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jeudi 23 décembre 2010

Sainte Nuit de Noël - 24 décembre 2010

Notre foi est louange : nous célébrons un Dieu qui tient ses promesses.





Il y a quelque chose d’angoissant lorsqu’il nous faut sortir au milieu de la nuit, même si c’est pour entendre une bonne nouvelle. Il y a quelque chose d’angoissant, parce qu’il nous faut affronter justement cette nuit, affronter l’inconnu, ce soir affronter le merveilleux, même si nos vies nous semblent banalement simples, sans relief particulier. Oui, c’est bien au cœur de la nuit, au cœur de toutes nos nuits d’incertitudes, de doutes, de trahisons, de péchés, que Dieu lui-même vient nous déranger, nous convoquer. Nous sommes, ce soir, ce peuple qui marchait dans les ténèbres. Au moment où nous célébrons Noël, n’oublions pas cela : c’est bien au cœur de nos existences quelquefois sombres que Dieu lui-même vient. Il vient visiter cette nuit ; il vient visiter nos nuits.

Pour Marie et Joseph, c’est sans doute l’angoisse aussi. Les voilà jetés sur les routes de Palestine à la faveur d’un édit de l’empereur qui n’a rien de mieux à faire que de compter les gens de son royaume comme on compte les moutons d’un troupeau. Il n’a que faire d’une femme enceinte, presque à terme, qui ne peut voyager. Comme les autres, elle se fera recenser dans la ville d’origine de son mari. Elle ne voyage pas en voiture confortable, mais à dos d’âne peut-être, à pieds sans doute. Et comme si cela n’était pas suffisant, voilà que, lorsque vient le moment de donner vie à leur enfant, ces jeunes époux ne trouvent pas asile dans les auberges de la région. Que voulez-vous : tout le monde est en route, chacun va se faire recenser. Les portes se ferment, une à une. Il y a juste une étable. Angoissant d’accoucher ainsi, sans sage femme, presque en pleine nature. Marie et Joseph sont de ce peuple qui marchait dans les ténèbres. Et pour l’instant, ils n’ont pas vu de lumière se lever : que des portes qui se ferment sur le peu de lumière qu’ils pouvaient espérer.

Pourtant, la prophétie d’Isaïe entendue en première lecture, c’est ce soir qu’elle s’accomplit. C’est ce soir que le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. C’est ce soir qu’une lumière resplendit. Cet enfant qui naît, pauvre au milieu des pauvres, cet enfant qui naît, rejeté parmi les rejetés, cet enfant provoque une joie immense, pas seulement dans le cœur de ses parents, mais au ciel même. L’évangéliste Matthieu rapporte qu’une troupe céleste, innombrable, se met à louer Dieu en chantant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Si jamais les hommes n’avaient pas compris que cette naissance, presqu’à l’écart du monde, les concerne tous, voilà que les anges se rappellent à leur bon souvenir et leur indiquent l’attitude propre à avoir en pareille circonstance. Se réjouir de cette naissance et louer Dieu : même en pleine nuit. Car, avec cet enfant, c’est la paix de Dieu qui est offerte à tous ; avec cet enfant, c’est Dieu lui-même qui vient au cœur de toutes nos nuits pour faire jaillir sa lumière, pour offrir sa paix, pour dire son amour.

Si l’on en croit l’évangile, (et pourquoi ne le croirions-nous pas ?), cette bonne nouvelle ne peut pas être entendue par tout le monde. L’annonce de cette naissance provoque chez certains de la peur, de l’angoisse, de la colère même. Cet enfant, à peine né, dérange déjà. Et pourtant, que peut-il faire à part gazouiller ? Cette nuit même, alors que nous célébrons l’irruption de Dieu au cœur de notre nuit par la naissance de son fils, il est des hommes et des femmes pour refuser de voir cette lumière. Ils sont tellement habitués aux ténèbres qu’ils ne voient autour d’eux que ce qu’il y a de ténébreux en l’homme, qu’ils ne voient que ce qu’il y a de ténébreux dans l’histoire des hommes, dans l’histoire de notre Eglise. Et ils en viennent à rejeter cet enfant, à fermer leur porte comme jadis les aubergistes. Pas de place pour Dieu, pas de place pour cet enfant qui vient les déranger, en pleine nuit de surcroît !

Et nous ? Nous laisserons-nous éclairer de cette lumière nouvelle ? Joindrons-nous notre voix à celle des anges pour louer Dieu et proclamer ainsi notre foi ? Ce soir, notre foi est louange adressée à Dieu qui tient toutes ces promesses. A nous qui doutions, à nous qui désespérions de la vie et des hommes, il est montré un nouveau chemin. A nous qui étions enfermés dans les ténèbres de la discorde, du mal et du mensonge, il est montré une lumière qui met la paix entre les hommes, une lumière qui fait resplendir la vérité sur nous et sur Dieu. Dieu nous a promis la vie : en Jésus, c’est bien la vie de Dieu qui fait irruption dans notre vie pour que nous vivions de la vie-même de Dieu. Dieu nous a promis la paix : en Jésus, c’est le Prince de la paix qui vient au monde. Oui, cette naissance vient bouleverser nos existences, pour du mieux.

Au début de notre liturgie, après quatre semaines d’absence, l’hymne de louange s’est élevée vers le ciel, disant à Dieu notre gratitude pour ce mystère de l’incarnation. Au début de presque toutes nos liturgies dominicales, c’est ce même chant de louange (le Gloire à Dieu) qu’il nous est donné d’élever vers Dieu. Ce n’est pas qu’un rite ; c’est l’expression de notre reconnaissance à Dieu pour tout ce qu’il est pour nous : un Dieu qui offre son Fils pour notre salut. Plus tard dans la liturgie, la préface elle-même nous permettra de poursuivre notre louange au Père en précisant un motif particulier de le remercier. La louange devrait être le premier mouvement de notre foi, car Dieu fait infiniment plus pour nous que tout ce que nous pourrions faire pour lui.

Ce soir, émerveillons-nous devant cet enfant nouveau-né et remercions celui par qui cette naissance est devenue possible ; remercions celui par qui cette naissance devient notre naissance au monde de Dieu. Oui, une grande lumière resplendit pour nous et, si nous la suivons, jamais plus nous ne marcherons dans les ténèbres. Gloire en soit rendue à Dieu, aujourd’hui et toujours. Amen.





(Photo : Détail de la crèche de l'église de Holtzheim, Alsace)



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