Il y a quelque chose d’inquiétant dans le récit de Matthieu que nous venons d’entendre. Il y a la haine et la jalousie qui mènent à la condamnation à mort d’un enfant nouveau-né. Mais il y a aussi la confiance, le courage et l’amour d’un père pour cet enfant qui font que ce drame annoncé est déjoué, momentanément. Et Joseph devient alors le personnage incontournable de ce récit.
C’est Matthieu, qui au quatrième dimanche de l’Avent, nous présentait déjà Joseph. Un Joseph inquiet de la décision qu’il allait prendre. Souvenez-vous : il savait sa fiancée enceinte et avait formé le projet de la répudier en secret. Mais l’ange du Seigneur lui avait fait voir ce qui était juste ; il l’avait invité à entrer dans le projet que Dieu lui-même avait formulé, non seulement pour Marie, sa promise, et l’enfant qui était annoncé, mais aussi pour lui. Le projet de Dieu ne pouvait se réaliser complètement sans l’assentiment de Joseph, le père. Ainsi, Dieu construisait une famille à son fils unique qu’il envoyait dans le monde pour sauver l’humanité. C’est ce même Joseph qui est à nouveau avertit par l’ange du Seigneur du danger qui menace ce fils qu’il a accepté comme sien. Et, en père avisé et protecteur, Joseph fait ce qu’il doit pour protéger les siens. Il prend l’enfant, et s’installe dans la terre qui jadis avait réduit son peuple en esclavage. La terre de l’ancienne captivité devient la terre de la liberté et de la survie. Et il y restera jusqu’à ce que Dieu lui-même l’avertisse de la fin du danger. Joseph s’était entièrement remis à Dieu pour la naissance de son fils ; il s’en est remis à lui pour protéger cette famille dont il a hérité, il s’en remet encore à lui pour déterminer la date du retour au foyer. Grâce à Joseph, l’enfant a une famille ; grâce à Joseph, l’enfant a été sauvé de la fureur d’Hérode ; grâce à Joseph, l’Enfant devient le Nazaréen. Joseph devient ainsi l’archétype du croyant solide dans sa foi, qui fait confiance en toute chose à Dieu. Il devient l’archétype de celui qui a une foi sans faille.
Certes, on pourrait dire, à partir du même texte, que Joseph n’a que peu de mérite. Il suit aveuglément les instructions de Dieu. Il serait sans liberté propre. A lire trop vite l’évangile de Matthieu, on pourrait croire que Joseph n’est qu’un robot inhumain. Il exécute à la perfection ce qui lui est dicté. Or, Joseph manifeste sa liberté justement dans l’acceptation d’événements qu’il ne comprend pas. Comment un jeune père pourrait-il comprendre qu’on en veuille à la vie de son premier fils ? Comment un père pourrait-il comprendre qu’un puissant puisse prendre peur devant un nouveau-né ? Si nous étions à la place de Joseph, ne serions-nous pas un peu déboussolés ? La crainte ne s’emparerait-elle pas de nous devant la terreur mise en place par plus puissant que nous ? Souvenons-nous du massacre des saints Innocents dont la liturgie fera mémoire cette semaine et vous comprendrez que la crainte n’est pas qu’une vue de l’esprit. Joseph est croyant, et sa foi le pousse à faire confiance à Dieu en tout. Il lui a fait confiance avant la naissance de l’Enfant en accueillant sa mère. Il fait confiance à Dieu pour trouver un refuge pour sa famille. Il fait encore confiance à Dieu pour choisir le moment du retour. Mais il choisit l’endroit où cet enfant sera élevé. Il a choisi de faire confiance à Dieu : il n’y était pas obligé. Sa liberté, il l’exerce en choisissant à qui il va faire confiance. Pour Joseph, sa foi, c’est sa vie et la vie de son enfant.
