Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur.
Encore en pleine période Covid, nous n’allons pas discuter ici, comme les pharisiens, de l’utilité ou non de se laver soigneusement les mains avant le repas. Si l’éducation de vos parents ne vous a pas aidé à avoir une idée claire sur le sujet, peut-être que les recommandations sanitaires de ces derniers mois vous auront permis de vous faire une opinion sur la question. Non, ce qui devrait nous préoccuper davantage, c’est cet autre verset de l’évangile de ce dimanche, bien plus lourd de conséquence pour nous : rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur.
Pourquoi ce verset est-il lourd de conséquence pour nous ? Parce qu’il nous empêche de dire que le mal, l’impur, vient du dehors ; autrement dit, qu’il n’est pas de notre faute ! Jésus nous le dit clairement : c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses… Tout le mal vient du dedans, et rend l’homme impur. Voilà pour tous ceux qui se croient purs, meilleurs que les autres, à l’abri du mal. Le mal est tapi dans le cœur de l’homme ; il est prompt à en sortir dès que l’homme ouvre la bouche, il est prompt à en sortir dès que l’homme pose un regard mauvais ou envieux sur ses frères. Nous sommes tous des malfaiteurs en puissance si nous ne savons pas dominer notre cœur, dominer notre bouche, dominer notre regard. C’est ce que nous voyons ou pas, c’est ce que nous disons ou pas, c’est ce que nous faisons ou pas, qui répand le mal hors de notre vie. Il nous faut en être conscient. Ce n’est pas l’autre qui est cause, quand bien même il commencerait à nous asticoter. Non, nous sommes les seuls responsables du mal que nous faisons. Car si le mal est tapi en nous, le bien l’est tout autant, et c’est bien nous qui choisissons de suivre l’une ou l’autre voie.
C’est là que la première lecture prend toute son importance. Moïse, en effet, donne la clé du salut au peuple qu’il a libéré d’Egypte. Et cette clé, c’est notre capacité à garder en nous la Parole de Dieu, ses décrets et ordonnances [qu’il a] enseigné pour que [nous les mettions] en pratique. Pour être tout-à-fait clair, quand Dieu parle, ce ne doit pas être en vain pour l’homme. Quand Dieu donne un commandement, ce n’est pas pour que l’homme dise : oui, bon, si j’ai le temps, si j’en ai l’envie, je le respecterai. Ces commandements du Seigneur sont notre sagesse et notre intelligence. C’est faire preuve de bêtise que d’entendre la Parole de Dieu et de ne pas en vivre. Et pour ceux qui pensent que le livre du Deutéronome étant de l’Ancien Testament, ne concerne pas le peuple du Nouveau Testament que nous sommes, saint Jacques rappelle opportunément dans la seconde lecture que Dieu a voulu nous engendrer par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures. Voici qui nous confère une responsabilité encore plus grande vis-à-vis de ceux qui ne connaissent pas Dieu, puisque Dieu a fait de nous les premiers fruits, ceux qui doivent servir d’exemple à tous les autres. Nous ne pouvons pas davantage que le peuple du Premier Testament ignorer sciemment la Parole de Dieu ; nous ne pouvons pas davantage que le peuple du Premier Testament ne pas mettre cette Parole en pratique. Elle est, au cœur de notre vie, l’arme que Dieu nous donne pour étouffer en nous le mal et laisser germer et fleurir le bien. Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Tout est dit ; tout est clair. Sans la Parole de Dieu, nous allons à notre perte. Sans la Parole de Dieu, impossible de résister au mal qui est en nous. Sans la Parole de Dieu accueillie et vécue, pas de salut possible pour celui qui marche avec Dieu.
Pour
dire les choses encore autrement, la foi n’est pas une question d’affichage ou
de façade. La foi, l’attachement à Dieu, c’est une question de cœur. C’est là
que doit être manifeste la présence de Dieu. Quand Dieu est au fond de notre cœur,
il peut agir par nos mains, il peut se dire par nos mots. Mais s’il n’est que
sur nos lèvres, il ne peut agir ni par nous, ni en nous. Soyons ce peuple
sage et intelligent que Dieu veut rassembler. Soyons cette grande nation
dont les décrets et les ordonnances sont aussi justes que toute la Loi que le Seigneur nous donne et nous demande de vivre. Amen.