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samedi 3 janvier 2015

Epiphanie - 04 janvier 2015

A chacun sa route, chacun son destin...



Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Ainsi parlait Jean dans le prologue de son évangile entendu le jour de Noël. Il nous rappelait ainsi qu’il ne suffit pas que Dieu lui-même vienne dans le monde pour que tous accourent. Seuls quelques bergers se sont dérangés, nous disent les autres évangélistes. Des bergers et des étrangers. C’est tout le sens de cette fête de l’Epiphanie que nous célébrons aujourd’hui. 
 
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. On pourrait un peu vite dire que c’est bien le cas d’Hérode. Mais ne lui jetons pas trop vite la pierre en ce jour. Mettez-vous à sa place : des étrangers débarquent chez lui, au palais, cherchant le roi des Juifs qui vient de naître ! Enfin, il sait bien qu’il est le roi : il sait bien aussi que sa femme n’est pas enceinte ; comment un nouveau roi des Juifs aurait-il pu naître sans qu’il en soit informé le premier, et pour cause ? Sa surprise n’a rien de déplacé. Vous l’auriez été tout autant à sa place. Elle n’est même pas condamnable. Il cherche même à comprendre et réunit tout ce que Jérusalem compte d’intellectuels et de savants. Ils apportent des réponses à ses questions. Mais il en reste une qui n’est peut-être pas posée : comment n’ont-ils pas pu voir ce qu’ont vu ces étrangers ? Comment ont-ils pu seulement permettre une telle surprise ? Il ne suffit donc pas d’être intelligent pour découvrir le Christ et aller à sa rencontre. 
 
Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ce qu’affirme Jean ainsi dans son prologue, nul doute que ces étrangers le vivent. On ne sait pas trop quelle mouche les a piqués pour qu’ils laissent ainsi tout ce qui faisait leur vie jusqu’à maintenant, pour se risquer dans un voyage hasardeux et risqué. Ils ont vu une étoile et ils se sont mis en route. C’est peu de chose, une étoile ! Le ciel en est plein ! Pourquoi, en voyant celle-là justement, changer sa vie ? Nous ne le saurons jamais ; mais cela nous apprend que les grandes révélations se font quelquefois par des petits signes. Nul besoin d’un nouveau big-bang pour que Dieu se révèle à l’homme. Nul besoin de manifestation extraordinaire pour faire bouger les hommes. Une étoile dans le ciel a suffi. Une simple lumière nouvelle, et ces hommes se sont mis en route. Cela en dit long sur cet enfant nouveau-né. Sa venue vient éclairer nos vies d’une manière particulière ; sa naissance nous remue et nous fait bouger, si nous savons le reconnaître et l’accueillir. En trois cadeaux, ils disent qui est l’enfant et son avenir : l’or des rois, l’encens des dieux et la myrrhe pour l’embaumement des morts. Cet enfant est roi, cet enfant est Dieu, cet enfant offrira sa vie. Quelle révélation ! Quelle sagesse surtout pour la saisir ainsi, dès le commencement d’une vie. Assurément c’est un don que Dieu leur a fait de saisir ainsi ce qu’il a caché aux sages et aux savants de son peuple. Assurément ils avaient le cœur et l’esprit ouvert à l’irruption de Dieu dans la vie des hommes, dans leur vie. En venant se prosterner devant lui, ils disent aussi que cet enfant, bien que né dans un peuple particulier, est venu pour tous les hommes, pour éclairer tout homme, quelle que soit son origine. Les frontières du peuple de Dieu explosent et s’élargissent dès ce jour. On comprend mieux que le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il n’y a plus de privilège de caste ou de naissance. Désormais, tout homme a accès au Dieu unique et vrai s’il désire l’accueillir. Désormais, toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile.
 
Ces mages et les cadeaux qu’ils offrent nous renvoient à notre propre expérience. Qu’avons-nous vu en venant à la crèche ? Qu’avons-nous reconnu dans l’enfant qui y est couché ? Est-il juste pour nous un mignon petit garçon, nouvellement né ? Ou bien est-il notre roi, notre Dieu, celui qui offrira sa vie pour nous ? Nous fait-il bouger et nous émerveiller comme ces mages ? Ou nous fait-il trembler et craindre comme Hérode ? La crèche est-elle un décor joli pour un mois dans l’année ou est-elle le début d’une aventure qui nous ramènera chez nous par un autre chemin ? 
 
Au-delà du côté un peu merveilleux de cette visite des mages, il y a de vraies questions qui se posent à nous. Nos réponses traduiront notre foi. Si nous suivons les mages, l’enfant grandira et se fortifiera ; notre vie en sera changée. Si nous suivons Hérode, l’enfant mourra. Nous le rangerons dans son carton jusqu’au Noël prochain, mais rien n’aura changé dans notre vie. Avec Noël, nous nous sommes émerveillés ; avec l’Epiphanie, il faut nous décider. Quel sera ton choix ? Quelle sera ta voie ? Comme le dit la chanson : A chacun sa route, chacun son destin, passe le message à ton voisin. Amen.

(Gustave DORE, Les mages guidés par l'étoile)

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