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lundi 1 novembre 2021

TOUSSAINT - 01er novembre 2021

 Parler de sainteté après le rapport Sauvé ?





(Source internet : sagesse-orthodoxe.fr)




            N’aurions-nous pas dû annuler la fête de la Toussaint en France cette année ? Comment croire en une quelconque sainteté chez les hommes, chez les catholiques, après la publication du rapport Sauvé ? Ces questions me semblent légitimes et pourtant, quand nous sommes confrontés au mystère du Mal dans toute son horreur, sans doute est-ce là l’unique porte de sortie pour l’Eglise : réaffirmer avec force à tous ses membres à quoi nous sommes appelés. Pour combattre le Mal absolu, il faut une sainteté absolue. 

            Cette sainteté absolue ne se trouve pas naturellement chez les hommes. Nous pouvons le regretter, nous pouvons estimer que le meilleur devrait toujours ressortir chez l’homme, et particulièrement chez celui qui se dit croyant en Dieu. Mais nous savons tous, par expérience personnelle, que cela n’est pas vrai. Même saint Paul a écrit dans sa lettre aux Romains (7, 19) : Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. Le Mal est tapi dans notre cœur, et nous cédons, avec plus ou moins de gravité, à sa présence. Mais le Mal reste le Mal, qu’il soit grand ou petit ; le péché reste le péché, qu’il soit mignon ou mortel. Nous avons redécouvert, avec horreur, cette réalité ! Le Mal existe, même en ceux qui sont censés le combattre avec le plus de fougue, avec le plus de zèle : les personnes engagées en Eglise. 

            Si la sainteté absolue n’existe pas en l’homme, serait-elle alors un mythe ? Non, la sainteté absolue existe bien, en Dieu. Dieu est saint, Dieu est bon, Dieu est toujours du côté de la vie, Dieu est toujours du côté du faible à protéger. Les Béatitudes que nous lisons chaque année en cette solennité de la Toussaint sont peut-être d’abord le rappel de la manière d’être de Dieu avec nous ; et puisque Dieu est ainsi avec nous, nous pouvons, avec sa grâce, avec son aide, vivre cela avec les autres. Il est le premier qui pleure avec ceux qui pleurent ; il est le premier parmi les doux ; il est le premier assoiffé et affamé de justice ; il est le Miséricordieux ; il est le premier cœur pur parce qu’il n’y a pas même l’ombre du Mal en lui ; il est l’artisan de paix par excellence invitant sans cesse l’homme à vivre en alliance avec lui et avec les autres ; il est le premier persécuté à cause de la justice, à cause de sa justice au sens où l’homme le supprime facilement dès lors que l’art de vivre voulu par Dieu dérange les hommes ; il est le premier insulté chaque fois qu’un humain est insulté, persécuté à cause de sa foi. 

            Si la sainteté absolue n’existe qu’en Dieu, pouvons-nous seulement espérer l’approcher puisqu’elle ne nous est pas naturelle ? La réponse nous a été donnée par Jean, dans sa première lettre : Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Notre sainteté est un don que Dieu nous fait. Par le baptême, nous accueillons cette sainteté de Dieu en nous. Le premier nom que se donnaient les chrétiens, au commencement de l’Eglise, c’était ‘les Saints’. Et c’est peut-être justement parce que la sainteté est un cadeau de Dieu pour nous que nous pouvons comprendre pourquoi nous ne l’utilisons pas en permanence, pourquoi nous n’en vivons pas tout le temps. Réfléchissez un instant : combien de cadeaux avez-vous reçu durant votre vie ? Les avez-vous tous conservés ? Les utilisez-vous tous encore quotidiennement ? Je crains qu’il en soit de même pour les dons que Dieu nous fait. Il nous arrive de les oublier ; il nous arrive de les rejeter plus ou moins intentionnellement. Quand je cède au Mal, j’étouffe cette sainteté, je l’ignore, me rendant moi-même impuissant à lutter contre le Mal. Pour sortir de la crise que traverse l’Eglise de France, il nous faut à tous, retrouver cette sainteté que Dieu nous donne ; il nous faut retrouver cette amitié fondamentale avec Dieu pour faire triompher le bien en nous d’abord pour qu’il puisse triompher enfin dans le monde. Ce n’est pas parce que nous avons approché le Mal absolu que tout est fini de l’homme. La miséricorde de Dieu est plus grande que le Mal le plus grand. Dieu ne cesse pas de nous aimer parce que nous avons cédé au Mal ; il déploie davantage d’amour pour nous, pour que nous ressentions les bienfaits de cet amour et que nous renoncions au Mal, définitivement. 

            Il nous faut donc, plus que jamais, célébrer cette Toussaint. Il nous faut, plus que jamais, retrouver le projet d’amour de Dieu pour chacun. Ce projet, c’est que nous soyons vraiment des hommes et des femmes libérés du Mal. C’est le Christ qui nous obtient cette libération par le don de sa vie sur la croix et par sa Résurrection. Parce qu’il nous aime, parce qu’il nous veut libre, il a affronté le Mal absolu ; en lui, nous avons la certitude de notre victoire sur le Mal, si nous nous attachons à lui d’un cœur résolu. Ils sont nombreux, depuis ce jour, les hommes, les femmes et les enfants qui ont démontré la beauté d’une vie entièrement donnée au Christ et aux hommes : ils sont les saints que nous célébrons aujourd’hui. Ils sont nombreux, les chemins qu’ils nous indiquent pour vivre libres de tout Mal. Relire leur vie nous donnera le courage d’ajuster la nôtre à la Parole du Dieu saint ; ainsi nous vivrons toujours plus cette sainteté qu’il nous offre. Ainsi nous combattrons le Mal avec efficacité. C’est une certitude. Amen.

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