Avec
ce dimanche, s’ouvre la semaine missionnaire mondiale qui voudrait nous
sensibiliser à une dimension essentielle de notre foi : la nécessaire
annonce de l’Evangile à tous. Si vous suivez un peu l’actualité du pape
François, vous savez que c’est là un de ses thèmes favoris, lui qui, depuis son
élection, nous encourage sans cesse à aller aux frontières, porter l’annonce de
l’Evangile à tous. C’est ainsi que se décline le thème retenu par les
promoteurs de cette semaine : l’Evangile
pour tous, j’y crois ! Permettez que je démonte ce slogan pour vous,
et peut-être y trouverez-vous de quoi nourrir votre foi !
Commençons
par le premier mot : l’Evangile !
Voilà un mot qui est bien connu dans la sphère chrétienne. L’Evangile, c’est
bien sûr la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui s’intéresse tellement à l’homme qu’il
devient l’un d’eux afin de leur partager sa vie. Est-ce vraiment une Bonne
Nouvelle ? L’homme a-t-il besoin que Dieu s’intéresse à lui pour
vivre ? Le croyant, au moins, devrait répondre ici par l’affirmative. Dieu
n’est pas un lointain vieillard vivant dans les nuages et contemplant les
hommes de haut ; il est d’abord quelqu’un qui veut vivre une alliance avec
chacun, avec moi, avec toi. Non pas parce qu’il s’ennuie, non pas parce qu’il
voudrait nous ennuyer, mais parce que c’est sa personnalité propre. Dieu
n’existe pas pour lui-même ; il est un être de relation et il veut établir
une relation privilégiée avec chacun de nous, pour que notre vie s’en trouve
plus belle, plus grande, plus riche. Nous pourrions nous interroger sur ce que
cette Bonne Nouvelle, cet Evangile, comporte de plus important. Quel serait le
verset entre tous les versets à transmettre absolument ? La réponse, c’est
Paul lui-même qui nous la donne dans la seconde lecture : Jésus est ressuscité d’entre les morts,
voilà mon Evangile. Il n’y a rien de plus urgent à annoncer. Le pape
François lui-même le répète régulièrement : annoncer Jésus, mais tout
Jésus, c’est-à-dire aussi Jésus mort et ressuscité. Nous ne pouvons pas faire
l’impasse sur le Vendredi Saint dans notre annonce sans prendre le risque de
tronquer la Bonne Nouvelle : sans Vendredi Saint, il n’y a pas de Pâques.
Ecoutons encore saint Paul : Si nous
sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve,
avec lui nous règnerons. Oui, à moins de vouloir ressembler à des gâteaux dans une pâtisserie pour
reprendre encore le pape François, nous devons annoncer au monde Jésus, mais
Jésus mort et ressuscité. Tout l’enseignement de Jésus devient Bonne Nouvelle à
cause de l’événement de Pâques. Tout l’enseignement de Jésus reçoit sa force de
la croix et de la victoire de Jésus sur la croix. Sans cette expérience de la
mort et de la résurrection, les paroles de Jésus ne sont que de belles paroles,
mais pas une Bonne Nouvelle.
