Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 26 octobre 2013

30ème dimanche ordinaire C - 27 octobre 2013

De l'utilité de la prière...




A quoi cela sert-il de prier ? A quoi bon prier, puisque de toute manière, Dieu ne répond jamais ? Voilà quelques objections courantes à la pratique quotidienne de la prière, pratique pourtant nécessaire à celui ou celle qui veut marcher à la suite du Christ. Les textes de la liturgie de ce jour donnent quelques éléments de réponses à ceux qui doutent de l’efficacité de la prière. 
 
A ceux qui doutent de l’efficacité de la prière, le sage Ben Sirac rappelle que la prière du petit est toujours écoutée. Toute la Bible nous montre l’intérêt particulier de Dieu pour ceux qui sont touchés par la maladie, la souffrance, la pauvreté. Jésus ira jusqu’à affirmer que les petits, les pauvres, sont pour nous le signe du passage de Dieu dans nos vies ; servir un pauvre équivaut dès lors à servir Dieu.
Comment croire alors que la prière du pauvre n’est pas entendue ? La réponse à celui qui souffre, la réponse à celui qui n’a rien, la réponse à celui qui est seul, n’est peut-être pas la fin de leurs détresses, mais l’ouverture du cœur de ceux qui sont autour d’eux. Certains voient ainsi leur prière exaucée directement (voyez à Lourdes, les guérisons inexpliquées) ; d’autres ne constateront peut-être pas de changements immédiats, mais de nouvelles solidarités se créer autour d’eux. Nous avons là le rappel qu’il n’y a pas de magie dans la prière : il ne suffit pas de demander pour obtenir ; il faut que la demande soit purifiée quelquefois ; il faut que l’homme découvre d’abord ce que Dieu attend de lui, qu’il entre dans ce projet d’amour, qu’il y adhère. Alors Dieu peut donner, au-delà de toute espérance. 
 
A ceux qui doutent de l’efficacité de la prière, Paul rappelle que le Seigneur lui-même assiste ceux qui lui sont fidèles. Lui qui a donné sa vie pour l’annonce de l’Evangile, lui qui connaît la prison et qui bientôt connaîtra la mort, sait en qui il a mis son espérance. Il sait que le Dieu de Jésus Christ ne l’abandonnera pas, même si les apparences semblent dire le contraire. Au plus profond de sa misère, l’homme sait que sa fidélité à Dieu lui assurera la présence du Christ à ses côtés.
Il peut ainsi affronter les épreuves sereinement. La prière ne délivre pas forcément au sens humain de l’épreuve. Lorsque nous prions : « délivre-nous du mal », nous ne demandons pas uniquement que les épreuves nous soient évitées ; nous demandons aussi de savoir les affronter en véritable fils ou fille de Dieu, confiants, sûrs que la victoire est en nous, malgré les apparences. L’assistance de l’Esprit Saint est la réponse de Dieu à ceux qui crient vers lui du plus profond de leur détresse. Savons-nous nous en satisfaire et y trouver la force de nous relever ? 
 
A ceux qui doutent de l’efficacité de la prière, l’évangile rappelle la manière efficace de prier. De ces deux qui prient au Temple, un seul est justifié. Pourquoi ? Parce qu’un seul l’a demandé ! La prière du publicain est entièrement tournée vers Dieu : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! » Sa prière peut être entendue parce qu’elle correspond à ce que vit cet homme et à ce qu’il peut espérer de Dieu. Dans sa prière, il ne parle pas tant de lui que de Dieu. Il reconnaît l’amour de Dieu, il affirme que Dieu seul peut quelque chose pour lui. Sa prière est entendue parce qu’elle reconnaît ce qui est vrai. La prière du pharisien ne peut pas être exaucée parce qu’en fait, il ne demande rien. Tout ce qu’il fait, c’est étaler ses mérites, sans doute réels ; il n’y a pas  à en douter. Mais que demande-t-il à Dieu ? Comment Dieu pourrait-il répondre à cette non-demande ? Faut-il dès lors être surpris qu’il ne soit pas justifié ? Jésus lui-même disait, au début de sa mission : « Je suis venu pour les malades ; les bien portants n’ont pas besoin de médecin ! » Dans tout ce qu’il dit, le pharisien parle de lui au lieu de parler de ce que Dieu a fait ou peut faire pour lui.
Il nous est ainsi rappelé, discrètement, que la prière nous tourne vers Dieu, nous décentre de nous-même et oriente tous nos désirs vers les désirs de Dieu. Il faut oser reconnaître nos manques pour que Dieu puisse nous combler. Il nous faut reconnaître nos faiblesses pour que Dieu puisse nous remplir de sa force. 
 
