Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.
(Souche de Jessé, Icône)
Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble. Ce verset du psaume 66, mesurons-nous bien ce qu’il a de « révolutionnaire » ? Ecris à une époque où les peuples divers avaient tous leurs dieux propres, distincts de ceux des voisins, voici un psaume qui ose risquer une affirmation de l’universalité du Dieu d’Israël, le Dieu d’un peuple particulier. Pourtant, quelques siècles plus tard, lorsque Jésus croise la route d’une Cananéenne qui vient lui demander de l’aide pour sa fille, on ne peut pas vraiment dire que ce risque soit assumé : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Cela sonne durement à nos oreilles. Quelqu’un, fût-il Jésus, peut-il ainsi « nationaliser » Dieu et dire que les autres ne le concernent pas ?
Des siècles plus tard encore, la question se posera dans l’autre sens, quand les chrétiens seront devenus majoritaires. Le Dieu d’Israël, dont les chrétiens disent qu’il a envoyé son Fils unique Jésus dans le monde pour le sauver, peut-il désormais se détourner de ce peuple qu’il avait choisi jadis, au motif que quelques-uns ont entraîné la condamnation et la mort de ce Fils de Dieu ? Quelqu’un peut-il dire : puisque vous avez tué le Fils de Dieu, on vous le prend, on le christianise et il vous rejette ? Peut-on annexer le Dieu d’un autre sous prétexte que ce quelqu’un n’a pas compris ou pas reconnu Dieu à l’œuvre dans le monde ? Dieu ne serait-il qu’un jouet dans les mains des hommes, qui se le refilent ou se l’attribuent au gré des circonstances de leur histoire ? Ce serait faire peu de cas des hommes ; ce serait surtout faire peu de cas de Dieu lui-même.
Peut-être la réponse est-elle dans la bouche de Paul quand il affirme dans sa lettre aux Romains : Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Pour mémoire, et selon mon dictionnaire, le repentir c’est l’acte de reconnaitre que j’ai fait quelque chose de mal, que je le regrette et que je vais réparer autant que possible. Paul nous dit donc clairement que Dieu n’a rien fait de mal, ni n’a à regretter le fait d’avoir appelé le peuple d’Israël à être son peuple particulier. Et l’émergence du groupe des disciples du Christ, n’est pas la réparation d’une disqualification du peuple juif. Dieu ne regrette pas d’avoir choisi un peuple particulier pour être lumière des nations. Et nous devons toujours tenir ce peuple en haute estime pour la mission qui est la sienne. Le Nouveau Testament ne remplace pas le Premier Testament ; l’Eglise ne chasse pas la Synagogue. Par notre manière d’être avec les autres, ne soyons pas les premiers à faire regretter à Dieu notre existence !
Cette affirmation de Paul : Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance, s’applique bien au peuple juif. Non seulement, Dieu ne regrette pas son choix, mais dit Paul, sa miséricorde s’étendra à eux aussi, quand Dieu fera de tous les peuples un seul peuple. Ils ne sont pas moins croyants que nous parce qu’ils n’ont pas reconnu le Christ. Paul affirme même que Dieu a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde. Ainsi aucun peuple ne pourra se dire supérieur à un autre, parce que chacun aura bénéficié de la même miséricorde de Dieu.
Ceci doit nous réconforter lorsque nous constatons que nous ne correspondons pas toujours à ce que Dieu attend de nous. Pécheurs nous le sommes tous ; cela ne signifie pas que Dieu nous rejette ! Nous avons tous des moments où notre foi est faible et des moments où notre foi est forte. Cela ne signifie pas que nous sommes moins bons ou meilleurs que les autres. Cela ne signifie surtout pas que Dieu nous aime plus ou moins, selon que notre foi soit forte ou faible. Cela signifie juste que nous avons plus fortement ou moins fortement besoin de sa miséricorde. Nous avons besoin que Dieu soit miséricordieux lorsque nous sommes forts dans la foi ; nous avons besoin que Dieu soit plus miséricordieux quand nous sommes faibles dans la foi. Nous avons besoin de la miséricorde de Dieu, tout simplement. Et lorsque Dieu l’accorde, il ne le regrette pas. Comme il ne regrette pas de nous avoir intégrés à son peuple, nous qui autrefois refusions de croire. Comme il ne regrette pas de nous avoir intégrés à son Eglise, quand nous ne vivons pas exactement l’Evangile de Jésus Christ.
Puisque
les dons gratuits de Dieu et son appel
sont sans repentance de sa part, ils ne devraient pas être un objet de
jalousie ou d’opposition de notre part. Réjouissons-nous de ce que Dieu parle
aux hommes, à tout homme. Réjouissons-nous de ceux qui le suivent avec nous. Réjouissons-nous
de ceux qui le suivent sur un autre chemin que nous. Si nous croyons bien que Dieu
parle aux hommes de manières variées, pourquoi croirions-nous qu’il n’y a qu’un
chemin, le nôtre tant qu’à faire, pour le suivre ? Ce qui compte, ce n’est
pas comment je marche à la suite du Christ ; ce qui compte, c’est que,
pour que je puisse marcher à sa suite, Dieu m’aie fait miséricorde. Ce qui
compte c’est que toujours encore les dons gratuits
de Dieu et son appel soient sans repentance, et que je ne donne pas à Dieu de motif de regretter de m’avoir appelé.
Ce qui compte finalement, c’est que ses dons gratuits
et son appel nous conduisent tous au Royaume où il nous attend
pour faire de nous un seul peuple, le peuple de ceux qui auront répondu à son
appel et goûté avec profit à ses dons gratuits. Amen.
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