Jésus est ressuscité ; c'était le plan de Dieu !
Il y a quelque chose de surprenant dans la première lecture et dans l’évangile de ce jour face à l’horreur que représente la mort par crucifixion de Jésus. C’est cette manière toute particulière qu’à Luc, auteur des deux livres, de dédouaner les hommes de la cruauté subie par Jésus.
Ecoutons à nouveau Pierre, lors de son discours au peuple qui suit la guérison d’un impotent à Jérusalem. Il leur parle de Jésus en insistant bien sur leur responsabilité dans les événements de la Passion : Jésus, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le Prince de la vie… Il n’est guère possible de souligner davantage la responsabilité de quelqu’un dans ce drame. Ils ont préféré un vrai coupable à un véritable innocent. Ils ont tué ! Y a-t-il drame plus affreux que celui-là ? Et pourtant, poursuit Pierre, je sais bien, frères, que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Vous avez entendu l’énormité ? Non seulement, il leur dit quelque chose du genre : ce n’est pas dramatique non plus, vous ne saviez pas ! mais en plus, il les appelle frères ! On parle de la mort de l’Innocent, que l’ennemi voulait relâcher ; c’est leur insistance qui est à l’origine directe de la mort de Jésus ! Et Pierre les appelle frères. Il va même plus loin en disant : Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait annoncé par la bouche des tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Si Dieu lui-même l’a voulu ainsi… Que dire de plus ? Ce n’est pas leur faute, vraiment ; ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, juste quand Dieu a décidé de mettre son plan de salut en œuvre. Personne ne pourra jamais leur en tenir rigueur ; c’était le plan de Dieu ! Que voulez-vous dire si Dieu lui-même, pour nous sauver tous, décide d’en sacrifier un qui se révèle être son propre Fils ? A part : Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu, je ne vois pas ! C’est bien la seule chose à faire, quand on ne peut ni se réjouir d’avoir mis à mort un Innocent, ni se lamenter de l’avoir fait contre notre plein gré. Entrer dans le projet de Dieu, voir au-delà des événements et comprendre enfin le grand schéma qui se dessine ainsi et que Pierre révèle dans son discours !
Certains pourraient dire : oui, mais Pierre se trompe ; il se console comme il peut d’avoir lui-même renié le Christ ! Tout cela, ce ne sont que des mots pour endormir son public et gagner des clients. Je pourrais être d’accord s’il n’y avait pas eu le discours de Jésus ressuscité, renouvelé deux fois, à ses disciples au soir de Pâques. Nous savons que Jésus s’est approché de deux disciples qui s’en retournaient chez eux, à Emmaüs, quand ils ont été approchés par un homme (Jésus, que leur chagrin les empêche de reconnaître) et qui, au long de la route, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, leur interpréta, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. A ces esprits sans intelligence, il redit qu’il fallait que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire. Ce qu’il refait quelques heures plus tard, quand il apparaît à tous alors que ces deux disciples, revenus à Jérusalem annonçaient la nouvelle aux autres : les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même (Jésus) fut présent au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! et un peu plus tard, après s’être fait reconnaître corporellement, il poursuit : Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : « Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Ecritures. Jésus confirme par avance ce que sera le discours constant des Apôtres : il fallait que les choses soient comme elles furent. Pour que tous les hommes soient sauvés, il fallait que Jésus souffrît la Passion. Il fallait qu’il affronte la mort, qu’il la subisse pour la vaincre définitivement. Pas d’autre moyen pour que le pardon des nombreux péchés soit donné par Dieu : Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Plutôt que de chercher et définir les coupables, tournons-nous vers Dieu et convertissons-nous tous ; rejetons tous le mal que nous pouvons commettre.
Entrer dans le projet de Dieu, c’est
reconnaître, s’il nous faut vraiment un coupable à la mort du Christ, que nous le
sommes tous, même nous qui vivons à vingt-et-un siècles de distance de ces
événements. Entrer dans le projet de Dieu, c’est nous convertir au Christ et
croire qu’il est notre vie et notre salut. Entrer dans le projet de Dieu, c’est
relire avec ses yeux la longue histoire de Dieu avec les hommes pour y
découvrir ce que nous oublions si souvent : Dieu nous aime, il veut notre
bonheur et notre vie avec Lui. Cela ne rend pas la mort de Jésus plus facile à
vivre ; cela n’enlève rien à la beauté de sa résurrection. Bien au
contraire, le fait que cela soit le projet de Dieu de nous sauver, et qu’il sait
y mettre le prix, nous montre l’avantage que nous avons à nous tourner vers Lui
et à croire en Jésus. Jamais Dieu ne pourra cesser d’aimer celles et ceux qu’il
a rachetés à si grand prix. Amen.
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