Qui s’élève
sera abaissé ; qui s’abaisse, sera élevé. Qui ne connaît pas
cette affirmation de Jésus. Elle n’est certes pas prononcée aujourd’hui, mais
elle est mise en œuvre dans cette rencontre entre Zachée et Jésus, dans les
deux sens. Voilà une rencontre que nous ne connaissons que trop. Et parce que
nous ne la connaissons que trop bien, nous risquons bien de ne l’écouter plus
qu’à moitié. Je vais donc la relire à l’aune
de cette citation de Jésus.
Qui s’élève sera abaissé. C’est vrai pour Zachée, dans sa vie quotidienne. Il s’est élevé socialement en devenant chef des collecteurs d’impôts. Ah, ce n’est pas n’importe qui ! Aux yeux de l’Etat, il compte, le petit Zachée. Il n’est peut-être pas très grand par la taille, mais son travail, ce n’est pas rien. Il travaille au service de la puissante Rome. Il commande ces collaborateurs ; ceux qui l’ont embauché ont reconnu en lui les qualités d’un chef et d’un homme de confiance. Il manipule l’argent qui revient à l’empereur. Non, décidément, il n’est pas rien, Zachée. Le seul problème, c’est que ces contemporains, ceux issus du même peuple que lui, ne l’entendent pas ainsi. Pour eux, il est un traître, un collabo, un pécheur public. Et certainement, pensent-ils tous, il en profite pour les dépouiller sous couvert d’impôts à prélever. Zachée qui voulait s’élever est rabaissé bien violemment par ses compatriotes. Pour eux, il est sans intérêt. Ce n’est pas le genre de personnes qu’on fréquente quand on est quelqu’un de bien, quelqu’un de pieux, quelqu’un de droit.
Qui s’élève sera abaissé. C’est vrai pour Zachée, dans sa vie quotidienne. Il s’est élevé socialement en devenant chef des collecteurs d’impôts. Ah, ce n’est pas n’importe qui ! Aux yeux de l’Etat, il compte, le petit Zachée. Il n’est peut-être pas très grand par la taille, mais son travail, ce n’est pas rien. Il travaille au service de la puissante Rome. Il commande ces collaborateurs ; ceux qui l’ont embauché ont reconnu en lui les qualités d’un chef et d’un homme de confiance. Il manipule l’argent qui revient à l’empereur. Non, décidément, il n’est pas rien, Zachée. Le seul problème, c’est que ces contemporains, ceux issus du même peuple que lui, ne l’entendent pas ainsi. Pour eux, il est un traître, un collabo, un pécheur public. Et certainement, pensent-ils tous, il en profite pour les dépouiller sous couvert d’impôts à prélever. Zachée qui voulait s’élever est rabaissé bien violemment par ses compatriotes. Pour eux, il est sans intérêt. Ce n’est pas le genre de personnes qu’on fréquente quand on est quelqu’un de bien, quelqu’un de pieux, quelqu’un de droit.
Qui s’élève
sera abaissé.
La vie de Zachée va prendre un nouveau tournant, sans qu’il s’y attende, à
cause de Jésus. Il est de passage à Jéricho. Tous veulent voir Jésus, Zachée
aussi. Et ce n’est ni la rumeur publique à son sujet, ni sa petite taille qui
vont l’en empêcher. Comme personne ne lui fait de place, le voici qui grimpe
dans un arbre. Pas très sérieux pour un chef
des collecteurs d’impôts. Mais peut-être le signe que le Royaume n’est pas
loin pour Zachée. Jésus n’a-t-il pas dit que le Royaume de Dieu est aux petits
enfants et à ceux qui leur ressemblent ? En grimpant aux arbres malgré son
âge, Zachée manifeste là une curieuse disposition pour le Royaume. Dans cet
homme bat un cœur d’enfant, curieux de Jésus au point d’oublier qui il est et
de grimper aux arbres. A moins que ce ne soit encore sa manie de vouloir s’élever,
d’être au-dessus des autres et de tout contrôler. Il voulait voir Jésus, et
voilà que c’est lui qui est vu par Jésus. Vu et appelé : Zachée, descends vite : aujourd’hui il
faut que j’aille demeurer dans ta maison. Et le voilà « abaissé »
par Jésus, obligé de quitter son arbre.