Rassemblés pour célébrer l’Eucharistie, nous avons commencé par reprendre l’attitude du publicain, en tournant notre cœur et notre être vers le Crucifié, source du pardon que Dieu offre à chacun. Nous venons d’écouter la Parole de Dieu qui nous permet de comprendre mieux ce que Dieu attend de nous. En communiant tout à l’heure, nous recevrons le Pain des forts, qui nous assurera la proximité du Christ lui-même, puisque c’est bien lui qui s’offre ainsi à nous. Avec Paul, nous saurons que le Christ est toujours avec nous. Lorsque, à la fin de la messe, nous serons renvoyés dans nos foyers, nous serons aussi renvoyés vers nos frères et sœurs en humanité, vers ceux qui ne croient pas ou ne croient plus, vers ceux qui souffrent, vers ceux qui sont dans le besoin, pour témoigner de ce que Dieu réalise dans la vie de celles et ceux qui se tournent vers lui. Avec Ben Sirac, nous serons témoins de l’efficacité de la prière auprès de celles et ceux qui n’y croient plus. Ainsi, notre eucharistie se révèle source et sommet de toute vraie prière. Puisse notre prière personnelle toujours nous y mener ; puisse l’eucharistie toujours creuser en nous le désir de prier mieux. Amen.
 
 
(Gustave DORE, Le pharisien et le publicain)

samedi 19 octobre 2013

29ème dimanche ordinaire C - 20 octobre 2013

Persévérez !



Il y a quelque chose de dramatique dans la posture de Moïse, perché sur la colline, les bras levés au ciel pour obtenir la victoire de son peuple sur les Amalécites. Il y a souvent quelque chose de dramatique dans la posture de tant d’hommes et de femmes, peut-être vous, qui se tiennent devant Dieu en prière, espérant une réponse de sortie de crise pour tout de suite. Il y a quelque chose de dramatique dans la posture de tant de prédicateurs qui, à temps et à contre temps, proclament la Parole de Dieu avec cette impression de n’être pas entendu. Et pourtant, dit Jésus à tous ceux-là, ne vous découragez pas !  Persévérez ! 
 
Cela semble si facile à dire : persévérez, et si difficile à faire. N’avons-nous pas tous fait l’expérience de la sècheresse dans la prière et de l’envie de tout laisser tomber. N’avons-nous pas tous expérimenté la nuit de la foi, quand Dieu ne semble plus répondre à nos demandes, quand le Mal semble l’emporter sur le Bien, quand l’injustice domine le monde ? Il est tellement simple alors de dire que si le monde est ainsi fait, si le méchant triomphe de manière éhontée, si la prière du juste n’est plus exaucée par Dieu, peut-être que tout ce que nous croyons n’a pas d’importance ; peut-être  que notre prière ne sert à rien. 
 
La parabole que nous avons entendue dans l’Evangile est alors pour nous, quand nous nous sentons perdus, quand l’envie de nous arrêter au bord du chemin nous prend. Elle est une invitation à la persévérance, car si ce juge inique peut répondre à cette veuve pour qu’elle ne lui casse plus la tête, combien plus, Dieu qui est juste, répondra-t-il à ces élus qui crient vers lui jour et nuit. De même, pour nous aussi, l’exemple de Moïse qui se tient devant Dieu en prière toute la journée pour obtenir la victoire de son peuple. Et quand il fatigue, voilà qu’une astuce est trouvée pour qu’il reste les mains levées vers le ciel, en prière. Il y a là un enseignement puissant sur la persévérance dans la prière, puisque le peuple que Dieu a confié à Moïse est finalement victorieux. 
 
