L'heure du choix sonne toujours.
Le dernier passage de l’évangile de Jean que nous entendons en ce temps d’été, nous rappelle que l’heure du choix sonne toujours. Tôt ou tard, dans notre vie de croyants, nous devons nous décider de manière ferme : pour Jésus ou pas. Le conflit que nous rapporte Jean n’oppose pas Jésus à ses adversaires habituels : sadducéens ou pharisiens. Il oppose à Jésus ses propres disciples, pas les Douze qu’il a choisis, mais ceux qui le suivent de villages en villages, ceux qui ont couru après lui quand il s’était embarqué pour aller sur l’autre rive. Ils étaient heureux de l’écouter ; ils étaient contents d’avoir eu à manger gratuitement. Mais là, depuis quelques temps, les paroles de Jésus se font curieuses jusqu’à devenir rudes. Avec ce constat : Qui peut l’entendre ? Il y a un je-ne-sais-quoi de c’en est trop qui flotte dans l’air.
L’heure du choix n’est pas nouvelle. Elle parcourt toute la Parole de Dieu. Elle avait sonné pour Abraham dans ses vieux jours quand le Seigneur l’a appelé à tout quitter pour le suivre vers une Terre promise. Elle avait sonné pour Moïse quand Dieu l’a appelé depuis le buisson ardent pour qu’il aille libérer son peuple. Elle avait sonné pour ce peuple à la nuque raide qui s’était détourné de son libérateur en faisant fondre un veau d’or. Elle a sonné à nouveau après l’installation en terre promise. Nous l’avons entendu en première lecture. S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. Nous ne saurions poser plus clairement la question. Remarquez ce détail : quand sonne l’heure du choix, l’homme ne peut s’abstenir ; il doit se déterminer. Il doit servir quelqu’un, et ne peut se servir lui-même. C’est ou les dieux des pères, ou les dieux des Amorites, ou le Seigneur. L’homme ne peut vivre sans Dieu. Et surtout, il n’est pas possible qu’il soit son propre Dieu. Ce serait son erreur la plus grave, son illusion la plus grande. L’homme doit nécessairement avoir quelqu’un au-dessus de lui, quelqu’un qu’il reconnaît comme son origine, comme la source de sa vie, comme la référence de ses grandes décisions. Cela ne peut être lui-même ! L’homme n’est pas fait pour être auto-thé !
Quand sonne l’heure du choix, il faut donc se déterminer. Mais quel critère de discernement ? Sur quoi faire reposer notre choix ? Juste sur une parole peut-être mal comprise ou mal interprétée ? Acceptons-nous d’être bousculés par Dieu ou ne voulons-nous qu’une religion pour bisounours, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Dieu le premier ? Quand la Parole de Dieu se fait rude, est-ce un motif pour dire : c’est assez et tout plaquer ? Jésus insiste auprès de ces disciples : Cela vous scandalise ? Mais que direz-vous quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était avant ? La foi ne peut pas juste reposer sur de belles paroles ; la foi n’est pas l’opium des peuples. Le jour où ce qu’affirme notre foi ne nous dérangera plus, le jour où ce qu’affirme notre foi ne nous interrogera plus, de deux choses l’une : ou nous serons morts (notre foi et notre espérance seront accomplies), ou nous aurons cessé de croire véritablement. Les paroles rudes de Jésus sont là pour réveiller notre foi, pour nous interroger toujours et encore, pour nous remettre en mouvement si d’aventure nous nous étions assoupis. Elles font partie de ces paroles de la vie éternelle. Ne plus vouloir les entendre, n’est-ce pas déjà renoncer à cette vie éternelle dont elles sont la promesse ? Quand sonne l’heure du choix, nous pouvons redire avec le peuple élu : Nous aussi nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. Quand sonne l’heure du choix, il n’y a que la réponse de Pierre à reprendre à notre compte, si c’est bien le Christ que nous voulons suivre : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Les
temps difficiles que nous vivons depuis plus d’un an et demi sont un moment
favorable pour entendre sonner l’heure du choix. Rien de mieux qu’un temps de
crise pour préciser notre horizon ; rien de mieux qu’un temps de crise
pour retrouver ce qui nous fait vivre ; rien de mieux qu’un temps de crise
pour redéfinir nos priorités. Le monde d’après, dont plus personne ne nous
parle, aura besoin d’hommes et de femmes sûrs, bien orientés, bien guidés, qui
ont une conscience claire de celui qui donne sens à la vie des hommes. En réaffirmant
notre attachement au Christ Sauveur, qui a livré sa vie par amour de tous les
hommes, nous reconnaîtrons en lui la source de notre vie, et dans sa Parole le
lieu de notre discernement. Avec lui, nous ne pouvons pas nous tromper, puisqu’il
est celui qui ne peut se tromper ni nous tromper. Comment pourrions-nous aller
à quelqu’un d’autre, puisqu’il est le seul qui nous libère du péché et de la
mort ? Comment pourrions-nous aller à quelqu’un d’autre, puisqu’il est le
seul qui a donné sa vie pour nous ? Nous avons largement pu goûter et voir comme est bon le Seigneur. Quel intérêt à goûter moins bon ? Quel intérêt à voir moins beau ?
Nous croyons et nous savons que [Jésus est] le Saint de Dieu. Avec lui, nous
avons tout. Continuons à le suivre et à l’écouter. Il en va de notre vie. Amen.
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