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dimanche 14 juillet 2019

15ème dimanche ordinaire C - 14 juillet 2019

Elle est dans ton cœur, cette Parole ! 








          Ecoute la voix du Seigneur ton Dieu ! Cette interpellation faite par Moïse au peuple que Dieu a libéré d’Egypte, nous ramène à l’essentiel de ce qu’est la vie spirituelle : une vie à l’écoute de la Parole de Dieu. Et ce, quel que soit notre âge. Il n’est jamais trop tôt pour commencer ; il n’est pas venu le jour où nous pourrons dire : maintenant, j’arrête, j’en ai fait le tour. Je viens encore d’en faire l’expérience cette semaine, en accompagnant un groupe de collégiens du Séminaire de Jeunes de Walbourg au Mont Sainte Odile pour leur semaine d’adoration. Quel que soit notre âge, nous pouvons approcher cette parole, en tirer une nourriture bonne pour nous, et à partir d’elle, enseigner d’autres, voire édifier d’autres personnes. Le partage d’évangile avec les plus jeunes nous montre, si besoin était, que Dieu parle aussi à leur cœur et à leur intelligence et qu’ils peuvent nous aider à entrer davantage dans la compréhension de cette parole.

            Le frein principal, souvent invoqué pour excuser notre paresse en ce qui concerne la parole de Dieu, c’est le manque de temps. Il faudrait pouvoir dégager de grandes plages de temps pour s’adonner à l’oraison. Je peux entendre l’objection, mais je ne peux m’en satisfaire. D’ailleurs, en juillet et août, périodes de congés en France, l’excuse ne tient plus vraiment, et nous devrions donc voir des fleuves de prière se déverser sur notre pays : ce qui n’est pas vraiment le cas, n’est-ce pas ! Je crains qu’en mettant en avant le temps, certains ne partent du principe que la méditation de la parole de Dieu, ben c’est réservé aux moines et aux moniales qui consacrent une bonne partie de leur journée à la prière. Merci à eux de travailler pour nous ! Pourtant, dans son discours au peuple, Moïse ne parle pas (voire jamais) du temps nécessaire à consacrer à l’écoute de la voix du Seigneur. Il dit simplement : Ecoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi, et reviens au Seigneur ton Dieu de tout cœur et de toute ton âme. Vous pourrez relire la Bible de la Genèse à l’Apocalypse et de l’Apocalypse à la Genèse : vous ne trouverez nulle indication sur le temps à consacrer pour que cela soit efficace. La seule demande, c’est d’é-cou-ter. Avec les moyens que nous avons aujourd’hui, nous pouvons même trouver la bible en audio. Vous imaginez tous ces vacanciers, coincés dans des bouchons sur les routes de leurs vacances, et qui, au lieu de s’invectiver, écouteraient la Bible sur leur autoradio ! Quelle sérénité sur les routes de France ! 

          Ecoutons encore Moïse : Cette Loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces, ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux… elle n’est pas au-delà des mers… Il est malin, Dieu, avec sa parole. Il ne la cache pas, il l’offre. Dans toute la bible, il ne cesse de parler. A nos cœurs égarés, il ne cesse de parler. A nos esprits embrumés, il ne cesse de parler. L’entendons-nous seulement ? Il nous parle par ce frère dont la rencontre nous a fait du bien ; il nous parle par ce frère qui a besoin de nous et qui attend un geste ; il nous parle par ces migrants qui frappent à la porte de l’Europe et que nos pays se renvoient comme une balle de tennis. Il nous parle par mille et une choses qui nous arrivent quotidiennement, mais nous ne le reconnaissons pas. Nous ne l’entendons pas. Et je ne suis même pas sûr qu’une opération « coton-tige » serait des plus efficaces. Il règne une espèce de surdité volontaire et pleinement assumée en ce qui concerne la parole de Dieu. C’est comme un acouphène ; on entend bien le bruit de fond, quelquefois il nous gêne, mais le plus souvent on s’en accommode. On n’y prête plus guère attention. Et c’est là qu’on reconnaît tout le génie de Dieu : il ne nous lâche pas avec sa parole, il nous la rend intime : Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. Ce petit bruit de fond qui nous gêne, il suffirait que nous y soyons attentifs pour y discerner cette Parole murmurée à notre cœur. Elle deviendrait alors source jaillissante de vie éternelle en nous. Venant du fond de nos cœurs, elle monterait jusqu’à nos lèvres et nous n’aurions plus que des paroles utiles, bienfaisantes pour les autres ! Pour ceux et celles qui ne sont ni moines, ni moniales, chaque petit moment perdu pourrait devenir un petit moment d’oraison qui aurait sa fécondité propre. A force d’accumuler un petit temps de-ci de-là, nous aurions tous un sacré temps consacré à cette Parole dont nous disons qu’elle nous est vitale. 

Elle est dans ta bouche, elle est dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique. Comment dire mieux que cette Parole, nous devons d’abord la considérer pour nous ? En effet, parmi ceux qui citent souvent la Bible, je constate, hélas, qu’ils ont souvent « une bonne parole » pour telle voisine qui ne leur veut pas que du bien, pour tel voisin qui vit de manière bizarre ; mais ils n’en ont jamais pour eux. Or, nous dit Moïse, si Dieu met sa Parole en nous, c’est d’abord pour notre propre conversion, pour notre propre vie. Elle n’est pas faite pour mettre en lumière en place publique tout ce que les autres devraient changer, mais pour me faire comprendre, au plus intime de moi, ce que je dois changer pour être un authentique membre du peuple que Dieu se donne. Cette parabole du bon samaritain, que Jésus raconte aujourd’hui, est bien donnée pour que nous comprenions ce que nous devons changer dans notre vie : notre regard sur ceux dont nous croisons la route, notre regard sur les règles que nous nous donnons. Elle nous fait comprendre que nous ne devons pas rechercher qui est notre prochain, mais de qui nous pouvons nous faire le prochain. Elle est pour nous, pour chacun, pour que nous nous appliquions cette parole à nous, pour être de meilleurs serviteurs pour nos frères. Et non l’inverse !  

Pour y parvenir, profitons de chaque moment, qu’il soit long ou petit, pour retrouver en nous cette Parole que nous égarons si souvent ; retrouvons-la pour en vivre. Retrouvons-la pour nous en nourrir. Retrouvons-la ; elle nous guidera mieux que personne vers le Royaume où Dieu nous attend. Amen.






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