Avez-vous remarqué comme Jérémie est confiant alors même qu’il doit affronter la rage de ses ennemis ? Bien qu’il soit attaqué de toute part, il garde une grande confiance en Dieu, en qui il a mis toute son espérance et de qui il attend le salut. Si on rapproche alors ce texte de l’Evangile de ce dimanche, il devient évident qu’un mot d’ordre se dégage qui doit nous inspirer aujourd’hui : Ne craignez pas ! Autrement dit : N’ayez pas peur !
En trois mots, voilà plus qu’un slogan ; en trois mots, voilà donné pour nous et les hommes de notre temps, une vraie règle de conduite. Après le temps du confinement, après les temps un, puis deux du déconfinement, voilà un appel qu’il nous faut entendre comme étant vraiment Parole de Dieu pour nous aujourd’hui, Parole qui nous sauve, Parole qui nous libère. Je peux comprendre la prudence ; je peux entendre et accepter la nécessité de gestes barrières, de mesures de distanciation physique, toutes choses utiles. Mais je ne peux accepter que l’on ait plongé des contingents entiers de nos compatriotes dans une peur telle que, même lorsqu’ils ne font pas partis des personnes fragiles ou à risque, les voilà auto-confinés, prisonniers volontaires et apeurés, ne se risquant même plus à faire les courses élémentaires, par peur de… Vous comprenez, même si je sais être très prudent, je peux être contaminé par l’insouciance d’un autre ; donc je reste chez moi, je ne vois personne, je n’accueille personne. Je me replie, je m’enferme, je me protège. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : peur et prudence sont aussi éloignées l’une de l’autre que peuvent l’être le ciel et la terre. Il est vrai que les discours des politiques, les positions souvent contradictoires des scientifiques et l’égrenage quotidien du nombre de morts durant cette pandémie, sans donner en contrepartie le nombre de guéris et maintenant les plaintes en justice parce qu’il faut bien un ou des coupables, ont contribué à distiller la peur. Le problème c’est que cet instrument de gouvernement par défaut qu’est la peur, s’est installé durablement dans l’esprit de certains et nous sommes bien en peine d’en mesurer les dégâts aujourd’hui. Mais je crains bien qu’ils ne soient pires que ceux du virus dont nous cherchons tous à nous protéger.
Ne craignez pas ! Il nous faut accueillir cette parole du Christ comme une vraie libération. Elle n’est pas une invitation à faire n’importe quoi, ni à ignorer les règles d’hygiène de base. Elle est une invitation à ne pas oublier que nous sommes dans la main de Dieu et nous avons du prix pour lui : Soyez sans crainte, vous valez plus qu’une multitude de moineaux. En ces temps difficiles, il nous faut retrouver la confiance d’un prophète Jérémie qui savait encore se confier à Dieu alors que, tout autour de lui, tous cherchaient à lui nuire, amis comme ennemis. En ces temps difficiles, il nous faut avoir la confiance du psalmiste qui chante la tendresse et la miséricorde de Dieu à son égard : Dans ta grande tendresse, regarde-moi ; il est bon ton amour. En ces temps difficiles, il nous faut avoir la confiance que le Christ nous demande de vivre, confiance qu’il a vécu le premier lorsqu’il était cloué en croix : Père, en tes mains, je remets mon esprit. La foi en Dieu, qui a livré son Fils pour notre salut, nous ouvre à cette confiance essentielle et primordiale ; elle nous redit que Dieu veut notre bien ; elle nous dit que Dieu veut notre vie marquée du sceau de l’éternité. Foi et confiance ont d’ailleurs la même racine, de sorte qu’on ne peut avoir l’une sans vivre l’autre. L’expérience de Jérémie, l’expérience du Christ lui-même, nous disent que Dieu ne veut pas notre malheur et qu’en conséquence notre confiance en lui doit être totale. Comment vaincre le mal si nous ne lui accordons pas cette confiance ? Comment accueillir son Esprit en nous, si nous ne lui accordons pas cette confiance ? La peur et la foi, c’est comme l’huile et l’eau : ça ne va pas ensemble ! La peur est la négation de la confiance ; la confiance est le remède à la peur.
Ne craignez pas ! Plus que jamais, il nous faut entrer dans cette confiance primordiale si nous voulons vaincre le Mal. Plus que jamais, il nous faut entrer dans cette confiance essentielle si nous ne voulons pas voir notre vie sociale complètement détruite. Plus que jamais, il nous faut entrer dans cette confiance absolue en Dieu qui veut pour nous la vie si nous ne voulons pas nous enfermer davantage dans des postures mortifères. Le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés. Que cette parole du psalmiste nous inspire et nous guide. Amen.
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