Quand rien ne va plus, il reste le service.
Cela devait arriver, forcément, un jour, et nous y sommes, au jour où les disciples ne comprennent mais alors rien à rien à ce que dit Jésus. Ne les blâmons pas pour cela, car je ne suis pas sûr que nous aurions fait mieux. Je ne suis même pas sûr que nous ferions mieux aujourd’hui. Revenons au texte et essayons de comprendre.
Jésus traversait la Galilée avec ses disciples et il ne voulait pas que cela se sache. Pouvez-vous le croire ? Pas une foule à l’horizon, tout se passe entre Jésus et ses disciples qu’il enseigne. Un enseignement précis, presque secret puisque les autres ne devaient pas savoir. De quoi leur parle-t-il ? Du fait que le Fils de l’homme [sera] livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. Ce n’est pas la conversation du siècle ; pas de petit potin, juste un truc incompréhensible pour ses disciples au sujet d’une mort et d’une résurrection. C’est la deuxième fois déjà. Souvenez-vous l’évangile de dimanche dernier et vous comprendrez pourquoi les disciples [ne comprenant] pas ces paroles, avaient peur de l’interroger. Aucun n’a envie de se prendre un Passe derrière moi, Satan, dans les dents ! L’expérience faite par Pierre qui s’était révolté contre la première annonce de la Passion, a servi de leçon à tous. Motus et bouche cousue. Qui aurait pu comprendre ce que leur disait Jésus ? Je vous rappelle juste que personne encore n’était revenu d’entre les morts. Pâques sera la grande première fois pour tous : pour Dieu et pour les hommes. Ne faisons pas aujourd’hui comme si nous avions mieux compris ! Pierre avait raison la semaine passée : ce que dit Jésus est inaudible à oreille humaine. Comment l’esprit de quelqu’un pourrait-il concevoir que les hommes laissent mourir un Juste pour des coupables sans réagir ? Ce serait la fin de l’humanité si nous faisions cela ! Et pourtant, c’est bien de cela que leur parle Jésus, pour une deuxième fois, et ça ne passe toujours pas. Un esprit humain ne peut pas comprendre que Dieu ait imaginé, comme unique solution pour sauver l’homme, de sacrifier son propre fils. Nous pouvons l’expliquer après coup, nous dire : mais oui, bien sûr… mais quand l’homme entend cela pour la première fois, et même pour la deuxième fois, cela reste… de l’hébreu ! Et quand l’homme ne comprend pas quelque chose et qu’il ne se sent pas le droit ou le courage d’interroger, qu’est-ce qu’il fait ? Il parle d’autre chose !
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Et ce n’est pas une question de hauteur ; ça, ils pouvaient le constater aisément, ils ne sont pas idiots, les Apôtres ! Non, la question qui les travaille, est de savoir qui est le plus grand, le premier, le chouchou quoi ! Il y en a bien un qui doit se démarquer dans le lot, non ? La seule remarque qui me vient à l’esprit, c’est : ça ne va vraiment plus dans ce groupe. Ils n’écoutent pas le maître qu’ils ne comprennent pas ; ils se font des nœuds au cerveau pour quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas. La réponse de Jésus me surprendra toujours. Pas de nouveau : Passe derrière moi, Satan ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Non, juste une explication claire : Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous (l’esclave de tous). Déjà, il n’y a plus de candidat. Les vues de Dieu sont décidément bien différentes des nôtres. Chez nous, le plus grand, c’est celui qui se fait servir ; pour Dieu, le plus grand, c’est celui qui sert. Ce n’est pas le monde à l’envers, c’est un nouveau monde que dessine Jésus. Dans ce monde nouveau, l’Innocent livre sa vie pour sauver les coupables, et le premier se fait esclave de tous pour les servir ! Et pour couronner le tout, une parabole qui met en scène un enfant : Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. L’enfant, c’est celui qui nous dérange, qui chamboule notre vie ; celui que l’on envoie dans sa chambre quand on ne sait plus quoi faire avec ; celui dont l’opinion passe après tout le monde ; celui qui ne doit pas interrompre les grandes personnes quand elles parlent… L’enfant, celui qui ne peut rien, celui qui attend tout des grands, voilà celui que nous devons accueillir. Jésus pouvait-il mieux dire la place privilégiée que tous les petits du monde doivent tenir dans le cœur de ses disciples ? Jésus pouvait-il illustrer mieux que cela ce que signifie se faire le serviteur de tous ? Je ne crois pas. Accueillir un petit, c’est accueillir Jésus lui-même, et plus encore, puisque celui qui accueille [Jésus] accueille [aussi] Celui qui l’a envoyé. Tu veux servir Dieu ? Sers les plus fragiles de tes frères. Tu veux accueillir Dieu ? Accueille les plus fragiles de tes frères.
Il faudra du temps, beaucoup de temps, aux
disciples de Jésus pour se rendre compte qu’en agissant ainsi, ils agissent
comme Jésus qui livre sa vie pour nous. C’est comme s’il nous disait, bien
avant le jeudi saint et le dernier repas : ce que je m’apprête à faire
pour vous en livrant ma vie, faites-le, vous aussi, pour ceux que personne ne
regarde, ceux que personne ne considère. Quand tu ne comprends plus ce que Jésus
te dit, il te reste le service. Mets ta vie au service des plus petits et des
plus fragiles, et tu seras proche de Dieu, tu serviras Dieu. Mets ta vie au
service des autres, et tu comprendras Dieu ; tu ne te tromperas jamais sur ce qu'il attend de toi. C’est simple, c’est lumineux. Maintenant,
il reste à le vivre… si du moins tu veux être proche de Dieu. Amen.
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