Le prophète Daniel a annoncé la couleur dans le Premier Testament : la gloire sera donnée à un Fils d’homme… Il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent… sa royauté ne passera pas. A la fin du Nouveau Testament, le Livre de l’Apocalypse de Jean chante le Christ à qui appartiennent la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Il n’en faut pas plus pour fonder cette célébration du Christ, Roi de l’univers qui termine notre année liturgique. Une ultime solennité pour nous rappeler que tout ce que nous avons vécu va vers son achèvement. Et cet achèvement, ce n’est pas la gloire de l’Eglise ; elle n’a plus rien de très glorieux depuis le 5 octobre de cette année. Notre histoire est tendue vers la Gloire du Christ, son retour triomphal quand le Mal sera définitivement vaincu. L’horizon de l’histoire des hommes, c’est la souveraineté du Christ reconnue sur tous les peuples de la terre.
J’entends la critique : quelle prétention est ainsi exprimée ! Mais ce n’est pas une prétention. Le Dieu qui est à l’origine de toute vie porte le désir que toute vie soit en communion avec lui ; et pour que son dessein de salut se réalise pour tous, il a livré son Fils. Il n’est que justice que la Royauté soit au Christ, qui par amour a livré sa vie sur la croix. Il est préférable pour tous que règne sur le monde, quand l’histoire des hommes sera récapitulée, Celui qui a tant aimé le monde, celui qui a livré sa vie pour la vie du monde. Sa royauté sera une royauté d’amour. Celui qui aime comme le Christ aime, n’abuse jamais de son pouvoir. Celui qui aime comme le Christ aime, ne recherche pas son intérêt, mais le bien, la vie pour tous. Ayant vaincu le Mal et la Mort, il est digne de régner sur les hommes qu’il sauve par son sacrifice. Avec son règne commence une ère nouvelle, un monde enfin libéré de la corruption, où les hommes vivront en paix. Ce n’est pas une utopie, c’est notre espérance. Notre foi ne vaut rien sans cette espérance fondée sur la charité du Christ pour tout homme. Confesser le Christ, Roi de l’univers, c’est reconnaître qu’il est le seul à pouvoir apporter au monde paix et unité. Il n’est pas venu pour lui ; il n’est pas venu pour le pouvoir ; il est venu pour gagner tous les hommes à la vraie vie.
Quand nous parlons du Christ, Roi de l’univers, prenons garde à ne pas le comparer aux rois et aux puissants qui dirigent notre monde. En nous faisant entendre l’échange entre Jésus et Pilate au moment de la Passion du Christ, la liturgie nous rappelle fort justement que la royauté du Christ n’est pas de ce monde. Elle ne ressemble en rien à ce que les hommes ont pu connaître par le passé ; elle ne ressemble en rien à ce qu’ils peuvent connaître aujourd’hui. Ce n’est pas un pouvoir qui se défend par les armes ; ce n’est pas une royauté qui fait s’affronter des hommes. Comme le chantera si bien la préface de cette solennité, le règne du Christ est un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix. Qui ne désirerait aujourd’hui vivre sous un tel règne ? Qui pourrait préférer aujourd’hui la mort et le mensonge, la force brutale et la vilénie, l’injustice, la haine et la guerre ? A ceux qui malheureusement pas d’autre choix que de vivre ainsi en ce moment, la solennité du Christ, Roi de l’univers vient rappeler qu’un monde meilleur est possible, que le Mal n’aura jamais le dernier mot. Nous savons que l’entretien entre Jésus et Pilate n’a pas permis le triomphe de la vérité, et que Jésus a dû porter sa croix jusqu’au Calvaire. Mais nous savons aussi, par la foi, que sa mort n’a pas été la fin de son histoire ; nous savons que sa mort n’a pas sonné la fin de l’espérance des hommes en un monde plus juste. Celui qui a aimé le monde jusqu’à donner sa vie pour lui, Dieu lui a rendu la vie, Dieu l’a ressuscité pour qu’il règne sur le monde, pour que le rêve des Béatitudes devienne réalité, pour que les hommes se reconnaissent frères en celui qu’ils ont conduit à la croix. Seule la puissance de l’amour du Christ peut sauver notre monde. Seule la puissance de l’amour du Christ peut nous libérer du Mal qui ronge notre cœur. Seule la puissance de l’amour du Christ peut nous conduire vers Dieu et nous permettre de connaître enfin la joie parfaite.
Depuis une année, nous avons suivi Jésus
grâce à Marc et à Jean qui nous ont fait découvrir Celui qu’ils ont eux-mêmes servi.
A notre tour, devenons ses témoins ; racontons au monde les merveilles qu’il
a réalisé pour tout homme. Travaillons à l’édification de son règne, dès
maintenant, pour que tous les hommes puissent le reconnaître quand il viendra
dans sa Gloire. Que ce titre attribué au Christ ne soit plus compris comme une
prétention, mais comme la seule réalité possible. Amen.
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