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samedi 9 mars 2024

4ème dimanche de Carême B - 10 mars 2024

Du temps de l'Exil à Jésus : une Alliance pour le salut de l'humanité.






(Le cylindre de l’édit de Cyrus II dont l’inscription en akkadien 
mentionne la possibilité aux exilés de retourner dans leurs pays, 
British Museum Londres.)  



  

 

            Nous aurions pu croire, qu’après Moïse et l’Alliance qu’il avait passée avec Dieu, notre fidélité au Dieu libérateur serait éternelle, et que désormais tout irait parfaitement bien dans le meilleur des mondes possibles. Le peuple était entré en Terre promisse, la Loi de Dieu guidait sa vie ; c’est le paradis sur terre, quoi ! C’était sans compter sur notre capacité à oublier Dieu quand tout va bien ; c’était sans compter notre désir d’autre chose qui nous fait regarder ailleurs et estimer que les autres ont plus de chances, que leur vie est meilleure, et qu’il n’y a pas de raison que nous n’y goûtions pas ! Quand la fidélité promise cède le pas à l’infidélité sans limite, il ne faut pas s’étonner que tout déraille. Pour le peuple choisi, c’est le temps de l’Exil : Soixante-dix ans selon la parole du Seigneur proclamée par Jérémie. Largement le temps de se refaire un peuple fidèle, un peuple qui suivra Dieu. 

            Avec l’Exil, tout est pris, tout est démoli, tout est ravagé. Il ne reste rien de la splendeur du Royaume d’Israël. Il ne reste rien de la gloire de David et de Salomon. Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais, et réduisirent à rien tous leurs objets précieux. Nabuchodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils. A cause de leur manque de fidélité, ceux qui avaient tout, n’ont plus rien. Dieu, lui, est fidèle à sa Parole, et peut-être certains se souviennent-ils, un peu tard, de l’avertissement de Moïse quand il disait jadis : Aujourd’hui, choisis : la vie ou la mort, le bonheur ou le malheur. Comprenons bien : la vie et le bonheur en étant fidèle à Dieu et à son Alliance ; la mort et le malheur, en faisant le choix des idoles. Le peuple saint savait ; le peuple saint a oublié ; le peuple saint a vécu. Fin de l’histoire ? Ce serait sans compter sur la miséricorde de Dieu et son amour, certes blessé, mais jamais retiré. Ce serait sans compter sur la capacité de l’homme à rebondir, à rentrer en lui-même au plus noir de sa vie, pour réfléchir et comprendre comment il en est arrivé là.  A ceux qui sont déportés et qui réfléchissent à la situation présente en relisant le passé, c'est-à-dire les grandes alliances avec Dieu comme nous le faisons en ce Carême ; à ceux qui sont déportés et qui réfléchissent le projet que Dieu porte pour son peuple, il est révélé, par les prophètes, qu’un Messie viendra de la part de Dieu. Lentement se fait jour la certitude que Dieu n’abandonne pas son peuple. Il le corrige à la mesure de ses crimes certes, mais il est, depuis toujours et pour toujours, le Dieu qui pardonne le cœur qui se reprend et se repent. Au bout de l’épreuve, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Il est celui qui va renverser Babylone et permettre le retour à Jérusalem, en Juda. Vous aurez noté au passage que ce premier messie est un étranger et un païen ; comme quoi ceux qui nous « envahissent » peuvent aussi être ceux qui nous sauvent et qui veulent notre bien ! 

            Des siècles plus tard, Jésus fait comprendre, par ses gestes et ses paroles, qu’il est le Messie, celui que Dieu a promis depuis toujours, et qu’il est le seul à sauver réellement l’humanité égarée. Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés, nous dit Paul dans sa lettre aux Ephésiens. Il relit notre histoire et notre foi à partir de la mort et de la résurrection de Jésus, et en conclut que c’est Dieu, et lui seul, qui nous sauve : cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Il rend clair ce que Jésus disait à ses disciples et qu’ils n’ont pas forcément compris sur le moment : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. L’Alliance établie dans le sang du Christ est une Alliance pour notre salut ; il n’y a pas à en douter. Dieu nous sauve réellement par le don de son Fils Jésus sur la croix. Le salut est là, sur la croix, offert à qui veut bien l’accueillir, offert à qui veut bien s’en saisir : De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Et un peu plus loin : Celui qui croit en lui échappe au Jugement. 

            Croire en Jésus : tout est là, tout est dit. Il est, selon sa propre parole, le chemin vers le salut, la vie de ceux qui ont accueilli le salut, la vérité quant au moyen d’être sauvé. Que ce Carême soit pour nous, comme jadis pour les déportés à Babylone, ce temps de retour à la source, ce temps de relecture de l’œuvre du salut. Que les semaines qui nous restent, nous permettent de comprendre que Jésus est notre vie, notre salut, notre gloire éternelle. Amen.


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