Nous terminons ce dimanche la semaine de prière pour l’unité
des chrétiens. Elle passe souvent inaperçue, se limitant à un temps de prière
réunissant les chrétiens de diverses confessions. Mais en-dehors de ce temps,
que faisons-nous ? Travailler à l’unité des chrétiens n’est pourtant pas
matière à option. Notre foi nous y oblige : question de crédibilité ; question de témoignage à la face du monde.
Permettez-moi donc en ce dimanche de vous livrer deux réflexions au sujet
de l’unité des chrétiens, appuyées sur la Parole de Dieu entendue aujourd’hui.
Ma première
réflexion, je voudrais l’appuyer sur le livre de Jonas. Voilà un homme envoyé
par Dieu annoncer à une ville sa destruction. Dans un premier temps, Jonas
refuse, connaissant bien son Dieu et son immense amour pour les hommes.
L’envoyé craint que la ville réagisse positivement à son message et se
convertisse, retenant ainsi le bras vengeur de Dieu. Curieuse réaction de la
part d’un envoyé ! Il sait que le peuple va réagir, il semble vouloir
faire échouer lui-même sa mission. Après bien des péripéties, il ira malgré
tout, poussé par ce Dieu qui l’envoie. Et la ville se convertira : et Dieu
ne détruira pas. Voilà qui nous donne à méditer : Dieu ne veut pas user de
la force pour nous convertir : il nous envoie des messagers nous prévenir
de ce qui pourrait arriver si la conversion ne vient pas. Mais son projet
ultime, c’est toujours que l’homme se convertisse et qu’il vive. Dans nos
rapports entre chrétiens, il en est de même. Personne ne saurait user de la
force pour imposer son Eglise. Tous, nous avons à nous convertir pour découvrir
l’amour immense de Dieu pour nous et conformer notre vie à cet amour. Lorsque
l’Eglise nous demande de prier pour l’unité, elle nous demande de nous rendre
capable, dans la prière, d’entrer dans ce projet de Dieu, projet que Saint
Paul résumait ainsi : faire un seul
peuple de tous les hommes autour du Christ. Nous n’avons pas à avoir peur des
conséquences. Nous n’avons pas à douter de la présence de Dieu, ni de son
amour. Notre prière est comme le cri de Jonas : elle portera ses fruits et
nous n’avons pas à les redouter. L’Eglise ne pourra sortir que grandie d’une
réconciliation et d’une unité retrouvée.
Ma deuxième réflexion rejoint davantage l’Evangile que nous
venons d’entendre. Nous voyons Jésus appeler des hommes divers : Simon
n’est pas André ; Jacques n’est pas Jean. Lorsque l’on regarde le groupe
des Douze dans son ensemble, nous apercevons des hommes différents par leurs
opinions politiques, par leurs tempéraments, par leurs métiers. Et pourtant, ce
groupe sera uni autour du Christ. C’est que l’unité n’est pas l’uniformité.
L’essentiel, c’est la foi commune au Dieu Père, Fils et Esprit Saint, reconnue
dans la communauté des croyants rassemblés. Les différentes Eglises chrétiennes
ont des rites différents : mais déjà elles reconnaissent un même baptême,
s’appuient sur les mêmes Ecritures, confessent la même foi. Le temps viendra,
je le crois, où elles deviendront capable de reconnaître leurs ministres
respectifs, permettant ainsi un partage de la Table eucharistique. Le temps
viendra où elles sauront reconnaître dans leurs fonctionnements différents, la
réalisation de l’unique Eglise du Christ, dans laquelle plusieurs demeures peuvent
exister. Paul, en son temps, l’écrivait déjà : il n’y a pas à se réclamer
qui de Paul, qui de Pierre : tous, nous appartenons au Christ : c’est
lui qui nous obtient la vie par sa mort et sa résurrection. Personnellement, je
ne rêve pas d’une Eglise où tous seraient catholiques, ou protestants, ou
orthodoxes : je rêve d’une Eglise où, malgré nos différences – et avec
elles – nous puissions nous asseoir à la
même table, partager la parole et le pain. Quel témoignage se serait pour le
monde !
Se convertir ; croire que le temps est venu de s’unir
autour du seul Christ, à la rencontre du seul Dieu, sous la conduite de
l’unique Esprit : voilà le chemin qu’il nous faut résolument emprunter. Ce
n’est pas une question de mode : c’est une question de vie. Comment, en
effet témoigner d’un Dieu d’amour, d’un Dieu qui pardonne, si entre chrétiens,
nous ne sommes pas capables de lever les obstacles à une communion vraie, dans
le respect des différences ? Le chemin sera peut-être encore long. Mais il
est chemin d’avenir et d’espérance, car Dieu lui-même nous y conduit et nous y
attend. Alors, laissons là nos craintes et suivons-le ! AMEN.
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