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vendredi 1 décembre 2017

01er dimanche de l'Avent B - 03 décembre 2017

Dieu et l’homme : et si on se laissait tenter pour une fois…

 

Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? La question posée par le prophète Isaïe, au moment même où il vient de redire sa foi en Dieu, « Notre-rédempteur-depuis-toujours », peut surprendre. Elle est la question de beaucoup d’hommes et de femmes. Si Dieu est bon, si Dieu veut le bonheur de l’homme, comment peut-il laisser l’homme s’en aller à sa perte ? Comment peut-il laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus le craindre ? La question posée par le prophète est fondamentalement celle de la manière dont l’homme se situe face à Dieu, son Créateur, et en même temps la question de la manière dont Dieu conçoit son rapport aux hommes. 
 
Commençons par le point de vue de l’homme sur Dieu. Il n’y a que deux manières d’envisager notre rapport à Dieu. Première manière : nous estimons que nous n’avons besoin de personne, que nous sommes notre propre origine et notre propre Dieu ; dans ce cas la question du prophète Isaïe n’est au mieux qu’une curiosité, au pire la trace d’une superstition inacceptable qui enferme l’homme dans une prison dont il doit se libérer au plus vite. L’homme ne sera vraiment libre et heureux qu’une fois débarrassé de toutes ces croyances qui le réduisent à n’être qu’un pantin entre les mains d’un être supérieur que personne n’a jamais vu. Deuxième manière : l’homme reconnaît qu’il n’est pas sa propre origine, qu’il est né du désir de Dieu et que Dieu veut entrer en alliance avec lui. Au minimum, l’homme reconnaît qu’il y a quelque chose, sans trop savoir qui ou quoi, mais ça ne l’empêche pas de vivre, ni de faire ce qu’il veut quand il veut. Pour lui, Dieu n’est ni un problème, ni vraiment une question. C’est un peu comme ce voisin avec qui il faut composer au quotidien. Nous savons qu’il est là, mais bon, tant qu’il ne nous dérange pas, tant qu’il ne nous demande rien, ça va. Et puis il y a l’homme pour qui Dieu est important. Il n’est pas qu’une vague connaissance ; il est quelqu’un avec qui l’homme est en relation ; il prend du temps pour Dieu, comme nous le faisons ce matin. Nous avons bravé le froid pour célébrer Dieu et les merveilles qu’il fait pour nous. Mais que disons-nous de lui ? Rejoignons-nous Isaïe dans son questionnement ? Il y aurait de quoi ! Notre monde n’est pas des plus apaisés ; des hommes en massacrent d’autres au nom de Dieu, sans aucune vergogne. Nous pourrions redire avec le prophète : Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Nous croyons en Dieu, mais nous constatons que le monde ne tourne plus rond, que les hommes se sont éloignés de Dieu ; et nous pouvons croire, devant tant de violence, que Dieu lui-même s’est retiré du monde. Comment peut-il encore vouloir avoir quelque chose à faire avec des hommes qui le trahissent, qui pervertissent son nom ? 
 
Sans vouloir nous prendre pour Dieu, nous pouvons deviner, à travers les Ecritures, la manière dont Dieu alors envisage son rapport aux hommes. La Bible, que ce soit dans la Première ou dans la Nouvelle Alliance, nous apprend que Dieu a un projet pour l’homme, un projet de salut. Dieu ne s’envisage pas lui-même sans l’homme. Il l’a créé comme un vis-à-vis, comme un partenaire à qui il a confié son bien, sa création. Il laisse l’homme libre de ses choix, libre de ses orientations : à lui de choisir le Bien ou le Mal, la vie avec Dieu ou la vie sans Dieu. La Bible nous dit aussi la proximité de Dieu avec ceux qui, humblement, suivent ses chemins. Dieu veille sur son peuple, Dieu prend soin de lui. Ils sont nombreux, les passages où l’on voit que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Mais la Bible nous montre aussi que Dieu ne force pas l’homme ; il ne le force même pas à croire en lui. L’amour de Dieu pour nous va jusqu’à accepter que nous puissions croire que nous n’avons pas besoin de Dieu. Ce qui fera dire à saint Jean : Voyez de quel grand amour Dieu nous a aimés. Il y a là la réponse au questionnement d’Isaïe. Dieu laisse l’homme errer hors de ses chemins, parce que Dieu ne veut pas s’imposer à l’homme. La liberté de l’homme est plus importante pour Dieu que l’affirmation de sa propre existence. Cela ne signifie pas que Dieu se désintéresse de l’homme, ni qu’il tourne le dos à ceux qui s’éloignent de lui. Au contraire : comme le dit si bien Isaïe, Dieu vient rencontrer celui qui pratique avec joie la justice. Dieu revient vers l’homme qui l’appelle du fond de sa misère. 
 
Quand Jésus apprendra à ses disciples à s’adresser à Dieu, il leur enseignera la prière du Notre Père. Elle dit tout du rapport de l’homme avec Dieu. Elle nous permet, dans sa première partie, d’adresser à Dieu notre louange pour ce qu’il est, pour sa volonté de salut pour tous les hommes. Elle nous fait ensuite demander à Dieu nos besoins les plus fondamentaux : le pain quotidien, le pardon de nos péchés sans lequel notre relation à Dieu serait compromise, et sa protection contre le Mal. En ce premier dimanche de l’Avent, l’Eglise de France a choisi d’utiliser pour la première fois la nouvelle formule née de la traduction renouvelée en langue française des lectionnaires. Nous ne dirons plus désormais Et ne nous soumets pas à la tentation, mais Et ne nous laisse pas entrer en tentation. Un changement qui doit nous permettre de mieux comprendre que ce n’est pas Dieu qui tente l’homme, et que l’homme peut toujours invoquer Dieu d’être présent à sa vie dans le temps des épreuves et des difficultés. Ne nous laisse pas entrer en tentation tout seul ; autrement dit : Sois avec nous toi dont le Fils a affronté la tentation et en est sorti vainqueur. Sois avec nous pour que nous puissions vaincre aussi ; sois avec nous pour que le Mal n’ait plus de prise sur nous. 
 
A la question du prophète Isaïe (Pourquoi nous laisses-tu errer hors de tes chemins ?), l’Eglise nous fait répondre désormais : Ne nous laisse pas entrer en tentation. Même si nous marchons loin de toi par moment, reste encore avec nous, sois toujours avec nous. Nous pouvons le dire justement parce que, en Jésus, Dieu a répondu favorablement à la demande d’Isaïe : Si tu déchirais les cieux, si tu descendais… Nous sommes en route vers Noël, cette fête au cours de laquelle Dieu est descendu parmi nous sous la figure d’un Nouveau-Né. Préparons-nous à l’accueillir ; préparons-nous à être avec lui comme lui est avec nous : toujours présent, toujours bienveillant. Pour une fois, laissons-nous tenter par cet Enfant à naître, par la vie qu’il nous propose, par le bonheur qu’il nous offre. Amen.



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