Ecoute la voix du Seigneur ton Dieu !
Cette
interpellation faite par Moïse au peuple que Dieu a libéré d’Egypte, nous
ramène à l’essentiel de ce qu’est la vie spirituelle : une vie à l’écoute
de la Parole de Dieu. Et ce, quel que soit notre âge. Il n’est jamais trop tôt
pour commencer ; il n’est pas venu le jour où nous pourrons dire :
maintenant, j’arrête, j’en ai fait le tour. Je viens encore d’en faire
l’expérience cette semaine, en accompagnant un groupe de collégiens du
Séminaire de Jeunes de Walbourg au Mont Sainte Odile pour leur semaine
d’adoration. Quel que soit notre âge, nous pouvons approcher cette parole, en
tirer une nourriture bonne pour nous, et à partir d’elle, enseigner d’autres,
voire édifier d’autres personnes. Le partage d’évangile avec les plus jeunes
nous montre, si besoin était, que Dieu parle aussi à leur cœur et à leur
intelligence et qu’ils peuvent nous aider à entrer davantage dans la
compréhension de cette parole.
Le frein principal, souvent invoqué
pour excuser notre paresse en ce qui concerne la parole de Dieu, c’est le
manque de temps. Il faudrait pouvoir dégager de grandes plages de temps pour
s’adonner à l’oraison. Je peux entendre l’objection, mais je ne peux m’en
satisfaire. D’ailleurs, en juillet et août, périodes de congés en France,
l’excuse ne tient plus vraiment, et nous devrions donc voir des fleuves de
prière se déverser sur notre pays : ce qui n’est pas vraiment le cas,
n’est-ce pas ! Je crains qu’en mettant en avant le temps, certains ne
partent du principe que la méditation de la parole de Dieu, ben c’est réservé
aux moines et aux moniales qui consacrent une bonne partie de leur journée à la
prière. Merci à eux de travailler pour nous ! Pourtant, dans son discours
au peuple, Moïse ne parle pas (voire jamais) du temps nécessaire à consacrer à
l’écoute de la voix du Seigneur. Il dit simplement : Ecoute la voix du
Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans
ce livre de la Loi, et reviens au Seigneur ton Dieu de tout cœur et de toute
ton âme. Vous pourrez relire la Bible de la Genèse à l’Apocalypse et de
l’Apocalypse à la Genèse : vous ne trouverez nulle indication sur le temps
à consacrer pour que cela soit efficace. La seule demande, c’est d’é-cou-ter.
Avec les moyens que nous avons aujourd’hui, nous pouvons même trouver la bible
en audio. Vous imaginez tous ces vacanciers, coincés dans des bouchons sur les
routes de leurs vacances, et qui, au lieu de s’invectiver, écouteraient la
Bible sur leur autoradio ! Quelle sérénité sur les routes de France !
Ecoutons encore Moïse : Cette Loi que je te prescris aujourd’hui
n’est pas au-dessus de tes forces, ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans
les cieux… elle n’est pas au-delà des mers… Il est malin, Dieu, avec sa
parole. Il ne la cache pas, il l’offre. Dans toute la bible, il ne cesse de
parler. A nos cœurs égarés, il ne cesse de parler. A nos esprits embrumés, il
ne cesse de parler. L’entendons-nous seulement ? Il nous parle par ce
frère dont la rencontre nous a fait du bien ; il nous parle par ce frère
qui a besoin de nous et qui attend un geste ; il nous parle par ces
migrants qui frappent à la porte de l’Europe et que nos pays se renvoient comme
une balle de tennis. Il nous parle par mille et une choses qui nous arrivent
quotidiennement, mais nous ne le reconnaissons pas. Nous ne l’entendons pas. Et
je ne suis même pas sûr qu’une opération « coton-tige » serait des
plus efficaces. Il règne une espèce de surdité volontaire et pleinement assumée
en ce qui concerne la parole de Dieu. C’est comme un acouphène ; on entend
bien le bruit de fond, quelquefois il nous gêne, mais le plus souvent on s’en
accommode. On n’y prête plus guère attention. Et c’est là qu’on reconnaît tout
le génie de Dieu : il ne nous lâche pas avec sa parole, il nous la rend
intime : Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta
bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. Ce petit bruit
de fond qui nous gêne, il suffirait que nous y soyons attentifs pour y
discerner cette Parole murmurée à notre cœur. Elle deviendrait alors source
jaillissante de vie éternelle en nous. Venant du fond de nos cœurs, elle
monterait jusqu’à nos lèvres et nous n’aurions plus que des paroles utiles,
bienfaisantes pour les autres ! Pour ceux et celles qui ne sont ni moines,
ni moniales, chaque petit moment perdu pourrait devenir un petit moment
d’oraison qui aurait sa fécondité propre. A force d’accumuler un petit temps
de-ci de-là, nous aurions tous un sacré temps consacré à cette Parole dont nous
disons qu’elle nous est vitale.
Elle est dans ta bouche, elle est dans ton
cœur afin que tu la mettes en pratique. Comment dire mieux que cette Parole, nous
devons d’abord la considérer pour nous ? En effet, parmi ceux qui citent
souvent la Bible, je constate, hélas, qu’ils ont souvent « une bonne
parole » pour telle voisine qui ne leur veut pas que du bien, pour tel
voisin qui vit de manière bizarre ; mais ils n’en ont jamais pour eux. Or,
nous dit Moïse, si Dieu met sa Parole en nous, c’est d’abord pour notre propre
conversion, pour notre propre vie. Elle n’est pas faite pour mettre en lumière
en place publique tout ce que les autres devraient changer, mais pour me faire
comprendre, au plus intime de moi, ce que je dois changer pour être un
authentique membre du peuple que Dieu se donne. Cette parabole du bon
samaritain, que Jésus raconte aujourd’hui, est bien donnée pour que nous
comprenions ce que nous devons changer dans notre vie : notre
regard sur ceux dont nous croisons la route, notre regard sur les règles que
nous nous donnons. Elle nous fait comprendre que nous ne devons pas rechercher
qui est notre prochain, mais de qui nous pouvons nous faire le prochain. Elle
est pour nous, pour chacun, pour que nous nous appliquions cette parole à nous,
pour être de meilleurs serviteurs pour nos frères. Et non l’inverse !
Pour y parvenir, profitons de chaque
moment, qu’il soit long ou petit, pour retrouver en nous cette Parole que nous
égarons si souvent ; retrouvons-la pour en vivre. Retrouvons-la pour nous
en nourrir. Retrouvons-la ; elle nous guidera mieux que personne vers le
Royaume où Dieu nous attend. Amen.
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