Seigneur,
source de tout bien, réponds sans te lasser à notre appel : inspire-nous
ce qui est juste, aide-nous à l’accomplir. L’oraison de ce dimanche, dans sa simplicité, nous
met dans une attitude spirituelle fondamentale : l’humilité devant Dieu,
nous faisant reconnaître qu’Il est la source de tout bien et que sans lui nous
ne saurions être vraiment justes. En priant ainsi, nous reconnaissons que nous
avons besoin de Dieu.
Dans la première lecture entendue, ce besoin a
été mis à mal. Nous sommes encore au commencement, vous savez, ce moment où
Dieu avait tout créé, et qu’il avait placé l’homme au sommet de sa création. Il
lui avait tout donné, sauf l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal.
C’était le seul interdit. Mais voilà, ce qui est interdit est bien souvent
désirable. Plutôt que d’écouter Dieu, l’homme s’est écouté lui-même ; pas
la peine d’accabler d’Eve pour cela. L’un et l’autre portent la même
faute ; l’un et l’autre ont pareillement transgressé l’ordre de Dieu. L’un
et l’autre se sont retirés, cachés devant Dieu, n’assumant pas les conséquences
de leur transgression ; l’un et l’autre ont cherché quelqu’un sur qui se
défausser. Que va faire Dieu ? Il punit celui qui a engendré tout ce Mal
en déformant le visage de Dieu, en déformant la Parole de Dieu. Cette punition
est éternelle parce qu’il n’y a pas de pardon possible pour cela. Comme chaque
créature, le serpent connaissait Dieu, mais il a menti à son sujet entrainant
l’homme et la femme sur un chemin de défiance et de rébellion. Le Mal est entré
dans le monde ; le Mal est entré dans le cœur de l’homme. Pourtant, Dieu
annonce au serpent : Je mettrai une
hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance :
celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. Le Mal,
dans ce qu’il a de plus fondamental, ne fait pas partie des familiers de
l’homme : il y a une hostilité entre
les deux, hostilité voulue par Dieu. Mieux encore, l’humanité, confrontée au
Mal, pourra l’écraser, lui meurtrir la
tête, dit le texte biblique. Le péché de l’homme et de la femme, bien que
sanctionné à son tour, sera pardonné ; celui du serpent sera définitif.
Nous avons une explication de cela dans
l’évangile, quand Jésus parle du péché
contre l’Esprit Saint [qui] n’aura jamais de pardon. Ce n’est pas une
contradiction dans le discours de Jésus, mais la conséquence logique de ce
péché qui vient à dire de Dieu des choses qui ne sont pas vraies. Le péché
contre l’Esprit, nous en avons une belle illustration dans notre page
d’Evangile : il tient dans ce verset : Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il
expulse les démons. Jésus a montré qu’il venait de Dieu en faisant marcher
un paralysé, en expulsant des démons, et pourtant, ces adversaires l’insultent
en attribuant au Mal lui-même les pouvoirs qu’il tient de Dieu. Ils font à leur
tour ce que faisait le serpent au jardin d’Eden : ils travestissent
l’œuvre de Dieu, ils transforment le Bien en Mal ; ils faussent l’échelle
des valeurs ; ils accusent Jésus d’être
possédé par un esprit impur. Ils provoquent les hommes à se méfier de Dieu
et de son envoyé, Jésus. Tout est pardonnable, sauf cela.
Quel rempart avons-nous alors contre ce péché
impardonnable ? Comment éviter d’être ainsi condamné ? Jésus dans
l’Evangile proclamé en ce dimanche, et la liturgie dans sa prière de ce
dimanche, nous éclairent. La réponse de Jésus, nous l’avons entendu : elle
est celle adressée à la foule qui lui signale que sa famille est là, qui le
cherche : Celui qui fait la volonté
de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. En restant
fidèle à Dieu, malgré les difficultés rencontrées, il n’y a pas de risque de se
tromper sur Dieu. Celui qui fait la volonté de Dieu sait discerner le Bien du
Mal ; celui qui fait la volonté de Dieu, sait reconnaître Dieu à
l’œuvre : il ne risquera pas de confondre Dieu avec l’Adversaire. Celui
qui fait la volonté de Dieu est un familier de Jésus. La réponse de la
liturgie, nous l’entendrons après la communion : c’est l’eucharistie
elle-même, notre communion au Corps et au Sang du Christ qui agit en nous, nous libère de nos penchants
mauvais et oriente notre vie vers le bien. Autrement dit, le meilleur
remède, c’est Jésus lui-même, et le fait pour nous de reconnaître qu’en lui,
Dieu nous donne tout, Dieu nous donne de vaincre définitivement le Mal. En
Jésus, nouvel Adam, Dieu écrase définitivement le Mal et le détruit. Comment
pourrions-nous aujourd’hui dire que cela n’a pas eu lieu ? Comment
pourrions-nous dire, devant tant d’amour manifesté, que Jésus est
possédé ? Comment pourrions-nous ne pas reconnaître, dans le pain et le
vin partagés, la vie offerte du Christ pour notre salut ?
La liturgie de ce dimanche nous remet face à ce
qui est essentiel : l’œuvre d’amour de Dieu pour nous. Œuvre à laquelle
nous pouvons nous raccrocher quand le Mal est à notre porte. Œuvre de laquelle
nous recevons la vie, la force et le courage de suivre Jésus. De lui, nous
apprenons la volonté de Dieu ; avec lui, nous pouvons l’accomplir.
L’eucharistie que nous célébrons nous fait chanter à Dieu notre reconnaissance
pour tout ce qu’il fait pour nous. Armés de sa volonté et forts du Pain de
l’eucharistie, entrons en résistance : que notre désir de Dieu soit
contagieux. Qu’à travers nous, les hommes puissent découvrir le visage
véritable de Dieu et la grandeur de son œuvre d’amour pour tous les hommes.
Amen.
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