Préparez le chemin du Seigneur !
S’il est une certitude qui doit nous habiter en ce deuxième dimanche de l’Avent, c’est bien celle de la venue du Seigneur ! Tant le prophète Isaïe, que Jean le Baptiste à quelques siècles de distance, le proclament : Il vient ! Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ! Nous suffit-il donc d’attendre, de veiller comme nous y invitait l’Evangile de dimanche dernier ? Sans rien enlever à l’exigence de la veille, ce dimanche nous invite toutefois à faire un pas de plus, à la rencontre de Celui qui vient : il nous invite à préparer le chemin du Seigneur.
C’est sans doute le prophète Isaïe qui est le plus clair à ce sujet. Le crime de Jérusalem étant expié par le trop long temps de l’Exil, voici le temps de la consolation, du retour en grâce : Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. A ceux qui croyaient qu’ils devraient vivre soumis aux dieux étrangers, est rappelé qu’ils ont un Dieu, et que ce Dieu, malgré qu’ils l’aient rejeté, veille sur eux. Le temps du retour est venu. Mais ce retour ne va pas sans travail : Préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Autant dire que c’est un travail au bulldozer qui est demandé ! Si le travail est topographique, il est presqu’impossible à réaliser. Mais puisque Dieu invite son prophète à parler au cœur de Jérusalem, nous pouvons comprendre que ce travail est d’abord intérieur, d’ordre spirituel. Après des années à vivre sans Dieu, Jérusalem est invitée à faire place nette pour Lui. Aucun obstacle ne doit empêcher la venue du Seigneur. Les pièges du péché dans lesquels l’homme était tombé, il faut les combler. Les montagnes de péchés accumulées doivent être abaissées. Dieu doit pouvoir passer ; Dieu doit pouvoir aller à la rencontre de Jérusalem sans effort. Après tout, ce n’est pas Lui qui s’était détourné de sa vile ; c’est elle qui avait accumulé les fautes contre Dieu. Celui que les hommes avaient rejeté, deviendra à nouveau le berger de son peuple : Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. Pouvait-on trouver plus belle image que celle-ci pour dire l’amour de Dieu pour son peuple ? Il le porte sur son cœur !
Si le temps de l’Avent prend tout son sens pour nous aujourd’hui, c’est ce même travail qu’il nous faut faire. Nous devons préparer aujourd’hui le chemin du Seigneur. Si Noël qui approche n’est pas pour nous l’anniversaire de Jésus, c'est-à-dire le souvenir heureux d’un événement lointain, il nous faut nous préparer, et préparer nos cœurs, à accueillir Celui qui vient à notre rencontre, dans l’aujourd’hui de notre vie. Nos temps liturgiques successifs ne nous invitent pas à la nostalgie de jours heureux, mais à croire que c’est pour nous, aujourd’hui, que le mystère du Salut est déployé. Quand nous relisons le passé, avec Isaïe, avec Jean le Baptiste, avec l’évangéliste Marc pour cette nouvelle année liturgique, ce n’est pas seulement pour commémorer de lointains événements, mais bien pour nous faire comprendre que cela, non seulement peut nous arriver, mais que cela arrive véritablement pour nous. Dieu, qui est déjà venu à la rencontre des hommes, ne cesse de venir à notre rencontre. Il l’a fait au temps d’Isaïe, il l’a fait au temps de Jean le Baptiste, il le fait à notre temps. Ne croyons pas, parce que les temps sont difficiles, que Dieu nous a abandonné ! Ne croyons pas que nous ne pouvons rien pour hâter sa venue. Comme annoncé par les prophètes, nous pouvons combler les ravins des pièges du péché dans notre vie par l’écoute et la méditation de la Parole Dieu. Nous pouvons faire disparaître les montagnes de fautes, les murs de nos incompréhensions, de nos divisions, de nos anathèmes, et ouvrir ainsi de larges vallées de fraternité, des plaines de rencontres et de compréhensions mutuelles. Rencontrer Dieu suppose d’une part que Dieu veuille venir à nous : cela est une certitude que nous pouvons faire nôtre depuis le jour où nos premiers parents, s’étant cachés dans le jardin après la découverte de leur nudité, ont été cherché par Dieu : Homme, où es-tu ? Mais rencontrer Dieu suppose aussi que nous désirions le rencontrer, que nous désirions l’accueillir dans notre vie, aujourd’hui. Le veux-tu vraiment ? Alors abats les murs, comble les fossés, abaisse les montagnes qui te retiennent de le voir venir.
Aujourd’hui
peut devenir pour toi le commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils
de Dieu, inscrit dans ta vie, un évangile vivant qui te fait devenir
disciple de Celui qui vient pour te sauver, un évangile qui te parle au cœur.
Entendons ce que disait Pierre : Voyez quels hommes vous devez
être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez
l’avènement du jour de Dieu. Vous qui attendez : c’est bien la veille
à laquelle nous étions invités dimanche dernier ; vous qui hâtez l’avènement
du jour de Dieu : c’est bien notre participation à la prophétie d’Isaïe de
ce dimanche. Alors préparons le chemin du Seigneur, avec la certitude qu’il
vient à notre rencontre pour nous sauver. Notre siècle a besoin de nous pour ouvrir
la route ; notre siècle a besoin d’être rencontré par Dieu si nous ne
voulons pas que l’humanité aille à sa perte. Amen.
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