut se saisir de lui : ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Pâques, mort et résurrection du Christ qui va vers le Père, met fin à notre prétention de vouloir posséder Dieu, à vouloir le garder pour nous seul. Garder le Christ au cœur de notre vie, ce n’est pas l’enfermer dans notre vie, mais garder vivant le souvenir de sa Parole, tenir pour acquise sa présence en nous depuis notre baptême par la puissance de son Esprit et vivre conformément à son enseignement. Pour découvrir le Christ véritable, il nous faut lâcher le Jésus de l’histoire, ne pas nous crisper sur ce que nous pensions savoir de lui quand il cheminait au milieu des hommes. Pour découvrir le Christ véritable, il nous faut passer avec lui de ce monde à son Père, en vivant dès ici-bas comme si nous étions déjà avec lui là-haut. 
 
On l’aurait presque oublié, mais la mort et la résurrection de Jésus, ce n’est pas une réincarnation ; ce n’est pas un éternel recommencement d’une vie insatisfaisante ou trop courte, mais bien une vie nouvelle qui est inaugurée pour nous tous, une vie qui n’aura jamais de fin, une vie en présence de Dieu pour toute éternité. Réjouissons-nous : l’Ascension atteste que cette vie éternelle existe, que le Royaume n’est pas une illusion et que notre vie a un sens : nous sommes faits pour vivre avec Dieu, comme Jésus ressuscité. Nous sommes appelés à dépasser ce monde qui passe pour entrer dans le monde de Dieu. C’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire.
 
En cette fête de l’Ascension qui nous rappelle notre destinée, avec les disciples qui ont vu Jésus s’en aller vers son Père, soyons en grande joie ; avec les disciples, rendons gloire à Dieu et bénissons-le. Amen.
 
(L'Ascension, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)

lundi 2 mai 2016

06ème dimanche de Pâques C - 01er mai 2016

Pâques : quand l'Eglise sort grandie de ses épreuves.



Elle a un-je-ne-sais-quoi d’idyllique, la cité sainte décrite par Jean dans le livre de l’Apocalypse. Elle peut et doit nous faire rêver. En dévoilant dans son livre le projet ultime de Dieu et l’avenir auquel nous sommes destinés, il nous invite à désirer cette cité sainte sans oublier pour autant qu’ici-bas, c’est loin d’être le paradis, qu’ici-bas même l’Eglise est imparfaite, pauvre et pécheresse. Les événements qui ont bousculé l’Eglise de France ces derniers temps en sont un rappel douloureux. Pourtant, ces épreuves peuvent faire grandir l’Eglise, comme d’autres épreuves dans le passé l’ont permis. 
 
Voyez la jeune communauté croyante après Pâques. A mesure que se propage le nom de Jésus chez les peuples de la terre, grandit au sein même de la communauté une difficulté majeure, qui pourrait mener à l’implosion de celle-ci. Elle est résumée ainsi par Luc dans les Actes : Si vous n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. Cette difficulté peut nous sembler ridicule, vue depuis notre 21ème siècles relativiste et syncrétiste. Elle concerne pourtant l’unité même et le devenir de l’Eglise. Il serait trop réducteur de la résumer en une simple querelle entre conservateurs et progressistes. Elle concerne avant tout la foi, comme Paul ne cessera de le redire dans ses écrits. Puisque Jésus et ses disciples sont juifs, et que Jésus est reconnu par eux comme le messie attendu, ne faut-il pas que tous les nouveaux croyants au Christ deviennent juifs eux-mêmes en recevant la circoncision ? N’est-ce pas trahir Jésus et amoindrir la foi au Christ, mort et ressuscité pour le salut de tous, que d’imposer cette circoncision ? L’Eglise, réunie à Jérusalem, entendra tour à tour les tenants de l’une ou l’autre option, ainsi que Pierre et Jacques avant de rendre sa décision, sous la motion de l’Esprit Saint. C’est cette décision que nous avons entendu en première lecture. L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela
 
Ce qui a sauvé l’Eglise, ce n’est pas d’avoir pris le parti de l’une ou l’autre faction, mais bien de se placer sous l’autorité de l’Esprit Saint, et se tenir à ce que l’Esprit lui a fait comprendre. C’est ainsi que le mystère de Pâques se prolonge en elle ; c’est ainsi qu’elle vit de plus en plus dans l’imitation de son Seigneur et Maître, le Christ Jésus, lui qui a livré sa vie sur la croix en obéissance à son Père qui avait pour projet de sauver tous les hommes. C’est dans cette obéissance à l’Esprit Saint que l’Eglise a trouvé, et trouvera toujours son salut. C’est pour cela que, petit à petit, nous sommes invités à demander cet Esprit et à nous préparer à l’accueillir. Comme le promettait Jésus à ses disciples au soir de sa mort, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout. La jeune communauté croyante n’a pas eu peur de faire appel à lui, se conformant à son enseignement. Il l’a toujours mené sur les chemins d’une vie plus grande, plus belle ; il a toujours permis de renforcer la foi et de la propager. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? C’est le même Esprit, l’Esprit du Christ, qui nous anime, qui nous est donné, qui nous guide. Laissons vivre en nous l’Esprit reçu à notre baptême, l’Esprit qui rend présent le Christ dans le pain et le vin consacré, l’Esprit qui appelle les hommes à vivre sous sa conduite pour parvenir au Royaume promis, cette Jérusalem nouvelle, belle et resplendissante. 
 
Pas plus qu’hier, nous n’avons à craindre les difficultés et les épreuves qui se présentent à nous. Dans une confiance renouvelée en l’Esprit Saint, laissons-nous conduire par lui et suivons le chemin par lequel il nous conduit. Il est chemin de purification, de vérité et de justice. Il est chemin de vie pour toujours. Amen.