Je n'ai de repos qu'en Dieu seul !
Avez-vous bien écouté le psaume de ce dimanche ? Vous savez, c’est cette prière qui vient juste après la première lecture et que nous sommes censés chanter ensemble pour répondre à la Parole de Dieu entendue. En ce huitième dimanche de l’année A, c’est le psaume 61 qui nous est proposé. Il est un psaume qui chante notre confiance en Dieu et qui nous invite à une attitude spirituelle fondamentale : savoir nous reposer en Dieu : Je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon salut vient de lui.
Nous chantons ce psaume aujourd’hui, après avoir entendu le prophète Isaïe nous rappeler que Dieu ne saurait jamais nous oublier. Une femme peut-elle oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas. Parole du Seigneur tout-puissant. Ce qui humainement semble difficilement concevable, mais pourrait être du domaine du possible en certaines occasions (une mère oublier son enfant), pour Dieu, cela est impossible ! Nous sommes, une fois pour toutes, dans la main de Dieu. Et rien ne saurait obliger Dieu à nous oublier. C’est bien cette certitude qui fonde notre repos en Dieu. Au plus fort des tempêtes de notre vie, nous pouvons toujours croire que Dieu est comme une mère très aimante, qui toujours veille sur nous et nous protège. Se reposer en Dieu, c’est d’abord lui accorder cette confiance primordiale et absolue : il est le Dieu avec nous, toujours.
Faisant suite au chant du psaume, la deuxième lecture de ce dimanche vient souligner un autre sens de ce repos en Dieu. Paul rappelle aux chrétiens de Corinthe que seul compte le regard de Dieu sur notre vie. Le jugement des hommes peut être tronqué ; mais le regard que Dieu porte sur nous est toujours juste. C’est pour cela que Paul ne se soucie guère du jugement que les autres portent sur lui ; il ne se juge même pas lui-même. Il laisse ce soin à Dieu qui mettra en lumière ce qui est caché. On peut dire que Paul se repose en Dieu dans tout ce qu’il fait. Il nous faut alors préciser que se reposer en Dieu, ce n’est pas se reposer sur Dieu : Dieu n’agira pas à notre place. Nous reposant en Dieu, nous sommes et nous restons les intendants des mystères de Dieu. Nous devons tenir notre place et faire ce qui est juste et bon pour que ces mystères soient connus et vécus. Ce que l’Evangile de Matthieu entendu en ce dimanche traduit par : Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice. Travaillez à la réalisation de ce Royaume en vivant des relations plus fraternelles, plus justes entre vous. Ce devrait être le seul souci, le reste sera donné par-dessus le marché.
Nous pouvons alors relire l’Evangile de Matthieu, tel qu’il nous est donné en ce dimanche. Nous reposant en Dieu, œuvrant à la venue du Royaume de Dieu, nous aurons fait le choix de l’essentiel, laissant de côté les soucis d’une vie : argent, vêtement, nourriture : toutes choses importantes, certes, mais secondaires par rapport à la recherche du Royaume de Dieu et sa réalisation en nos cœurs. Si nous cherchons l’essentiel (le Royaume), l’important nous sera donné par ce Dieu en qui nous nous reposons. Œuvrant à un monde plus juste, nous nous décentrons de nous-mêmes pour nous ouvrir aux autres et au Tout-Autre.
Nous reposer en Dieu en lui faisant confiance en toute chose, sans nous reposer sur Dieu en attendant qu’il fasse tout à notre place, voilà une attitude spirituelle que le psaume 22, que nous connaissons peut-être mieux, soulignait déjà. Il commence ainsi : le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ! Marchons avec lui ; en fidèles intendants, accomplissons ce qu’il attend de nous et lui-même nous fera reposer sur des prés d’herbe fraîche. Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu, voir mes liens)