Nous
voici donc au terme du temps pascal avec la fête de la Pentecôte qui nous fait
célébrer le don de l’Esprit Saint, réalisation de la promesse faite par Jésus :
Je ne vous laisse pas orphelin… l’Esprit
Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous
fera souvenir de tout ce que je vous ai dit (évangile 6ème
dimanche de Pâques C). Ce jour de fête a son nom propre (Pentecôte), mais ne
nous laissons pas abuser par le nom : c’est bien l’unique et central
mystère pascal que nous célébrons aujourd’hui encore ; c’est bien le
mystère pascal qui est toujours déployé dans la célébration du don de l’Esprit
Saint.
Nous
avons pu entendre, à travers ce que Luc nous rapporte dans les Actes des Apôtres,
ce que fut véritablement la première Pentecôte de l’Eglise. Elle est
caractérisée par ce fait incroyable : chacun de ceux qui étaient présents
à Jérusalem à ce moment-là pouvait entendre dans
son propre dialecte, sa langue maternelle les Apôtres qui parlaient. La longue énumération des peuples présents suggère
à elle-seule que l’annonce du mystère pascal dépasse largement le cadre des
disciples premiers du Christ. Le monde entier est concerné par ce mystère ;
le monde entier est appelé à connaître le Christ. Le monde entier est ainsi
appelé au salut. Le mystère de Pâques, déployé dans le don de l’Esprit Saint à
la Pentecôte, est le signe d’une Eglise en germination. A ceux qui pouvaient
croire que l’affaire Jésus s’arrêterait, sinon avec sa mort mais sûrement avec
son retour vers le Père, est apporté un démenti flagrant : l’affaire Jésus
ne fait réellement que commencer. Les hommes ont voulu se débarrasser de Jésus en
le clouant sur le bois de la croix ; ils ont hérité d’un Christ ressuscité
et sont comblés maintenant de l’Esprit Saint, l’Esprit du Christ lui-même qui
assurera le relais de sa présence au milieu des hommes, jusqu’au retour dans la
gloire, à la fin des temps, de celui qui s’en est retourné vers son Père. On a
voulu chasser Jésus par la porte le Vendredi Saint ; le voici qui revient par
la fenêtre avec le don de son Esprit Saint.
Cette
Eglise en germination, Paul la décrit bien dans la seconde lecture entendue. Elle
est le rassemblement de celles et de ceux qui, suivant le Christ, ont accueilli
son Esprit et en vivent. Si le Christ est
en vous (…), l’Esprit vous fait vivre. N’étant plus esclaves mais fils, c’est-à-dire
enfants de Dieu, ils vivent désormais
libres de l’emprise de la chair. L’Esprit
Saint les ajuste au Christ pour qu’ils puissent vivre selon les enseignements
du Christ. C’est bien une Bonne Nouvelle qui rend libre qui est annoncée par
les Apôtres et non une morale. Ce qui est premier, c’est l’agir du Christ (sa
vie offerte pour notre salut) et le don de l’Esprit Saint. Les Apôtres n’ont
pas demandé aux gens de vivre selon des principes pour pouvoir croire en Dieu. Ils
ont demandé de croire en Dieu, d’accueillir le Christ pour recevoir de lui son
Esprit qui rend libre en ajustant la conduite des hommes au projet d’amour que Dieu
porte pour eux. La Pentecôte est bien le signe d’une Eglise en germination qui
accueille pleinement sa libération. Rien n’est plus comme avant ! La vie
croyante retrouve son sens : non pas sacrifier à des us et coutumes qui
vont attester de la foi, mais accueillir un don de Dieu qui transforme et
améliore une vie.
De
Pâques à Pentecôte et au-delà, tout est don : don de Dieu en faveur des
hommes qu’il veut pleinement libres, pleinement heureux. La route de la vie est
ouverte par la mort et la résurrection du Christ ; le Mal, tapis dans la
vie des hommes, laisse place à l’Esprit Saint, donné pour remplir l’homme de la
présence du Christ. Désormais, l’homme et Dieu peuvent à nouveau aller du même
pas ; Dieu a retrouvé l’homme qui s’était perdu au jardin de la Genèse ;
l’homme a retrouvé l’amitié avec Dieu qu’il avait perdue quand il avait préféré
écouter le serpent au jardin de la Genèse. La prière pour l’unité, que Jésus a
prononcée au soir de sa mort, porte ses fruits. Par l’Esprit, Dieu et l’homme
sont à nouveau UN, comme le Christ et le Père sont UN depuis toute éternité.
Avec la Pentecôte, ne vous demandez pas ce que vous pouvez faire pour l’Esprit
Saint (à part l’accueillir) ; mais demandez-vous ce que l’Esprit Saint peut
encore faire pour vous, et laissez-le agir. Avec l’Esprit Saint, vous sortirez
d’une religion qui attend toujours plus de vous en preuve de votre attachement
à Dieu, pour vivre une foi dans laquelle Dieu vous offre toujours plus sa vie,
jusqu’à vous accueillir définitivement en lui au terme de votre passage sur
terre.
C’est
bien à un changement de paradigme que nous invite le mystère de Pâques en cette
fête de la Pentecôte. Il s’agit bien d’accueillir toujours plus ce que Dieu veut
nous donner pour notre vie. Il s’agit bien, grâce à cette force de Dieu qu’est
l’Esprit, de toujours mieux suivre le Christ sur le chemin où il nous précède. Il
s’agit bien de laisser la Parole germer en nous, pour que nos communautés
soient signes de cette Eglise en germination que le Christ viendra moissonner
au temps où il établira son règne pour toujours. Aujourd’hui se clôt le temps
de Pâques, certes ; mais aujourd’hui s’ouvre aussi le temps de l’Eglise en
marche vers son avenir, à la suite du Ressuscité, sous la conduite de l’Esprit
Saint. Grâce en soit rendue à Dieu qui nous veut fils, et fils libres. Amen.
(La Pentecôte, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)
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