Qui
s’élève sera abaissé. Il nous faut remarquer ici que Zachée n’est pas le
seul à être abaissé. Il y a la foule de tous ceux qui récriminent. Ils se croyaient meilleurs que Zachée, plus dignes que
lui d’inviter Jésus pour un repas. Se comparant à Zachée, ils se sont élevés
au-dessus de lui. En ne s’invitant pas chez eux, les bien-pensants, les
bien-vivants, les bien-pratiquants, Jésus remet tout le monde à sa place, et
lui le premier. Le Fils de l’homme est
venu chercher et sauver ce qui était perdu. Voilà qui ressemble étrangement
à cette autre parole de Jésus, prononcée dans des circonstances assez
similaires (un repas avec des publicains et des pécheurs) : Je ne suis pas venu pour les bien-portants
ni pour les justes, mais pour les malades et les pécheurs. Et toc pour ceux
qui voulaient une place d’honneur !
Qui
s’abaisse sera élevé.
Ça a dû lui faire tout drôle, à Zachée, d’entendre quelqu’un s’inviter chez
lui, devant tout le monde. Sait-il seulement à quand remonte la dernière fois
que quelqu’un, que les autres tiennent pour important, s’est invité chez lui,
publiquement ? Tout se passe alors très vite, et il reçoit Jésus avec joie. Je suis toujours impressionné par l’absence
totale d’hésitation de la part de Zachée. A moins qu’il ne soit déjà « contaminé »
par l’absence d’hésitation de Jésus : c’est chez Zachée qu’il doit aller
aujourd’hui. A croire qu’il n’est venu à Jéricho que pour cette rencontre. C’est
sûr ; avec toute cette histoire, avec cette priorité brûlée aux gens qui
se croient bien, la cote de popularité de Zachée ne va pas remonter : les
autres récriminent déjà. Déjà, on ne parle plus que de cela !
On peut déjà imaginer la une du Pharisien libéré : Jésus se commet avec un
pécheur ! Et c’est là que l’incroyable se produit. Zachée ne se gonfle pas
d’orgueil ; il ne joue pas à celui qui a reçu Jésus chez lui. Mais devant
l’amour manifesté par Jésus, Zachée s’abaisse : Voici, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et
si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. Ce qui
lui vaut cette indulgence plénière de la part de Jésus : Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette
maison. Le Fils de l’homme ne se commet pas avec des pécheurs pour le
plaisir d’être avec des pécheurs, mais pour assouvir son désir de sauver tous
les hommes. Il manifeste ainsi qu’il est bien de Dieu, né du vrai Dieu,
celui-là seul qui aime passionnément l’homme au point de le sauver, toujours. Nous
pouvons alors comprendre que ce désir est profond en Dieu, bien ancien puisque
déjà chanté par l’auteur du livre de la Sagesse quand il médite, au regard de l’histoire
d’Israël, sur qui est Dieu et comment il agit avec son peuple. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as
de répulsion envers aucune de tes œuvres… En fait, tu épargnes tous les êtres,
parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes les vivants, toi dont le souffle
impérissable les anime tous. Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu
les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent
du mal et croient en toi, Seigneur.
Qui
s’abaisse sera élevé. C’est l’effet de la miséricorde divine, et il ne se
dément jamais. Ce qui était vrai jadis de Zachée est vrai de nous aujourd’hui. Si
nous reconnaissons nos limites, nos faiblesses, notre péché, si nous prenons la
résolution de changer parce que nous avons accueilli Jésus dans notre vie, nous
serons sauvés, nous serons élevés pour vivre à la hauteur de Dieu, pour vivre
de son amour et dans son amour pour toujours. Réveillons le Zachée qui dort en
nous, laissons-nous visiter par Jésus et avec empressement, accueillons-le dans
la joie. Osons nous abaisser devant sa tendresse et nous serons élevés par son
amour. Amen.