On
l’aurait presque oublié avec tous ces récits d’apparition qui nous ont été
donnés à méditer depuis Pâques : Christ n’est pas ressuscité pour revenir
vivre sa vie dans ce monde ; il est ressuscité pour partager la gloire de
son Père, pour être celui qui nous montre la voie vers cette Jérusalem nouvelle
dont nous parle le livre de l’Apocalypse. Il fallait donc qu’il quitte ce monde
où nous vivons pour entrer véritablement et définitivement dans le monde de Dieu.
On
aurait presque oublié tout cela si la fête de l’Ascension qui nous rassemble ne
venait nous le rappeler. Aujourd’hui, nous célébrons le Christ qui s’élève vers
les cieux pour s’asseoir à la droite de Dieu. C’est de là que, désormais, il
veille sur nous ; c’est de là aussi qu’il enverra ce que son Père a promis (…), une puissance venue d’en-haut. Il faut
bien comprendre ceci : le Christ ne nous abandonne pas, il réalise
pleinement l’œuvre qu’il avait à accomplir. La résurrection n’était pas son
retour sur terre, au milieu des siens ; elle est et sera pour toujours sa
victoire sur les forces de morts qui nous empêchent de vivre libres ; elle
sera le premier acte de l’accomplissement de notre salut. La Jérusalem
nouvelle, ce n’est pas un rêve : c’est notre but. La vie avec Dieu pour
toujours, ce n’est pas quelques mots gentils pour nous rassurer : c’est
une promesse appelée à se réaliser.
On
l’aurait presque oublié, mais Jésus devait partir, quitter ce monde qui passe. Il
nous l’avait annoncé, mais comme souvent, nous avions oublié. Il l’avait dit à
Marie-Madeleine au jour de Pâques quand, l’ayant enfin reconnu, elle veut se
saisir de lui : ne me retiens pas,
car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur
dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Pâques,
mort et résurrection du Christ qui va vers le Père, met fin à notre prétention
de vouloir posséder Dieu, à vouloir le garder pour nous seul. Garder le Christ au
cœur de notre vie, ce n’est pas l’enfermer dans notre vie, mais garder vivant
le souvenir de sa Parole, tenir pour acquise sa présence en nous depuis notre
baptême par la puissance de son Esprit et vivre conformément à son
enseignement. Pour découvrir le Christ véritable, il nous faut lâcher le Jésus de
l’histoire, ne pas nous crisper sur ce que nous pensions savoir de lui quand il
cheminait au milieu des hommes. Pour découvrir le Christ véritable, il nous
faut passer avec lui de ce monde à son Père, en vivant dès ici-bas comme si nous
étions déjà avec lui là-haut.
On
l’aurait presque oublié, mais la mort et la résurrection de Jésus, ce n’est pas
une réincarnation ; ce n’est pas un éternel recommencement d’une vie
insatisfaisante ou trop courte, mais bien une vie nouvelle qui est inaugurée
pour nous tous, une vie qui n’aura jamais de fin, une vie en présence de Dieu pour
toute éternité. Réjouissons-nous : l’Ascension atteste que cette vie
éternelle existe, que le Royaume n’est pas une illusion et que notre vie a un
sens : nous sommes faits pour vivre avec Dieu, comme Jésus ressuscité. Nous
sommes appelés à dépasser ce monde qui passe pour entrer dans le monde de Dieu.
C’est avec assurance que nous pouvons
entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là
un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire.
En
cette fête de l’Ascension qui nous rappelle notre destinée, avec les disciples
qui ont vu Jésus s’en aller vers son Père, soyons en grande joie ; avec les disciples, rendons gloire à Dieu et
bénissons-le. Amen.
(L'Ascension, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)
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