Bla, bla, bla ! Tout ce que nous lisons ici, tout ce que nous avons appris ou apprenons encore au catéchisme, tout cela ne serait-il que du bla, bla, bla ? En préparant cette eucharistie, en mesurant pleinement ce qui se vit ou ne se vit pas justement dans l’Eglise, en relisant les paroles prononcées par les uns et les autres au sujet du mariage pour tous, je me dis quelquefois : bla, bla, bla ! A quoi bon prêcher encore puisque tout cela semble si difficile à vivre ?
Bla, bla, bla ! L’annonce de la Parole de Dieu ne serait-elle que du bla, bla, bla ? Jérémie aurait pu le croire, lui qui n’a jamais été écouté, lui qui devait toujours dire les choses désagréables que personne ne voulait entendre. Il ne faisait rien de mal, Jérémie, mais il ne plaisait pas. Aujourd’hui, on dirait qu’il a un problème de communication. On n’a rien contre lui, mais avec lui, on ne peut pas travailler ! On ne peut pas et on ne veut pas écouter ce qu’il a à dire. Et pourtant, Jérémie ne fait et ne dit que ce que Dieu lui demande : J’ai fait de toi un prophète pour les peuples ! Ne tremble pas devant eux. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi car je suis avec toi pour te délivrer. Si cette promesse de Dieu était du bla, bla, bla, jamais Jérémie n’aurait prophétisé. L’appel de Dieu, il l’a pris au sérieux quel qu’en soit le prix à payer.
Bla, bla, bla ! La Bonne Nouvelle annoncée par le Christ lui-même, ne serait-elle que du bla, bla, bla ? A regarder la réaction de certains de ses auditeurs, on pourrait le croire. Ce qu’il dit est tellement dérangeant, qu’on veut le supprimer, de manière radicale. On ne peut pas l’écouter, on ne peut pas travailler avec lui. Voici qu’il nous met devant nos contradictions, nos limites et qu’il nous demande de les dépasser, de progresser. Pour qui se prend-t-il ? Pourtant on le connaît bien ! Pourquoi veut-il être plus que nous, mieux que nous ? Un jour, c’est sûr, ils auront sa peau. Trop dérangeant, trop différent. Quant à se dire Dieu, on attend autre chose de Dieu que ça !
Bla, bla, bla ! L’appel à la charité, que Paul adresse à la communauté qu’il a fondée, ne serait-ce que du bla, bla, bla ? Peut-on vivre seulement un tel amour ? Peut-on seulement vivre un amour qui supporte tout, endure tout, espère tout, fait confiance en tout et qui ne dit ni ne fait rien de mal ? Avec Paul, je veux continuer à croire que l’amour n’est pas une option ; je veux continuer à croire que, dans nos relations humaines, professionnelles ou paroissiales, c’est bien à quelque chose de cet amour-là que nous sommes appelés. La charité ne peut simplement devenir du bla, bla, bla. Je ne peux m’y résoudre, Paul lui-même rappelant que la charité ne passera jamais. Quand rien ne va comme nous le voudrions, n’oublions pas que la charité est aussi à vivre, est d’abord à vivre. Et en premier lieu avec celui que je trouve si différent, si dérangeant !
Célébrant l’eucharistie ce matin, voyons de quel amour nous sommes aimés. Voyons de quel amour nous devrions aimer ! Là devant la croix, devant l’autel où Dieu lui-même s’offre par amour de nous, nous trouverons la force d’aimer et de marcher malgré tout, ensemble, vers ce que Dieu nous promet. Devant la croix, devant l’autel, osons dire que tout cela, ce n’est pas du bla, bla, bla. Puisse Dieu renouveler en chacun de nous la puissance de son amour pour qu’autour de nous la charité ne passe jamais. Que toujours, il y ait suffisamment d’amour pour considérer les différences de l’autre comme une richesse et comme chance. Sinon toutes nos paroles ne seront vraiment que du bla, bla, bla. Amen.
(Photo : Christ Pantocrator, Plafond de l'église de Baia Sprie, Roumanie)
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