Que ces exemples nous servent de leçon : Dieu intervient dans la vie des hommes et des femmes qui crient vers lui leur besoin, leur détresse. Mais jamais de manière magique, jamais sans eux. D’où l’importance de la persévérance. Elle est notre part dans l’œuvre de Dieu, notre coopération à la réalisation de son dessein de salut. Dieu ne nous sauvera jamais malgré nous, sans nous. La désespérance serait le signe de notre abandon, de notre incapacité de travailler avec Dieu à la réalisation de son projet d’amour. Vous pouvez être fatigués sur le chemin de la foi ; c’est normal, car quelquefois il est difficile ; mais vous ne pouvez pas vous décourager sur ce chemin, vous ne pouvez pas décider un jour que cela suffit ; ce serait faire le choix de supprimer Dieu de vos relations. Or, nous assure Jésus, Dieu répond, sans tarder, mais peut-être pas tout de suite. Il laisse les événements se dérouler, sans intervenir. La violence, la haine, les fanatismes divers se répandent de plus en plus ; des innocents meurent tous les jours. Et nous ne devons pas baisser les bras, à l’image de Moïse qui se fait aider si nécessaire. Il faut que nous restions devant Dieu, que nous demeurions en Dieu, pour que Dieu puisse rester auprès des hommes, pour que Dieu puissent demeurer chez les hommes. C’est alors que l’horizon s’éclaircit ; c’est alors que la paix devient possible ; c’est alors que la justice refleurit. 
 
Persévérez ! Le mot d’ordre de Jésus résonne aujourd’hui dans l’Eglise. Il est une invitation à poursuivre, à résister à l’air du temps, à faire confiance, toujours, même si les événements du monde semblent nous donner tort. Puisque Jésus est Dieu fait homme, puisqu’il demeure en nous et que nous demeurons en lui, nous avons pour toujours avec nous, celui qui est LE vainqueur, celui qui est plus fort que tout, puisqu’il a vaincu la Mort même. Nous pouvons joindre nos voix à celle du psalmiste et reprendre son acte de confiance : le secours me vient du Seigneur qui a fait le ciel et la terre… il ne dort pas, ne sommeille pas le gardien d’Israël… le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te gardera au départ et au retour, dès maintenant et pour toujours. Amen.

samedi 12 octobre 2013

28ème dimanche ordinaire C - 13 octobre 2013

L'Evangile pour tous, j'y crois !


Avec ce dimanche, s’ouvre la semaine missionnaire mondiale qui voudrait nous sensibiliser à une dimension essentielle de notre foi : la nécessaire annonce de l’Evangile à tous. Si vous suivez un peu l’actualité du pape François, vous savez que c’est là un de ses thèmes favoris, lui qui, depuis son élection, nous encourage sans cesse à aller aux frontières, porter l’annonce de l’Evangile à tous. C’est ainsi que se décline le thème retenu par les promoteurs de cette semaine : l’Evangile pour tous, j’y crois ! Permettez que je démonte ce slogan pour vous, et peut-être y trouverez-vous de quoi nourrir votre foi ! 
 
