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samedi 1 janvier 2011

Epiphanie du Seigneur - 02 Janvier 2011

Notre foi est ouverture : nous célébrons un Dieu qui se révèle à tous les hommes.

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ. Voici en quels termes la deuxième lecture de ce dimanche nous introduit à la fête de ce jour. Révélation et mystère : deux mots majeurs en cette fête de l’Epiphanie. Le long voyage de ces étrangers vers la crèche, vers le Christ Rédempteur, n’est suscité que par ces deux mots. Le mystère d’une étoile apparue dans le ciel et la révélation (l’épiphanie) de ce qui était jusqu’alors tenu caché : un Dieu qui vient dans le monde des hommes.

Lorsque nous sommes habituellement confrontés au mot mystère, reconnaissons d’emblée que notre seul désir est d’en connaître le ressort. Le mot mystère entraîne des réactions de curiosité quelquefois, de crainte souvent. Est qualifié de mystérieux ce que l’homme ne peut appréhender avec sa raison ou ce qui est volontairement caché à quelqu’un, soit dans le but de le préserver soit dans le but de le dominer, de mieux le soumettre.

Lorsque Paul parle de mystère, il ne parle pas de forces maléfiques, ni de secret à garder jalousement pour mieux dominer. Quand Paul parle de mystère, il parle du mystère de Dieu qu’il se doit d’annoncer ! C’est une joyeuse nouvelle que ce mystère qui lui est révélé. Le mystère dont il parle, et que nous célébrons justement aujourd’hui, c’est que Dieu est venu dans le monde pour tous les hommes. Si, au début de l’histoire sainte, Dieu s’est d’abord adressé à un peuple particulier, Israël, désormais, en Jésus, Dieu nous parle à tous, Dieu se montre à tous. Il devient donc nécessaire de propager ce mystère, d’annoncer cette Bonne Nouvelle afin que tous les peuples de la terre puissent découvrir le Christ et parvenir au Père par lui.

L’Epiphanie du Seigneur, c’est-à-dire sa révélation à tous les hommes signifiés par ces étrangers venus de loin, doit nous faire rendre grâce à Dieu pour l’action de tant d’hommes et de femmes qui, à travers le temps et l’histoire, ont annoncé la Bonne Nouvelle du salut de sorte qu’elle soit parvenue jusqu’à nous, en ce jour, en ce lieu. Si nous sommes rassemblés ce matin autour de la crèche avec les mages, c’est parce que nous avons entendu cette Bonne Nouvelle qui était pour nous comme une étoile dans la nuit, nous guidant vers la lumière sans déclin.

L’Epiphanie du Seigneur doit aussi nous rappeler que nous avons chacun, par notre baptême, à approfondir notre connaissance de ce mystère de Dieu, et à contribuer à le répandre. Ayant entendu et compris ce que Dieu voulait pour nous, à savoir notre salut, notre bonheur, nous ne pouvons et ne devons nous résoudre à nous taire. Comme Paul, nous devons sentir l’urgente nécessité de proclamer que Dieu veut le salut de tous. Comme les mages, nous devons nous mettre en route pour venir toujours plus près de ce Dieu et lui faire l’offrande de notre vie.

De nombreux signes liturgiques manifestent notre désir de connaître toujours plus le Christ Sauveur. Ils sont le témoignage d’une communauté unie autour de son Seigneur et Sauveur. Le signe de la croix dont nous nous marquons, la Parole de Dieu que nous écoutons, notre rassemblement dimanche après dimanche, manifestent à tous que ce mystère d’un Dieu qui veut notre bonheur et qui nous sauve par son Fils, venu dans le monde et offrant sa vie pour nous sur la croix, que ce mystère donc peut encore intéresser une vie aujourd’hui ; qu’il n’est pas venu le temps de taire cette Bonne Nouvelle. Tous n’ont pas encore reconnu le Messie Sauveur. Je dirais volontiers que tous les mages ne sont pas encore arrivés : certains cherchent encore l’étoile qui illuminera leur vie et la transformera. Avons-nous suffisamment conscience que notre manière de vivre la foi peut devenir pour d’autres l’étoile qui les guidera au Christ Sauveur ? Avons-nous conscience d’être interrogés par l’humanité sur ce qui nous pousse à croire et à vivre ? Nous pouvons entendre la question des mages : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?, comme une question sur le sens de notre foi et de notre existence. Où est-il, dans ta vie, ce roi des Juifs qui vient de naître ?

En chaque Eucharistie, il nous est donné l’occasion de témoigner de notre foi et de notre attachement à Dieu. Et cela ne se fait pas seulement au moment de la proclamation de la foi, mais aussi, plus curieusement, au moment de l’envoi, de l’ancien ite missa est, selon la formule latine consacrée. Allez, la messe est dite : c’est cela que la liturgie rénovée a traduit par : allez dans la paix du Christ. Le diacre ou le prêtre nous dit : « C’est le moment de rentrer chez vous ; c’est le moment de rejoindre vos frères et sœurs en humanité ; c’est le moment de leur partager ce que vous avez vécu ». Nous témoignons de notre attachement au Christ en allant justement le porter à d’autres qui n’ont pas pu, pas su, pas voulu nous rejoindre. Nous le leur portons en témoignant auprès d’eux en quoi il nous est important, en quoi le Christ est intéressant pour nous. Repartir de l’Eucharistie avec au cœur ce désir de dire à d’autres ce que nous vivons entre nous, voilà qui devrait illuminer nos vies. Voilà la mission qui nous est confié pour que le monde sache qui est celui qui vient à la rencontre de toute l’humanité. A l’Epiphanie, à travers les mages, c’est l’humanité qui rencontre son Dieu venu la visiter. A la fin de chaque eucharistie, c’est nous qui pouvons permettre à l’Epiphanie de se poursuivre, et au monde de rencontrer celui qui est notre vie, notre espérance, notre avenir. Je forme le vœu en cette année nouvelle que chacun se sente responsable de cette belle mission de faire venir les hommes au Christ, de leur permettre cette rencontre unique qui changera leur vie durablement et les ouvrira à la joie du Royaume. Le mystère du Christ que nous confessons n’est pas fait pour être caché ; il est fait pour être célébré et annoncé, à tous. Amen.


(Photo : détail crèche de Holtzheim)

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