Pour nous, chrétiens, notre foi est aussi notre vie. Elle concerne chaque instant de celle-ci. Elle peut orienter notre vie si nous faisons, comme Joseph, le choix de faire confiance en tout à Dieu. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, nous célébrons Dieu en qui nous pouvons nous confier. Deux moments de la célébration nous permettent d’exprimer notre confiance en Dieu. Il y a d’abord le rite pénitentiel où nous attendons de Dieu l’exercice de sa miséricorde pour nous. Mais il y a aussi et surtout le temps de la prière universelle qui nous permet de confier à Dieu les situations difficiles pour lesquelles nous ne pouvons pas grand-chose, sûrs que lui peut toujours intervenir. Ainsi, nous demandons à Dieu de nous ajuster à ce que lui veut. La prière universelle n’est pas là pour dire à Dieu de faire ce que nous voudrions qu’il fasse selon nos propres schémas. La prière universelle insère le croyant dans la volonté que Dieu a lui-même de voir tous les hommes rassemblés en lui. La prière universelle nous permet de prier pour tout ce qui tient au cœur de Dieu, pour que vienne la volonté de Dieu sur le monde, dans le désir que lui-même porte notre Histoire à son achèvement. Joseph est bien le modèle de cette humanité ajustée à la volonté de Dieu, puisque, sans forcément comprendre, il est entré dans le désir de Dieu de sauver ce fils incarné, pour que son projet de salut puisse un jour se réaliser. Librement, il a consenti à ce que Dieu voulait, sûr que Dieu ne pouvait vouloir que le bien pour cet enfant qu’il avait lui-même appelé à la vie en Marie.
C’est à cette même confiance que nous sommes invités en ce jour de la fête de la Sainte Famille. Nous serons de cette Sainte Famille si nous nous laissons ajuster en tout à Dieu, ou pour citer saint Paul, si tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons, nous le faisons au nom du Seigneur Jésus Christ. Nos familles n’ont pas forcément une existence plus simple que celle de la famille de Jésus, Marie et Joseph. Elles peuvent connaître aujourd’hui encore des drames qui peuvent mener à l’éclatement, à la violence, à la haine. Mais si le Christ devient le cœur de notre vie, si toutes nos actions, toutes nos paroles prennent leur source en sa parole, alors nous pourrons nous appuyer sur notre foi pour surmonter nos épreuves. Nous en serons capables parce que nous obéirons à un Dieu qui ne veut que notre vie et notre bonheur. Le don de son fils unique devrait suffire à nous en convaincre. Nous pouvons faire nôtres les paroles du psalmiste en cette fête : Heureux qui craint le Seigneur et marche en ses voies ! Heureux es-tu ! A toi le bonheur ! Osez vous confier en Dieu et il en sera ainsi, toujours. Amen.
C’est Matthieu, qui au quatrième dimanche de l’Avent, nous présentait déjà Joseph. Un Joseph inquiet de la décision qu’il allait prendre. Souvenez-vous : il savait sa fiancée enceinte et avait formé le projet de la répudier en secret. Mais l’ange du Seigneur lui avait fait voir ce qui était juste ; il l’avait invité à entrer dans le projet que Dieu lui-même avait formulé, non seulement pour Marie, sa promise, et l’enfant qui était annoncé, mais aussi pour lui. Le projet de Dieu ne pouvait se réaliser complètement sans l’assentiment de Joseph, le père. Ainsi, Dieu construisait une famille à son fils unique qu’il envoyait dans le monde pour sauver l’humanité. C’est ce même Joseph qui est à nouveau avertit par l’ange du Seigneur du danger qui menace ce fils qu’il a accepté comme sien. Et, en père avisé et protecteur, Joseph fait ce qu’il doit pour protéger les siens. Il prend l’enfant, et s’installe dans la terre qui jadis avait réduit son peuple en esclavage. La terre de l’ancienne captivité devient la terre de la liberté et de la survie. Et il y restera jusqu’à ce que Dieu lui-même l’avertisse de la fin du danger. Joseph s’était entièrement remis à Dieu pour la naissance de son fils ; il s’en est remis à lui pour protéger cette famille dont il a hérité, il s’en remet encore à lui pour déterminer la date du retour au foyer. Grâce à Joseph, l’enfant a une famille ; grâce à Joseph, l’enfant a été sauvé de la fureur d’Hérode ; grâce à Joseph, l’Enfant devient le Nazaréen. Joseph devient ainsi l’archétype du croyant solide dans sa foi, qui fait confiance en toute chose à Dieu. Il devient l’archétype de celui qui a une foi sans faille.
