Elle
a un-je-ne-sais-quoi d’idyllique, la cité sainte décrite par Jean dans le livre
de l’Apocalypse. Elle peut et doit nous faire rêver. En dévoilant dans son
livre le projet ultime de Dieu et l’avenir auquel nous sommes destinés, il nous
invite à désirer cette cité sainte sans oublier pour autant qu’ici-bas, c’est
loin d’être le paradis, qu’ici-bas même l’Eglise est imparfaite, pauvre et
pécheresse. Les événements qui ont bousculé l’Eglise de France ces derniers
temps en sont un rappel douloureux. Pourtant, ces épreuves peuvent faire
grandir l’Eglise, comme d’autres épreuves dans le passé l’ont permis.
Voyez
la jeune communauté croyante après Pâques. A mesure que se propage le nom de
Jésus chez les peuples de la terre, grandit au sein même de la communauté une
difficulté majeure, qui pourrait mener à l’implosion de celle-ci. Elle est
résumée ainsi par Luc dans les Actes : Si vous
n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne
pouvez pas être sauvés. Cette
difficulté peut nous sembler ridicule, vue depuis notre 21ème
siècles relativiste et syncrétiste. Elle concerne pourtant l’unité même et le
devenir de l’Eglise. Il serait trop réducteur de la résumer en une simple
querelle entre conservateurs et progressistes. Elle concerne avant tout la foi,
comme Paul ne cessera de le redire dans ses écrits. Puisque Jésus et ses
disciples sont juifs, et que Jésus est reconnu par eux comme le messie attendu,
ne faut-il pas que tous les nouveaux croyants au Christ deviennent juifs
eux-mêmes en recevant la circoncision ? N’est-ce pas trahir Jésus et
amoindrir la foi au Christ, mort et ressuscité pour le salut de tous, que
d’imposer cette circoncision ? L’Eglise, réunie à Jérusalem, entendra tour
à tour les tenants de l’une ou l’autre option, ainsi que Pierre et Jacques avant
de rendre sa décision, sous la motion de l’Esprit Saint. C’est cette décision
que nous avons entendu en première lecture. L’Esprit
Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres
obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir des viandes
offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des
unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela.
Ce qui a
sauvé l’Eglise, ce n’est pas d’avoir pris le parti de l’une ou l’autre faction,
mais bien de se placer sous l’autorité de l’Esprit Saint, et se tenir à ce que
l’Esprit lui a fait comprendre. C’est ainsi que le mystère de Pâques se
prolonge en elle ; c’est ainsi qu’elle vit de plus en plus dans
l’imitation de son Seigneur et Maître, le Christ Jésus, lui qui a livré sa vie
sur la croix en obéissance à son Père qui avait pour projet de sauver tous les
hommes. C’est dans cette obéissance à l’Esprit Saint que l’Eglise a trouvé, et
trouvera toujours son salut. C’est pour cela que, petit à petit, nous sommes
invités à demander cet Esprit et à nous préparer à l’accueillir. Comme le
promettait Jésus à ses disciples au soir de sa mort, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera
tout. La jeune communauté croyante n’a pas eu peur de faire appel à lui, se
conformant à son enseignement. Il l’a toujours mené sur les chemins d’une vie
plus grande, plus belle ; il a toujours permis de renforcer la foi et de
la propager. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? C’est le même
Esprit, l’Esprit du Christ, qui nous anime, qui nous est donné, qui nous guide.
Laissons vivre en nous l’Esprit reçu à notre baptême, l’Esprit qui rend présent
le Christ dans le pain et le vin consacré, l’Esprit qui appelle les hommes à
vivre sous sa conduite pour parvenir au Royaume promis, cette Jérusalem
nouvelle, belle et resplendissante.
Pas plus
qu’hier, nous n’avons à craindre les difficultés et les épreuves qui se
présentent à nous. Dans une confiance renouvelée en l’Esprit Saint,
laissons-nous conduire par lui et suivons le chemin par lequel il nous conduit.
Il est chemin de purification, de vérité et de justice. Il est chemin de vie
pour toujours. Amen.
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