Commençons par le premier mot : l’Evangile ! Voilà un mot qui est bien connu dans la sphère chrétienne. L’Evangile, c’est bien sûr la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui s’intéresse tellement à l’homme qu’il devient l’un d’eux afin de leur partager sa vie. Est-ce vraiment une Bonne Nouvelle ? L’homme a-t-il besoin que Dieu s’intéresse à lui pour vivre ? Le croyant, au moins, devrait répondre ici par l’affirmative. Dieu n’est pas un lointain vieillard vivant dans les nuages et contemplant les hommes de haut ; il est d’abord quelqu’un qui veut vivre une alliance avec chacun, avec moi, avec toi. Non pas parce qu’il s’ennuie, non pas parce qu’il voudrait nous ennuyer, mais parce que c’est sa personnalité propre. Dieu n’existe pas pour lui-même ; il est un être de relation et il veut établir une relation privilégiée avec chacun de nous, pour que notre vie s’en trouve plus belle, plus grande, plus riche. Nous pourrions nous interroger sur ce que cette Bonne Nouvelle, cet Evangile, comporte de plus important. Quel serait le verset entre tous les versets à transmettre absolument ? La réponse, c’est Paul lui-même qui nous la donne dans la seconde lecture : Jésus est ressuscité d’entre les morts, voilà mon Evangile. Il n’y a rien de plus urgent à annoncer. Le pape François lui-même le répète régulièrement : annoncer Jésus, mais tout Jésus, c’est-à-dire aussi Jésus mort et ressuscité. Nous ne pouvons pas faire l’impasse sur le Vendredi Saint dans notre annonce sans prendre le risque de tronquer la Bonne Nouvelle : sans Vendredi Saint, il n’y a pas de Pâques. Ecoutons encore saint Paul : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous règnerons. Oui, à moins de vouloir ressembler à des gâteaux dans une pâtisserie pour reprendre encore le pape François, nous devons annoncer au monde Jésus, mais Jésus mort et ressuscité. Tout l’enseignement de Jésus devient Bonne Nouvelle à cause de l’événement de Pâques. Tout l’enseignement de Jésus reçoit sa force de la croix et de la victoire de Jésus sur la croix. Sans cette expérience de la mort et de la résurrection, les paroles de Jésus ne sont que de belles paroles, mais pas une Bonne Nouvelle. 
 
Cet Evangile, dont nous venons de préciser les contours, est pour tous, selon le thème de cette semaine missionnaire. Cela signifie bien qu’il ne concerne pas que les chrétiens. Nous n’avons pas à enfermer l’Evangile dans un beau livre que nous n’ouvrons jamais. Il n’y a pas de tabernacle dans lequel enfermer cet Evangile à double tour pour que surtout il ne s’échappe pas et ne nous échappe pas. Saint Paul dit encore à Timothée : on n’enchaîne pas la Parole de Dieu ! On ne la retient pas ; on ne l’empêche pas de se faire entendre ! Au pire, on l’ignore, mais elle ne cessera pas pour autant d’être proclamée, elle ne cessera pas pour autant d’agir dans le cœur des croyants, dans le cœur de celles et ceux, de toutes origines qui l’accueillent dans leur cœur et se laissent ainsi approcher de Dieu. Oui, cette Parole est pour tous, croyants ou non croyants. Si nous voulons qu’elle puisse remplir sa mission qui est de féconder le cœur de tout homme qui cherche Dieu, il nous faut l’annoncer, à temps et à contre temps, avec notre bouche et par toute notre vie. L’Evangile pour tous est une réalité de la catholicité de notre Eglise : ou elle s’adresse à tous les hommes, ou elle n’est pour personne. En tous coins de la terre, cette Parole peut porter du fruit et être Bonne Nouvelle. En tous coins de la terre, elle peut intéresser les hommes et leur permettre de mieux connaître Dieu, de mieux grandir dans son amour, de mieux découvrir le bonheur auquel ils sont appelés. L’Evangile est pour tous parce que le Christ lui-même est venu et a livré sa vie sur la croix pour tous les hommes de la terre, à travers le temps et l’histoire. S’il l’a fait à un moment donné de l’histoire, il ne l’a pas fait que pour les hommes de ce moment. L’Evangile, ce n’est pas une belle histoire du passé, c’est une vie donnée pour nous aussi.
 
