D'Abraham à Jésus : une Alliance pour révéler la gloire de Dieu.
Nous poursuivons la relecture des grandes alliances proposées par Dieu à l’humanité. Après l’alliance avec Noé, voici Abraham. Le protocole d’alliance tient en deux propositions : Quitte ton pays vers la terre que je t’indiquerai ; je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Nous connaissons les difficultés de Sara et d’Abraham. Quand Dieu les fait partir, ils sont déjà âgés tous les deux, et Sara est stérile. Mais comme rien n’est impossible à Dieu, naît le fils de la vieillesse, l’enfant du rire, Isaac. Tout semblait aller pour le mieux, quand soudain…
Quand soudain, Dieu demande le sacrifice du fils unique ! Que devient la promesse d’une descendance nombreuse ? Un, ce n’était déjà pas beaucoup ; alors un sacrifié, de pas beaucoup on tombe à plus rien ! Que se passe-t-il dans la tête d’Abraham ? Que se passe-t-il dans la tête de celui qui découvre ce passage biblique pour la première fois ? Quand le lecteur ne connaît pas la fin de l’histoire, à savoir l’intervention de Dieu juste avant le geste fatidique – Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! et le bélier retenu par les cornes dans un buisson qu’Abraham va prendre et offrir en holocauste à la place de son fils – il n’a pas vraiment de sympathie pour ce Dieu qui semble reprendre sans raison celui qu’il avait accordé et qui était le premier maillon de la descendance. Bien sûr, il ne faut pas arrêter la lecture à la demande de Dieu. Mais mettez-vous un instant à la place d’Isaac qui se voit lié par son père et mis sur l’autel, par-dessus le bois. A-t-il vraiment envie de servir un Dieu qui demande la vie d’un homme, qui demande sa vie ? Les belles images qui nous rapportent l’événement semblent oublier la très probable détresse de l’enfant et ce que cela a provoqué dans son esprit. Je ne sais pas si l’odeur de la viande de bélier grillée a chassé la détresse du cœur d’Isaac ; mais ce que je sais, ce que Abraham et Isaac savent, ce que toute l’humanité sait depuis ce jour, c’est que Dieu ne veut pas la mort de l’innocent ; Dieu ne veut pas de sacrifice humain pour lui plaire. Ce refus signe la gloire de Dieu. Ce que Dieu veut, c’est l’obéissance acceptée et assumée de l’humanité. Ce que Dieu veut, c’est que l’homme craigne Dieu, non pas au sens où il en aurait peur, mais au sens où il reconnaît la gloire de Dieu, qu’il s’engage à respecter cette gloire et à vivre selon cette gloire. Celui qui entre dans l’obéissance au projet que Dieu porte pour lui, obéissance non pas servile et craintive, mais assumée et joyeuse, celui-là est récompensé au-delà de tout. Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer.
Des siècles plus tard, la gloire de Dieu sera révélée en Jésus, son Fils unique, qu’il ne refuse pas pour le salut de l’humanité. Comme le dit Paul dans sa lettre aux Romains : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné (l’ancienne traduction disait : refusé) son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Dieu reprend à son compte le geste d’Abraham et le mène à son achèvement, pour nous dire à quel point il nous aime et veut notre salut. Jésus devient l’Agneau véritable qui enlève le péché du monde en s’offrant sur le bois de la croix. Mais avant cela, il nous a révélé la gloire de Dieu qui habite en lui, lorsqu’il a été transfiguré devant Pierre, Jacques et Jean, en présence d’Elie et de Moïse, pour bien souligner qu’il accomplit parfaitement la Loi et les Prophètes. Nous comprenons alors l’urgence de répondre favorablement à l’invitation faite par Dieu lui-même : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! Pierre, et sa proposition de dresser trois tentes, avait bien compris qu’une telle splendeur, une telle clarté n’existent qu’en Dieu ! Il est la lumière dans les ténèbres de nos vies ; il est la Parole qui sauve et qui fait vivre. Si cela a été révélé par avance à ces trois disciples, cela ne sera révélé pleinement à tous qu’au matin de Pâques, quand le tombeau sera découvert vide et que la lumière de ce jour naissant nous permettra un regard nouveau sur le mystère de la croix.
D’Abraham à Jésus, l’alliance que Dieu
veut avec nous, nous dit sa gloire éternelle pour que nous puissions la
contempler d’une part, et y entrer pleinement d’autre part. Comme l’affirmait
saint Irénée : La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme,
c’est de contempler Dieu. Avec Abraham, entrons dans le projet de vie que Dieu
nous propose ; en Jésus, contemplons le Dieu qui nous veut vivant avec lui
pour l’éternité. Amen.
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