Pousse
des cris de joie, éclate en ovations, réjouis-toi, bondis de joie ! S’il est une chose
sûre lorsqu’on termine la lecture du livre du prophète Sophonie, c’est que la
joie ne saurait être une option. Après avoir annoncé tant et tant de malheur
pendant une période sombre de l’histoire d’Israël, voilà que le livre de
Sophonie s’achève sur cette invitation pressante à la joie. Et Dieu sait
pourtant que cela n’était pas gagné !
Quand vous commencerez la lecture des
oracles de Sophonie, vous serez frappés par la violence de l’oracle qui ouvre
le livre : Je vais tout extirper de
la surface de la terre. J’extirperai hommes et bêtes, oiseaux du ciel et
poissons de la mer et ce qui fait trébucher les méchants. Je supprimerai les
hommes de la surface de la terre – oracle du Seigneur. Cela s’explique par
le contexte politique et social de son époque. Contemporain de Jérémie,
Sophonie ne peut que regretter la déliquescence de la société et l’instabilité
politique de toute la région. Des peuples nombreux se font la guerre, assoiffés
de pouvoir et de vengeance. Israël se trouve balloté entre les camps, bien
obligé de participer aux manœuvres politiques et aux jeux des alliances
hasardeuses. Les crises politiques se succèdent dans la région et avec elles,
la horde des peuples cherchant à envahir les voisins. Ce qui explique que la grande
annonce de Sophonie, c’est l’annonce du jour de la colère de Dieu, le Dies irae. Sur les 53 versets que
comptent le livre, seul les 7 derniers que nous avons entendus ouvrent une
espérance. 45 autres versets ne sont que menaces de destruction, expression de
la colère de Dieu. Reste un verset qui peut expliquer cette invitation finale à
la joie : Recherchez le Seigneur,
vous tous les humbles de la terre, qui mettez en pratique le droit qu’il a
établi ; recherchez la justice, recherchez l’humilité, peut-être serez-vous
à l’abri au jour de la colère du Seigneur. Il est possible de faire fléchir
le cœur de Dieu ; il est possible d’adoucir sa colère en revenant vers lui,
en pratiquant sa justice. Dieu reconnaîtra toujours les siens dans les plus
humbles.
Au milieu des crises les plus terribles,
il y a toujours des hommes et des femmes qui se révèlent, des témoins lumineux
de la bonté de Dieu, des témoins courageux de la justice de Dieu. Ils ne sont
pas légions, mais ils permettent aux hommes de conserver la beauté de leur
humanité. Ils ne cherchent ni à briller, ni à plaire, mais seulement à
conserver cette part d’humanité en nous qui est la ressemblance et l’image de Dieu.
Les humbles de la terre la sauveront toujours, car Dieu les reconnaîtra et les
sauvera au-delà de toute espérance. Les 2 derniers versets du livre qui
concluent le passage que nous avons entendu disent bien l’étendue du salut que Dieu
offre : Je rassemble ceux qui
étaient privés de fêtes… Je vous mettrai à l’honneur et votre renom s’étendra
dans tous les pays où vous avez connu la honte. En ce temps-là je vous ramènerai,
ce sera au temps où je vous rassemblerai ; votre renom s’étendra et je
vous mettrai à l’honneur parmi tous les peuples de la terre quand, sous vos
yeux, je changerai votre destinée, dit le Seigneur. Oui, Dieu ne saurait
durablement abandonner son peuple ; il aura toujours un cœur attentif à la
vie des humbles. Mieux encore, Dieu est présent à son peuple : le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le
héros qui apporte le salut.
C’est cette présence de Dieu au milieu de
nous qui est la source de notre joie. C’est cette présence de Dieu au milieu de
nous qui est notre assurance au milieu des épreuves. Comme au temps de Sophonie,
Dieu fait miséricorde aux humbles de la terre. En cette année jubilaire, la
porte sainte qui sera ouverte en cette basilique sera un signe de cette
présence de Dieu au milieu de nous et de la joie qu’il nous apporte. Dieu vient
faire miséricorde aux miséricordieux. Il se souvient de ceux qui sont fidèles à
sa Parole et qui reviennent vers lui, dans l’humilité et la douceur. Nous trouverons
notre joie en lui comme lui trouvera sa joie en nous et dans nos œuvres de
miséricorde. Avec Sophonie, avec toute l’Eglise, réjouissons-nous : déjà
et pour toujours, le Seigneur est au milieu de son peuple. Déjà et pour
toujours, il nous offre sa miséricorde et son salut. Allons à sa rencontre ;
vivons de sa joie, de son amour et de son pardon. Amen.
(Dessin de Mr. Leiterer)
(Dessin de Mr. Leiterer)
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