L’Evangile pour tous, j’y crois ! Il ne faut pas oublier la finale de ce slogan. J’y crois, c’est une traduction souvent donnée aux enfants pour le mot AMEN. Ce « J’y crois » nous rappelle que si l’Evangile est pour tous les hommes, il est aussi pour moi. Car souvent, lorsque nous disons pour tous, nous pensons « pour les autres, mais pas pour moi ». Nous voulons bien charger la mule des autres, mais pas la nôtre. C’était déjà au temps de Jésus le réflexe de certains membres du parti des pharisiens. En affirmant « l’Evangile pour tous, j’y crois », nous affirmons bien que nous sommes croyants, appelés à nous laisser convertir par cette Bonne Nouvelle. Vivre le thème de cette semaine missionnaire mondiale, c’est affirmer non seulement que l’Evangile est pour tous les hommes, y compris ceux qui ne croient pas, mais aussi qu’il est Evangile pour moi, qui suis croyant, et qui ai toujours besoin de me convertir, de me laisser saisir par cette Parole, d’en saisir toute la richesse, toute la beauté, toute la profondeur. Le plus grand obstacle à la Bonne Nouvelle pour tous, n’est-ce pas le croyant qui n’y attache plus d’importance, le croyant qui n’en vit pas ou plus ? Oui, la Bonne Nouvelle de Jésus mort et ressuscité pour tous est aussi pour moi, même si j’ai déjà été sauvé par Dieu au moment de mon baptême. Je me dois d’accueillir cette Bonne Nouvelle dans ma vie, je me dois d’en vivre pour mieux pouvoir la transmettre.
 
L’Evangile pour tous, j’y crois. De génération en génération, de continent en continent, la Bonne Nouvelle de Jésus se répand dans le cœur des hommes. Elle résonne par toute la terre. Nous ne saurions interrompre la longue chaine de celles et de ceux qui ont transmis cet Evangile depuis que Jésus a envoyé ses Apôtres faire de toutes les nations ses disciples. L’œuvre immense déjà accomplie ne doit pas cacher l’œuvre immense qui reste à accomplir pour que toujours, les hommes et les femmes de notre terre, où qu’ils vivent, quoi qu’ils croient, puissent continuer à entendre cet Evangile et accueillir la puissance du ressuscité dans leur vie, s’ils sont convaincu que cet Evangile pour tous est aussi pour eux. Sans forcément parcourir le vaste monde, nous pouvons commencer par annoncer cet Evangile par nos mots et par notre vie à celles et à ceux qui nous entourent et que nous croisons quotidiennement. L’annonce missionnaire, c’est dans la famille qu’elle commence, c’est dans nos quartiers qu’elle se poursuit, sans oublier la paroisse  que nous fréquentons. De cœur en cœur, de maison en maison, ici ou ailleurs, la Bonne Nouvelle se répandra et deviendra vraiment Evangile pour tous. Amen.

(Photo prise en l'église St Georges de Haguenau en ce dimanche)

samedi 5 octobre 2013

27ème dimanche ordinaire C - 06 octobre 2013

Croire et servir, une même réalité !




Augmente en nous la foi ! Ainsi est formulée la demande des Apôtres, qui sentent bien que leur confiance risque souvent d’être mise à dure épreuve. Ils ne savent pas encore qu’ils vont, avec le Christ, vers la croix, mais déjà ils sentent ce besoin d’être aidé dans leur mission par Dieu. Car ne nous y trompons pas : derrière cette demande, il y a comme un appel à l’aide, une manière de dire : sans toi, sans Dieu, nous ne pouvons rien. C’est l’une des grandes leçons de cette page d’évangile. 
 
Dans un monde où la performance individuelle est élevée au rang de valeur incontournable, l’évangile de ce dimanche vient nous rappeler qu’en matière de foi, la performance individuelle n’est rien que de l’orgueil. C’est Dieu qui offre à l’homme de croire en lui en établissant avec lui une alliance nouvelle. C’est Dieu qui fait grandir la foi de celui qui se confie à lui. C’est Dieu qui, le premier, se révèle et va à la rencontre de l’homme. Augmente en nous la foi peut alors s’entendre comme fais-nous toujours mieux connaître ton visage, tant il est vrai que nous ne pouvons qu’approcher le mystère de Dieu et non le posséder. C’est donc une invitation à la patience et à l’humilité. Patience car Dieu se révèle en temps et en heure à ceux qui veulent répondre à sa proposition d’alliance. Humilité, car ce n’est pas nous qui agissons, mais Dieu qui agit en nous et nous fait progresser. 
 
