C'est tous les ans pareils !
C’est tous les ans pareil, s’exclamait une petite fille en CE 2 lorsque sa maîtresse leur a annoncé qu’ils allaient préparer Noël. Je sais déjà tout, poursuivait l’enfant, ça fait depuis la maternelle qu’on en parle. Au-delà de l’anecdote réelle, ne sommes-nous pas souvent dans le même esprit ? Que pouvons-nous apprendre encore de Noël que nous ne sachions déjà ? Chaque année, ce sont les mêmes lectures, les mêmes traditions… Qu’avons-nous encore à apprendre de Noël ?
Je n’ai pas la prétention, dans cette homélie, de vous faire des révélations inédites sur la fête qui nous rassemble. Cette année encore, Jésus est couché dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Cette année encore, il naît de Marie, au moment du recensement ordonné par l’empereur Auguste. Cette année encore, ce sont des bergers à qui la bonne nouvelle de cette naissance est annoncée. Cette année encore, des cohortes d’anges chantent la louange de Dieu : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Et cette année encore, la paix semble plus difficile que jamais à atteindre. Comme je voudrais que ce chant devienne réalité pour toute la terre.
Ce que je voudrais, par contre, c’est nous faire réfléchir à la réalité de ce qui advient avec la naissance de Jésus. Si ce soir, ce n’est pas son anniversaire que nous célébrons, mais bien sa naissance parmi nous, aujourd’hui, qu’est-ce que cela nous fait ? En-dehors de la joie de la fête, bien légitime, avons-nous bien conscience de cet aujourd’hui du salut qui nous est proposé ? Nous sommes, ce soir, ces bergers, à qui la naissance de Jésus est annoncée. Nous sommes ceux qui recevons la bonne nouvelle du salut. Et ça vous fait quoi ? ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?
Quand en Jésus, Dieu se fait enfant, faible parmi
les faibles, comment ne pas en être impactés ? Quand Dieu, en Jésus, se
fait enfant et vient dans notre vie, comment ne pas changer, ne pas en être transformés ?
Mesurons-nous pleinement ce que cela signifie pour nous que Dieu se mette à notre hauteur, qu’il s’a
baisse, s’anéantisse, pour partager notre vie ? C’est
assurément un grand mystère, et s’il est vrai que le Salut ne sera réalisé qu’à
Pâques, dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, comment ne
pas être bouleversé par cette naissance qui porte déjà en elle ce salut qui
peut nous sembler lointain ? Si c’est bien le mystère de la Croix qui est
au cœur de notre foi, le mystère de la naissance de Jésus n’en est pas moins
important. Ce soir, Dieu s’engage envers nous, à nous faire vivre avec lui. Ce soir
le Tout-Puissant se fait le Tout-Faible, pour que nous n’ayons pas peur de l’approcher
et de l’accueillir. Nous savons que nous n’avons rien à craindre d’un
nouveau-né, fût-il le Fils de Dieu. Un bébé reste un bébé. C’est petit, mignon,
sans force, ça dépend de nous, les grands. Ce soir, en Jésus, fils nouveau-né de
Marie, Dieu se met entre nos mains ; il prend le risque de se livrer,
impuissant. Pensons-y quand nous nous approcherons de la crèche pour le
contempler. Ce petit, c’est Dieu livré. Ce petit, c’est Dieu offert, attendant
déjà de s’offrir pour notre Salut.
En cette nuit très sainte, recueillons-nous et
contemplons Dieu qui vient dans notre vie ; chacun peut dire : il
vient dans ma vie. Que cette naissance nous rende heureux d’avoir été trouvés
dignes du salut que Dieu offre par amour de l’humanité. Qu’elle nous rende conscients
de la responsabilité qui est la nôtre : lui permettre de grandir, le faire
connaître, l’aimer et le faire aimer. Ainsi, le monde sera sauvé. Et rien ne sera plus pareil. Amen.
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