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samedi 28 septembre 2024

26ème dimanche ordinaire B - 29 septembre 2024

Celui qui n'est pas contre nous est pour nous.





 

 

            Environ treize siècles séparent Moïse et Jésus, et pourtant un même comportement de la part de leurs proches. Vingt-et-un siècles nous séparent de Jésus, et pourtant toujours ce même comportement dénoncé jadis par Moïse, aujourd’hui par Jésus. En trente-quatre siècles, l’homme n’aura guère évolué, et c’est désastreux parce qu’il accorde toujours encore de l’importance à des choses qui n’en ont pas, et que surtout, il fait la part belle à l’Adversaire, au Diviseur. Et de ce fait, l’homme s’oppose à la grâce, l’homme s’oppose à Dieu ! 

            Tout avait pourtant bien commencé du temps de Moïse. Parce que Moïse ne pouvait pas tout faire tout seul, Dieu lui adjoignit soixante-dix anciens, en prenant une part de l’esprit qui reposait sur [Moïse et en le mettant] sur les soixante-dix anciens. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. Pourquoi cela ne dura pas, n’est pas dit ; c’est donc sans importance ! Cependant, autre chose est dit, et cela va alimenter une querelle futile. Deux hommes étaient restés dans le camp : l’un s’appelait Eldad et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; eux aussi avaient été choisis, mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Horreur, malheur, disent les autres. Moïse, mon maître, arrête-les, s’exclame Josué. Réponse de Moïse : Euh, ben non ! Pourquoi les arrêter ? Serais-tu jaloux pour moi ? Je peux, sans difficulté imaginer la suite du dialogue : « non, mais tu ne comprends pas… Nous, on a fait la sortie du jour ; nous, on a fait un effort. Eux ils sont restés tranquillou chez eux. Ils ne peuvent pas recevoir la même chose que nous. Tout le monde sait bien que Dieu n’agit que dans sa Tente ! En plus, chez nous, ça n’a pas duré, alors qu’eux, ils prophétisent encore ! » Jalousie quand tu nous tiens ! 

            Du temps de Jésus, tout semblait bien aussi. Le démon était chassé au nom de Jésus ; l’adversaire était défait. Mais voilà que Jean, se faisant le porte-parole des Douze, va dire à Jésus : Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. En clair, nous avons vu quelqu’un faire du bien à un autre en le libérant d’un démon en ton nom, et nous l’avons arrêté ; il n’est pas l’un de nous, il ne nous suit pas ! Vous aurez noté le petit glissement : il ne nous suit pas, au lieu de : il ne te suit pas. Sans Jésus, les disciples n’auraient jamais essayé de chasser un démon ! Là aussi, je peux entendre Jésus reprendre Jean : Euh, depuis quand les autres doivent-ils vous suivre pour faire du bien ? Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. 

            Ce que Moïse rappelait à Josué et à ceux qui récriminaient contre Eldad et Médad, c’est qu’ils font partie du même clan, qu’ils aient fait le pèlerinage auprès de la Tente ou pas. Ce que Jésus rappelle aux siens, c’est que celui qui chasse les démons en son nom, fait partie de la même équipe qu’eux, qu’il marche avec eux ou pas. C’est du temps perdu de s’exciter contre ceux qui font la même chose que nous, mais à côté, en-dehors du groupe. Pourquoi se fatiguer avec des querelles internes quand le but est le même : vaincre le démon ? Nous retrouvons toujours ces récriminations aujourd’hui quand on exclut de notre camp ceux qui ne prient pas dans la même langue que nous, ceux qui n’ont pas les mêmes options théologiques ou pastorales que nous, quand bien même ils aideraient à faire connaître et aimer le Christ. Comme s’il n’y avait qu’une manière de faire ; comme s’il fallait exactement tous faire pareils, tout le temps. Comme s’il fallait absolument être du même clocher, du même village, de la même confession chrétienne, pour que cela soit juste et bon. Suivre Jésus de plus près, ne nous fait gagner aucun mérite ! Suivre Jésus de près, n’est pas une garantie d’avoir un jour une meilleure place. Dieu accorde sa grâce à qui il veut, qu’il soit dévot, accomplissant régulièrement pèlerinages et prières, ou qu’il soit plus discret dans l’expression de la foi. Ce qui compte dit Moïse aux siens, c’est que l’Esprit soit répandu et accueilli ; et ce serait formidable si tous pouvaient être comme Eldad et Médad. Ce qui compte, dit Jésus aux siens, c’est que le démon soit chassé, qu’importe le degré de proximité avec moi. S’il le fait en mon nom, il n’est pas éloigné de moi, il ne fait rien de mal, bien au contraire !

             Aujourd’hui encore, recentrons-nous sur l’essentiel. Que Dieu soit loué, quelle que soit la langue ! Que Dieu soit annoncé, quelle que soit la méthode ! Que le démon soit chassé au nom de Jésus, quelle que soit l’appartenance de celui qui le fait. Si nous devons nous fatiguer dans la mission, que cela soit au moins pour des choses qui en vaillent la peine. Les futilités nous divisent et nous empêchent de mener à bien la volonté de Dieu. Quand Dieu distribue sa grâce, ne te mets pas en travers de son chemin. Il sait ce qu’il fait, mieux que tu ne peux le comprendre. Fais confiance au Seigneur, agis bien ; tout le reste ne sert à rien, si ce n’est à diviser, à faire le jeu de l’adversaire. Toi, au contraire, calme ta jalousie mal placée et fais le jeu de Dieu ; accepte que d’autres, que tu ne connais pas, jouent dans cette grande équipe qui s’oppose au Mal. Ils ne t’enlèvent rien ; ils ne te menacent pas ; ils ne te remplacent pas. Ils prennent juste leur part, comme tu es censé le faire quand tu ne jalouses pas les autres. Celui qui n’est pas contre nous, est pour nous, et cela suffit pour en faire l’un de nous. Amen. 

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