Ceci dit, la réponse que Jésus donne à ses Apôtres, nous montre bien que considérer la foi comme un don n’est en rien une attitude passive, comme s’il n’y avait rien d’autre à faire qu’à attendre. Au contraire, Jésus nous entraîne sur un terrain exigeant, celui  du service désintéressé des frères. Et il va très loin puisqu’il nous dit que, lorsque nous travaillons pour la communauté, nous ne le faisons pas pour être devant, mis au premier rang, mais parce qu’il y a un service à rendre et qu’il faut bien que quelqu’un le fasse. Il ne faut rien en attendre en retour. Les différentes traductions nous disent : nous sommes des simples serviteurs, des serviteurs inutiles, quelconques, des bons à rien. Le temps passé à faire vivre la communauté n’est finalement que chose ordinaire. Il n’y a pas à en tirer gloire. Il n’y a pas à attendre de reconnaissance quelconque. C’est peut-être difficile à entendre, mais il en est ainsi. Croire en Dieu, c’est se mettre à son service et au service des frères en humanité. Tout simplement. 
 
Saint Paul le rappelle à sa manière à Timothée lorsqu’il l’invite à ne pas laisser dormir le don de la foi que Dieu lui a fait. Celui qui a reçu l’Esprit Saint, et nous l’avons tous reçu à notre baptême, doit témoigner de Celui qui s’est révélé à lui, sans honte, sans peur. Cet appel nous est adressé à tous. Comment se dire chrétien, c’est-à-dire attaché au Christ, sans jamais parler de lui, sans jamais témoigner de ce qu’il réalise au cœur de notre vie ? Comment se dire chrétien sans prendre sa part de service au sein de la communauté à laquelle on appartient ? Comment se dire chrétien si le confort et la passivité ont pris le dessus ? 
 
A ceux qui remplissent déjà un service d’Eglise, les textes de la Parole de Dieu disent : en faisant ainsi, vous ne faites que ce que vous avez à faire, et rien d’autre ! A ceux qui ne font rien, et se laissent porter par les autres, la liturgie rappelle qu’il y a urgence à se réveiller. Il y a toujours à faire au service de ses frères, ne serait-ce que donner un coup de balai, ou prendre le temps de la prière pour celles et ceux qui ne savent pas ou plus prier. Chacun a sa place dans l’Eglise ; chacun a son service à rendre. Une communauté ne peut vivre que si chacun y met du sien. 
 
Augmente en nous la foi ! De cette demande initiale des Apôtres,  nous avons glissé, grâce à l’enseignement de Jésus, vers la notion de service. La foi n’est donc définitivement pas quelque chose qui se vit seul, dans son coin, mais quelque chose qui se partage, et qui se partage d’abord par des actes. Avant d’apprendre le catéchisme à quelqu’un, montre-lui par ta vie, par ta manière d’être ce qu’est être croyant, être chrétien. Donne-lui le goût de vivre comme un disciple du Christ ! N’est-ce pas ce que le pape François a essayé de rappeler aux catéchistes du monde entier dimanche dernier ? Croire n’est rien si cela n’entraîne pas une vie en cohérence avec les appels de Dieu. Croire, ce n’est pas d’abord connaître par cœur les questions / réponses d’un catéchisme, mais découvrir et faire découvrir qui est Jésus, ce qu’il fait pour nous, et ce que nous pouvons faire à notre tour pour les autres. Ainsi la foi est quelque chose qui met en mouvement plutôt que quelque chose qui enferme dans des livres et des recettes toutes faites. La foi, tout comme la vie qu’elle vient enrichir, c’est dehors que ça se vit. La foi, tout comme la vie, ne s’enrichit que si elle se partage. La foi, tout comme la vie, n’a vraiment de sens que si elle est tournée vers les autres, au service des autres. Dis-moi comment tu vis et je te dirai en qui tu crois ; n’est-ce pas là finalement le vrai défi que nous avons à relever pour donner aux hommes et aux femmes de notre temps le goût du Christ et de son Eglise ? C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que le monde saura que vous êtes mes disciples. Tout est dit ; c’est le Christ qui nous le dit ; il ne reste qu’à le suivre et en vivre. Avec la grâce de Dieu. Amen.
 
(Photo prise en la cathédrale de Tours)