Très certainement, des hommes ont regretté
de n’avoir pas écouté le prophète Jérémie quand il annonçait la guerre si le
peuple ne revenait pas vers Dieu. Le pire est arrivé : une puissance étrangère
a ravagé le pays et déporté la population. Toutes les promesses de Dieu semblent
réduites à néant : il n’y a plus de terre promise, plus de roi, plus de
loi. Y a-t-il seulement encore un Dieu pour Israël ? Le péché d’Israël
est-il tellement grand que Dieu se soit retiré définitivement ? Le peuple
est-il abandonné, coincé dans cet exil qui n’en finit pas ? Telle est la situation lorsque se lève un
croyant, Baruc, pour redonner le moral à ce peuple égaré loin de chez lui.
Ce qu’il annonce, c’est d’abord un
changement d’attitude : Quitte ta
robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour
toujours. Nous sentons de suite qu’il va y avoir du neuf. Dieu n’a donc pas
oublié son peuple, il va même déployer ta
splendeur partout sous le ciel. Oui, c’est à une espérance qu’il nous
invite, espérance fondée sur le retour en grâce devant Dieu et une conversion
profonde. Des mots qui étaient devenus étrangers retrouvent leur splendeur :
Justice, Paix, Gloire de la piété envers Dieu.
C’en est fini d’être réduit à néant chez un peuple étranger ; c’en est fini
de vivre sous la domination de dieux étrangers.
Ce qu’il annonce encore, c’est le retour
imminent à Jérusalem. Non seulement Dieu va permettre que le peuple soit sauvé,
mais il va le restaurer dans ses droits. C’en est bien fini de l’exil. Baruc
invite à se mettre en route, à marcher vers la cité de Dieu. Rien ne s’opposera
à ce retour triomphal, bien au contraire : Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles
seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre
sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu.
Bien des siècles plus tard, Jean le
Baptiste invite, comme Baruc, à un retour en grâce. Il reprend au prophète
Isaïe des mots presque identiques à ceux de Baruc pour annoncer, non pas une
nouvelle marche du peuple, mais la venue de Dieu lui-même : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits
ses sentiers. Nous comprenons que ce peuple, dont Baruc annonçait le retour
à Jérusalem, s’est certainement à nouveau détourné de Dieu pour que non
seulement Jean le Baptiste proclame un baptême
de conversion, mais encore annonce la venue du Seigneur lui-même. Sans doute
faut-il que Dieu se dérange en personne pour que l’homme comprenne, pour que l’homme
se convertisse enfin et suive le chemin du Seigneur.
Des siècles après Baruc et Jean le
Baptiste, nous sommes toujours encore invités à marcher vers la cité de Dieu, à préparer le chemin du Seigneur. Nous
sommes invités, non pas à vivre le souvenir de la venue première de Jésus dans
l’histoire des hommes, mais à vivre et reconnaître sa venue dans notre histoire,
aujourd’hui. Nous sommes concernés, personnellement, par ces appels de Baruc et
Jean le Baptiste. La Babylone de notre exil loin de Dieu, ce peuvent être nos
soucis quotidiens, la peur du présent en cette période troublée, l’incertitude
devant l’avenir, en un mot tout ce qui nous retient loin de Dieu ou nous le
fait juste oublier. Ce n’est pas que nous serions incroyants, juste trop
préoccupés pour penser encore à lui. Baruc et Jean le Baptiste viennent nous le
remettre devant les yeux, en tête de listes de nos priorités. Marchons à sa
rencontre, et avec lui, montons à la cité de Dieu. Amen.
(Dessin de Mr Leiterer)
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