Cet Evangile,
dont nous venons de préciser les contours, est pour tous, selon le thème de cette semaine missionnaire. Cela
signifie bien qu’il ne concerne pas que les chrétiens. Nous n’avons pas à
enfermer l’Evangile dans un beau livre que nous n’ouvrons jamais. Il n’y a pas
de tabernacle dans lequel enfermer cet Evangile à double tour pour que surtout
il ne s’échappe pas et ne nous échappe pas. Saint Paul dit encore à
Timothée : on n’enchaîne pas la
Parole de Dieu ! On ne la retient pas ; on ne l’empêche pas de se
faire entendre ! Au pire, on l’ignore, mais elle ne cessera pas pour
autant d’être proclamée, elle ne cessera pas pour autant d’agir dans le cœur
des croyants, dans le cœur de celles et ceux, de toutes origines qui
l’accueillent dans leur cœur et se laissent ainsi approcher de Dieu. Oui, cette
Parole est pour tous, croyants ou non croyants. Si nous voulons qu’elle puisse
remplir sa mission qui est de féconder le cœur de tout homme qui cherche Dieu,
il nous faut l’annoncer, à temps et à contre temps, avec notre bouche et par
toute notre vie. L’Evangile pour tous est une réalité de la catholicité de
notre Eglise : ou elle s’adresse à tous les hommes, ou elle n’est pour
personne. En tous coins de la terre, cette Parole peut porter du fruit et être
Bonne Nouvelle. En tous coins de la terre, elle peut intéresser les hommes et
leur permettre de mieux connaître Dieu, de mieux grandir dans son amour, de
mieux découvrir le bonheur auquel ils sont appelés. L’Evangile est pour tous
parce que le Christ lui-même est venu et a livré sa vie sur la croix pour tous
les hommes de la terre, à travers le temps et l’histoire. S’il l’a fait à un
moment donné de l’histoire, il ne l’a pas fait que pour les hommes de ce
moment. L’Evangile, ce n’est pas une belle histoire du passé, c’est une vie
donnée pour nous aussi.
L’Evangile pour tous, j’y crois ! Il ne faut pas
oublier la finale de ce slogan. J’y crois,
c’est une traduction souvent donnée aux enfants pour le mot AMEN. Ce « J’y
crois » nous rappelle que si l’Evangile est pour tous les hommes, il est
aussi pour moi. Car souvent, lorsque nous disons pour tous, nous pensons
« pour les autres, mais pas pour moi ». Nous voulons bien charger la
mule des autres, mais pas la nôtre. C’était déjà au temps de Jésus le réflexe
de certains membres du parti des pharisiens. En affirmant « l’Evangile
pour tous, j’y crois », nous
affirmons bien que nous sommes croyants, appelés à nous laisser convertir par
cette Bonne Nouvelle. Vivre le thème de cette semaine missionnaire mondiale,
c’est affirmer non seulement que l’Evangile est pour tous les hommes, y compris
ceux qui ne croient pas, mais aussi qu’il est Evangile pour moi, qui suis
croyant, et qui ai toujours besoin de me convertir, de me laisser saisir par
cette Parole, d’en saisir toute la richesse, toute la beauté, toute la
profondeur. Le plus grand obstacle à la Bonne Nouvelle pour tous, n’est-ce pas
le croyant qui n’y attache plus d’importance, le croyant qui n’en vit pas ou
plus ? Oui, la Bonne Nouvelle de Jésus mort et ressuscité pour tous est
aussi pour moi, même si j’ai déjà été sauvé par Dieu au moment de mon baptême.
Je me dois d’accueillir cette Bonne Nouvelle dans ma vie, je me dois d’en vivre
pour mieux pouvoir la transmettre.
L’Evangile pour tous, j’y crois. De génération
en génération, de continent en continent, la Bonne Nouvelle de Jésus se répand
dans le cœur des hommes. Elle résonne par toute la terre. Nous ne saurions
interrompre la longue chaine de celles et de ceux qui ont transmis cet Evangile
depuis que Jésus a envoyé ses Apôtres faire de toutes les nations ses
disciples. L’œuvre immense déjà accomplie ne doit pas cacher l’œuvre immense
qui reste à accomplir pour que toujours, les hommes et les femmes de notre
terre, où qu’ils vivent, quoi qu’ils croient, puissent continuer à entendre cet
Evangile et accueillir la puissance du ressuscité dans leur vie, s’ils sont
convaincu que cet Evangile pour tous est aussi pour eux. Sans forcément
parcourir le vaste monde, nous pouvons commencer par annoncer cet Evangile par
nos mots et par notre vie à celles et à ceux qui nous entourent et que nous
croisons quotidiennement. L’annonce missionnaire, c’est dans la famille qu’elle
commence, c’est dans nos quartiers qu’elle se poursuit, sans oublier la
paroisse que nous fréquentons. De cœur
en cœur, de maison en maison, ici ou ailleurs, la Bonne Nouvelle se répandra et
deviendra vraiment Evangile pour tous. Amen.
(Photo prise en l'église St Georges de Haguenau en ce dimanche)
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