Depuis
le mardi qui a suivi la Pentecôte, nous sommes rendus au temps ordinaire. Certes,
nous avions encore deux dimanches festifs, qui pouvaient faire illusion. Mais avec
ce dimanche, c’est sûr, la longue succession de fêtes depuis Pâques est achevée :
nous sommes, dimanche compris, rendus au temps ordinaire, pour de bon et pour
un moment. Les vêtements du prêtre sont passés du blanc (ou de l’or) couleur de
la fête, au vert, couleur de l’espérance. Et les textes de ce 11ème dimanche du temps ordinaire nous y invitent
justement, à l’espérance.
Voyez
Ezéchiel. Vous aurez senti, à la lecture de sa prophétie, que le peuple d’Israël
n’est pas vraiment à la joie. Il est cet arbre
renversé dont parle le prophète. En fait, il ne reste rien d’Israël, si ce
n’est ces habitants exilés. Plus de terre, plus de Loi, plus de Dieu : ce
qui faisait la fierté d’Israël et sa grandeur, a été anéanti. Certains se
demandent même où est Dieu ? A-t-il été vaincu comme eux ont été vaincus ?
Est-il ce grand Dieu en qui leurs pères avaient foi ? Est-il ce grand Dieu
qui jadis les avait libérés d’Egypte, terre d’oppression ? Et s’il l’est,
comment se fait-il qu’Israël connaisse à nouveau l’oppression, et pire encore,
la déportation ? On comprend alors mieux la force de la prophétie d’Ezéchiel.
Il annonce un avenir possible, grâce à Dieu. Dieu va relever cet arbre renversé, il va replanter une jeune pousse et elle portera des rameaux, et produira du
fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. Ce n’est pas une parole en l’air,
ce ne sont pas des mots prononcés parce qu’il ne sait pas dire autre chose ;
c’est une promesse de Dieu. Je suis le Seigneur,
j’ai parlé, et je le ferai. Voilà sur quoi appuyer l’espérance d’Israël.
Ezéchiel a foi en Dieu, il sait qu’il n’a pas abandonné son peuple ; il
sait que Dieu fera revivre ceux qui sont comme morts.
C’est
à la même espérance que Jésus invite ses auditeurs. Et il le fait à partir d’une
image de plantation. Un grain de blé, une
graine de moutarde ; autant dire trois fois rien. Et pourtant, l’homme
qui sème espère en la puissance de vie contenue dans ces petites graines. Une fois
qu’il a planté la graine, il ne peut plus qu’espérer que la nature fasse son
travail. Il ne peut plus rien faire, si ce n’est arroser et éviter les
mauvaises herbes. Il a prise sur des choses extérieures, mais sur la graine,
plus aucune. Dès qu’elle est semée, elle a sa propre vie. L’homme ne peut qu’espérer
la fécondité de ce qu’il a semé. Et le grain de blé pousse, simple herbe, puis
épi, puis grains plein l’épi. De même pour la graine de moutarde : un
petit rien deviendra une grande plante potagère : elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent
faire leur nid à son ombre.
Avons
cette espérance d’Ezéchiel ? Partageons-nous l’espérance du semeur en la
force de vie contenue dans ces petites graines que Dieu plante en nos cœurs ?
La semence que Dieu plante, c’est d’abord sa Parole de vie ; c’est aussi
sa grâce, sa présence agissante en nous. Avons-nous assez confiance en Dieu pour
espérer que, de sa grâce et de sa Parole, de grandes choses peuvent surgir dans
nos vies ? Avec Ezéchiel, avec le semeur, croyons-nous suffisamment que Dieu
n’abandonne pas ce qu’il a semé, qu’il veille sur nous, quelles que soient les
épreuves de notre vie ? La foi et l’espérance vont de pair, si bien qu’il
est impossible de les séparer. Une foi sans espérance n’est rien : à quoi
bon croire s’il n’y a pas d’avenir ? Une espérance sans foi ne sert à rien :
à quoi bon espérer si je ne crois pas que quelqu’un rendra mon espérance vraie ?
Avec
le temps pascal, nous avons célébré le cœur de notre foi : un Dieu plus
fort que la mort même et qui nous invite à partager sa vie. Durant ce temps
ordinaire retrouvé, célébrons notre espérance en l’appuyant sur cette foi au Christ
ressuscité. Et nous deviendrons capables de grandes choses ; et nous
verrons de grandes choses advenir. Dans l’ordinaire de nos vies, laissons le Ressuscité
grandir encore, laissons sa puissance de vie nous envahir, et nous porterons
fruits dans l’attente du temps de la moisson. Amen.
(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année B, éd. Les presses d'Ile de France)
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