L'amour, toujours l'amour, seulement l'amour !
Dimanche dernier, Paul expliquait aux chrétiens de Rome les effets immédiats du baptême, à savoir qu’il nous unit à la mort et à la résurrection de Jésus et que ce plongeon dans la mort et la résurrection du Christ nous amenait à vivre une vie nouvelle. Il poursuit aujourd’hui en insistant sur cette opposition entre la chair et l’Esprit Saint.
Ces catégories peuvent aujourd’hui nous échapper. Nous pourrions dire que Paul se situe dans la veine de l’enseignement de Jésus quand il disait à ses disciples qu’ils n’étaient pas du monde, le monde étant entendu comme cet espace où l’homme vit sans Dieu. Les disciples, qui ont fait le choix de suivre Jésus et de vivre selon son enseignement, n’appartiennent plus à ce monde sans Dieu, puisque Jésus est l’envoyé de Dieu sur terre pour ouvrir aux hommes le chemin du salut. Ils sont dès lors invités à vivre conformément à ce monde de Dieu que Jésus inaugure et qu’il rendrait accessible à tous par son sacrifice sur la croix. De même pour Paul, celui qui vit selon la chair, vit selon les passions humaines, alors que celui qui vit selon l’Esprit, vit selon l’Evangile du Christ. Vivre de l’Esprit, c’est donc vivre de cet Esprit qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. C’est vivre de la puissance de la résurrection. Pour être bien clair, être baptisé devient ainsi plus qu’un moment de notre vie, et même plus qu’un état. Être baptisé, c’est un art de vivre qu’il nous faut déployer ! C’est cet art de vivre qui traduira notre foi ; c’est cet art de vivre qui montrera aux hommes ce qui fait notre particularité, notre originalité. Paul l’affirme sans détours : par l’Esprit, tuez les agissements de l’homme pécheur. Cela peut sembler violent, mais y a-t-il une autre solution pour le croyant au Christ que de vivre selon l’Esprit du Christ ?
L’Esprit du Christ selon lequel il nous faut vivre ne nous est pas inconnu. Il y a bien sûr la charité envers tous, l’attention aux plus petits, le respect de toute vie, le combat de ce qui est mal et qui entraîne au mal. Nous pouvons alors relire l’évangile du jugement dernier du même évangéliste Matthieu qui nous fait bien entendre le Christ ressuscité revenant dans la gloire nous interroger : j’avais faim, j’avais soif, j’étais nu, j’étais un étranger, j’étais malade, j’étais en prison : qu’as-tu fais pour moi, ou que n’as-tu pas fait pour moi ? Remarquons bien qu’il n’est pas ici question de prière, de messe du dimanche, de pèlerinage ou d’acte principalement religieux, mais uniquement d’actes humanitaires. Nous pourrions résumer toutes ces questions par cette unique question : as-tu aimé toutes les personnes que j’ai mises sur ton chemin et qui venaient vers toi en mon nom ? As-tu su me reconnaître en eux, moi qui suis devenu humain pour que tu puisses devenir Dieu ?
Nous pouvons maintenant entendre à nouveau Jésus parler du joug qu’il nous propose de porter, son joug. Ceux qui ont pu visiter l’écomusée par exemple, ou un corps de ferme qui a conservé les outils anciens, savent qu’un joug n’est jamais léger. Et pourtant dit Jésus, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. Comment peut-il affirmer cela ? Il le peut parce qu’il porte ce joug lui-même : c’est le joug de l’immense amour Dieu pour son peuple, amour que nous sommes invités à vivre et à partager en retour. L’amour n’est un fardeau trop lourd que pour les personnes qui se referment sur elles et qui refusent de voir en chacun quelqu’un à aimer. L’amour n’est lourd à porter qu’à ceux qui refusent d’aimer et de se laisser aimer. On pourrait en conclure que l’amour n’est lourd à porter que par ceux qui refusent d’accueillir l’Amour qui vient de Dieu.
L’enseignement du Christ et des plus
grands saints de l’histoire de l’Eglise est constant et clair à ce sujet :
un disciple du Christ ne saurait ne pas aimer, ne saurait ne pas aimer tous et
chacun de ceux qui croisent sa vie. Il ne s’agit pas de les aimer tous d’un amour
charnel, mais bien de cet amour qui nous vient de Dieu et qui ne fait pas de
différence entre les personnes. Je ne peux donc me contenter de n’aimer que
ceux qui m’aiment ; je ne peux me contenter de n’aimer que ceux que je
choisis d’aimer. Être baptisé, être disciple du Christ, vivant sous l’emprise
de l’Esprit Saint, entraine pour nous un art de vivre qui nous oblige à la
charité envers tous. Et l’Esprit Saint nous est donné pour nous y aider et nous
y entraîner. Accueillons cet Esprit Saint et laissons-le agir en nous pour que
notre vie et notre amour soient à la hauteur de la vie et de l’amour du Christ
pour nous. N’attendons pas d’être aimés par les autres pour les aimer en
retour. En matière d’amour, nous devrions être les champions ! En matière
d’amour, nous devrions être les premiers à aimer toujours, à cause de Jésus qui
nous a tant aimés. Baptisés, ayons conscience qu’avec Jésus, c’est l’amour,
toujours l’amour, seulement l’amour. Tout le reste n’est que de la littérature.
Amen.
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