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samedi 11 novembre 2023

32ème dimanche ordinaire A - 12 novembre 2023

 C'est quoi, l'erreur des insouciantes ?



(Les vierges prévoyantes et les vierges insouciantes, Enluminure copte, 
Evangéliaire copte-arabe, réalisé au Caire en 1250, Bibliothèque de Fels, ICP - Paris)



 

 

 

            Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Ainsi commence la parabole que Jésus nous offre en ce dimanche. Elle commence plutôt bien ; elle a même un côté sympathique, parce qu’être invité à un mariage, c’est quand même plutôt bien. Qui n’aime pas être invité à un événement où tout respire la joie et le bonheur ? Mais voilà : cette histoire qui commence bien, et qui nous mettait le cœur en joie, tourne au vinaigre car, précise Jésus, cinq d’entre elles étaient insouciantes et cinq étaient prévoyantes, et s’achève dramatiquement pour les insouciantes qui resteront à la porte de la salle des noces, s’entendant dire : Je ne vous connais pas, alors qu’elles avaient été invitées ! Comment en est-on arrivé là, et surtout, quelle est l’erreur fondamentale de ces insouciantes ? 

            L’erreur fondamentale, ce n’est pas qu’elles se soient endormies, ni même qu’elles aient été tête en l’air et n’aient pas prévu assez d’huile.  On ne peut pas vraiment le leur reprocher. Voyez-vous :  l’époux était en retard à ses noces ! Et pas qu’un peu, semble-t-il ! C’est à se demander s’il avait vraiment envie de se marier, celui-là ? Sa dulcinée, dont personne ne parle au demeurant, n’a pas dû être très contente, mais passons. L’époux tarde donc, et ce qui devait arriver, arriva :  les jeunes filles s’endorment, toutes, les prévoyantes comme les insouciantes, en oubliant au passage d’éteindre leurs lampes. Au réveil, un seul constat s’impose : il n’y a plus assez d’huile pour les insouciantes, et les prévoyantes refusent de partager ce qu’elles avaient prévues. Je ne parlerai pas du manque de solidarité, ce n’est pas le sujet ici. Ce qui est dérangeant, c’est finalement que l’époux, lui qui était grandement en retard, reproche aux insouciantes de n’avoir pas été prêtes lorsqu’il a enfin daigné venir ! S’il avait été à l’heure, rien de tout cela ne se serait produit, et la joie aurait été totale. S’il s’était agi d’un mariage ordinaire, toutes ces remarques auraient été justifiées. Mais voilà, il ne s’agit pas de cela. 

            Il nous faut comprendre que cette parabole de Jésus parle de quelque chose de plus grand, de plus important, qu’un mariage ordinaire. Elle nous parle des noces de l’Agneau, comme dit la liturgie avant la communion, ces noces qui unissent l’humanité, sauvée et pardonnée, avec le Christ, mort et ressuscité, dans la gloire du Royaume, à la fin des temps. Jésus l’a bien indiqué au début de sa parabole : Le royaume des cieux sera comparable à… Si l’époux tarde à venir, c’est parce qu’il veut laisser à l’humanité le temps de se préparer, de se convertir. Et c’est là que nous pouvons comprendre l’erreur (ou le péché) de ces jeunes filles insouciantes. Non pas qu’elles aient manqué d’huile, mais elles ont manqué de confiance. Au moment où l’époux arrivait enfin, réalisant leur manque d’huile et l’impossibilité des autres à partager, elles s’en vont voir ailleurs pour trouver ce que seul l’époux aurait pu leur donner : l’huile de sa miséricorde. Elles seraient allées vers l’époux avec des lampes à demi éteintes, elles seraient entrées avec lui dans la salle du banquet. Elles n’ont pas cru que seul l’époux pouvait quelque chose pour elles. Et cela explique du même coup pourquoi les prévoyantes ne pouvaient pas partager leur réserve. Ce n’est pas par égoïsme ou par peur de manquer ; elles ne pouvaient pas partager parce que l’huile de leur amour pour l’époux ne se partage pas. L’amour que vous avez pour le Christ, vous ne pouvez pas le diviser pour en donner à quelqu’un qui en manque ; vous ne pouvez pas donner l’huile de votre confiance en Christ à celui qui n’a pas confiance en lui. Plutôt que d’envoyer les insouciantes vers les marchands, elles auraient dû, les prévoyantes, emmener avec elles les insouciantes, pour qu’elles se laissent remplir de confiance et d’amour par l’époux. Il n’y a qu’en Jésus que se trouve l’huile de l’amour qui nous manque ; il n’y a qu’en Jésus que se trouve l’huile de la confiance qui nous fait quelquefois défaut. Cela ne s’achète pas, et surtout pas ailleurs, chez des marchands quelconques. Non, personne ne peut acheter l’amour ; personne ne peut acheter la foi (même racine que la confiance). Notre manque d’amour, notre manque de foi, cela se confesse à la source de l’amour, à la source de la foi, Jésus, l’époux qui vient à notre rencontre. 

            Le devoir de vigilance auquel Jésus nous invite est double, selon moi. Comme l’indique la parabole, nous ne savons ni le jour ni l’heure. C’est le premier devoir de vigilance : attendre le retour du Christ, sans savoir quand il viendra, et être prêt à l’accueillir. Mais la parabole nous indique un deuxième devoir de vigilance, qui consiste à ne pas nous tromper sur le Christ. Il est le seul qui peut tout pour nous, parce qu’il nous aime infiniment. Il n’attend pas de nous que nous soyons parfaits ; il attend de nous que nous ayons assez d’amour et assez de confiance pour nous approcher de lui, malgré notre indigence. Quand il viendra, ne cherchons pas ailleurs l’amour et la foi qui pourraient nous faire défaut ; ayons assez de simplicité pour nous jeter dans les bras de Jésus pour lui confesser notre manque d’amour, notre manque de foi ; il saura nous combler au-delà de toute mesure. Et nous serons les heureux invités au repas des noces de l’Agneau. Amen.

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