Voici la servante
du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. Il nous faut bien
mesurer la radicalité et le courage contenus dans cette affirmation de Marie,
la jeune promise en mariage à Joseph, quand l’ange vient lui annoncer qu’elle a
été choisie pour être la mère du Fils du
Très-Haut. Elle est à mille lieux de ce que nous croyons habituellement de
nos rapports avec Dieu. Elle laisse la première place à Dieu ; elle oublie
les projets qu’elle aurait elle-même pu porter ; elle met de côté ses
projets d’avenir pour entrer dans le projet d’avenir de Dieu. Marie est à mille
lieux de nos manières de faire ou de penser.
Reconnaissons-le : alors que
nous voyons Marie centrée sur Dieu et sa volonté, nous voulons centrer Dieu sur
nous et nos petits efforts en sa faveur ; nous voulons faire quelque chose
pour lui. Vous comprenez, il a tellement besoin de notre reconnaissance, Dieu,
qu’il faut bien que nous nous retroussions les manches pour lui. Combien de
catéchèses marquées de cet esprit ? Combien d’efforts déployés pour
montrer aux autres que nous, on fait ! On n’attend pas que cela nous tombe
tout cuit de la table de Dieu ! Observer Marie quand elle est visitée par
l’ange du Seigneur nous conduit à envisager les choses autrement. Nous ne
pouvons plus vraiment croire que nous pouvons faire quelque chose pour Dieu. Nous
sommes plutôt invités à croire que Dieu fait quelque chose pour nous. D’ailleurs,
la toute première chose qu’il fait pour nous, c’est de venir à notre rencontre.
Et la liturgie de ce dernier dimanche d’Avent nous a fait entendre des textes
qui nous disent Dieu à l’œuvre en notre monde. Regardez ce qui se passe pour le
roi David.
L’extrait du second livre de Samuel nous
présente ce passage de sa vie où David réalise qu’il était bien installé, qu’il
avait tout, mais que Dieu n’avait pour lui qu’une tente. Il décide donc de lui
construire un temple. Mais Dieu lui-même vient lui rappeler que ce n’est pas
ainsi que cela se passe. C’est Dieu qui a fait alliance avec David, c’est lui
qui le maintient sur le trône, c’est lui encore qui y maintiendra sa
descendance : la maison, ce n’est pas David qui la construit pour Dieu,
c’est Dieu qui la construit pour son peuple. Entrer dans l’Alliance de Dieu,
c’est accepter qu’il soit notre guide, qu’il soit notre Roi. Moi, je serai pour lui un père ; et lui
sera pour moi un fils, dit Dieu. David
doit accepter cette paternité de Dieu pour qu’il puisse être accompagné par lui
tout au long de sa vie. Nous aussi devons nous situer en fils face à ce Dieu
qui vient à notre rencontre. A nous d’apprendre de Dieu le juste comportement,
le juste positionnement.
Le psalmiste illustre alors une
manière d’être fils. Il est celui qui chante toujours l’amour de Dieu pour son
peuple. C’est sa part, son œuvre. Ton
amour, sans fin, Seigneur, je le chante. L’œuvre de Dieu, c’est de
manifester cet amour par les merveilles qu’il accomplit pour l’homme. Sans fin, je lui garderai mon amour, mon
alliance lui sera fidèle. Dieu s’est engagé une fois pour toute envers
l’homme. Il n’y a pas à en douter. Il agit envers nous comme un père qui veut
voir son enfant réussir.
Cette présence mystérieuse de Dieu
auprès de son peuple semble souvent cachée. Qui peut dire qu’il a vu Dieu de
près ? Qui peut dire, dans les difficultés de la vie, son assurance de la
présence de Dieu ? Paul reconnaît que cette présence était longtemps
cachée. Mais en Jésus, mort et ressuscité pour nous, le voile s’est levé. C’est
bien Dieu qui marchait aux côtés des hommes en Jésus. C’est bien Dieu qui
continue à nous accompagner et à se révéler aux hommes par l’annonce de la
Bonne Nouvelle.
Il nous faut devenir comme Marie,
accueillant l’annonce de l’Ange. Il nous faut cette simplicité et cette
ouverture à l’appel de Dieu. Il nous faut cette pureté du cœur qui permet de
répondre OUI au projet d’amour de Dieu pour chacun de nous. Il nous faut cette
vie sous la conduite de l’Esprit pour reconnaître Dieu présent et agissant en
chacun de nous, Dieu à l’œuvre en cet âge, comme il l’a été jadis et le sera toujours.
Rien n’est impossible à Dieu,
proclame l’ange à Marie. Il faut simplement des hommes et des femmes prêts à
répondre et à s’engager à la suite de Dieu. Le comment cela va-t-il se faire ? est sans importance : ce qui compte, c’est la confiance
accordée au Dieu de l’Alliance.
Voici la
servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. Y a-t-il plus
belle prière que celle-ci pour achever le temps de l’Avent ? Y a-t-il plus
belle manière d’accueillir celui que Dieu envoie dans le monde manifester aux
hommes sa tendresse, son amour et sa présence ? Faisons nôtre les mots de
cette prière pour que Dieu puisse réaliser en nous, et avec nous, la
transformation de notre monde. Ainsi hâterons-nous la venue définitive du
royaume que nous espérons et attendons dans la foi. Ainsi Dieu réalisera-t-il
définitivement son Alliance : être tout en tous et pour tous. AMEN.
(Tableau de Botticelli, L'Annonciation).
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