Certes, on pourrait dire, à partir du même texte, que Joseph n’a que peu de mérite. Il suit aveuglément les instructions de Dieu. Il serait sans liberté propre. A lire trop vite l’évangile de Matthieu, on pourrait croire que Joseph n’est qu’un robot inhumain. Il exécute à la perfection ce qui lui est dicté. Or, Joseph manifeste sa liberté justement dans l’acceptation d’événements qu’il ne comprend pas. Comment un jeune père pourrait-il comprendre qu’on en veuille à la vie de son premier fils ? Comment un père pourrait-il comprendre qu’un puissant puisse prendre peur devant un nouveau-né ? Si nous étions à la place de Joseph, ne serions-nous pas un peu déboussolés ? La crainte ne s’emparerait-elle pas de nous devant la terreur mise en place par plus puissant que nous ? Souvenons-nous du massacre des saints Innocents dont la liturgie fera mémoire cette semaine et vous comprendrez que la crainte n’est pas qu’une vue de l’esprit. Joseph est croyant, et sa foi le pousse à faire confiance à Dieu en tout. Il lui a fait confiance avant la naissance de l’Enfant en accueillant sa mère. Il fait confiance à Dieu pour trouver un refuge pour sa famille. Il fait encore confiance à Dieu pour choisir le moment du retour. Mais il choisit l’endroit où cet enfant sera élevé. Il a choisi de faire confiance à Dieu : il n’y était pas obligé. Sa liberté, il l’exerce en choisissant à qui il va faire confiance. Pour Joseph, sa foi, c’est sa vie et la vie de son enfant.
Pour nous, chrétiens, notre foi est aussi notre vie. Elle concerne chaque instant de celle-ci. Elle peut orienter notre vie si nous faisons, comme Joseph, le choix de faire confiance en tout à Dieu. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, nous célébrons Dieu en qui nous pouvons nous confier. Deux moments de la célébration nous permettent d’exprimer notre confiance en Dieu. Il y a d’abord le rite pénitentiel où nous attendons de Dieu l’exercice de sa miséricorde pour nous. Mais il y a aussi et surtout le temps de la prière universelle qui nous permet de confier à Dieu les situations difficiles pour lesquelles nous ne pouvons pas grand-chose, sûrs que lui peut toujours intervenir. Ainsi, nous demandons à Dieu de nous ajuster à ce que lui veut. La prière universelle n’est pas là pour dire à Dieu de faire ce que nous voudrions qu’il fasse selon nos propres schémas. La prière universelle insère le croyant dans la volonté que Dieu a lui-même de voir tous les hommes rassemblés en lui. La prière universelle nous permet de prier pour tout ce qui tient au cœur de Dieu, pour que vienne la volonté de Dieu sur le monde, dans le désir que lui-même porte notre Histoire à son achèvement. Joseph est bien le modèle de cette humanité ajustée à la volonté de Dieu, puisque, sans forcément comprendre, il est entré dans le désir de Dieu de sauver ce fils incarné, pour que son projet de salut puisse un jour se réaliser. Librement, il a consenti à ce que Dieu voulait, sûr que Dieu ne pouvait vouloir que le bien pour cet enfant qu’il avait lui-même appelé à la vie en Marie.
C’est à cette même confiance que nous sommes invités en ce jour de la fête de la Sainte Famille. Nous serons de cette Sainte Famille si nous nous laissons ajuster en tout à Dieu, ou pour citer saint Paul, si tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons, nous le faisons au nom du Seigneur Jésus Christ. Nos familles n’ont pas forcément une existence plus simple que celle de la famille de Jésus, Marie et Joseph. Elles peuvent connaître aujourd’hui encore des drames qui peuvent mener à l’éclatement, à la violence, à la haine. Mais si le Christ devient le cœur de notre vie, si toutes nos actions, toutes nos paroles prennent leur source en sa parole, alors nous pourrons nous appuyer sur notre foi pour surmonter nos épreuves. Nous en serons capables parce que nous obéirons à un Dieu qui ne veut que notre vie et notre bonheur. Le don de son fils unique devrait suffire à nous en convaincre. Nous pouvons faire nôtres les paroles du psalmiste en cette fête : Heureux qui craint le Seigneur et marche en ses voies ! Heureux es-tu ! A toi le bonheur ! Osez vous confier en Dieu et il en sera ainsi, toujours. Amen.
(Photo : Détail de la crèche de Holtzheim - Alsace)
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