Avez-vous
mesuré le progrès spirituel que nous font faire les lectures de ce dimanche ?
La semaine dernière, nous interrogions Dieu avec le prophète : Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer
hors de tes chemins ? Et voilà que le même prophète annonce la consolation
de son peuple : Consolez, consolez
mon peuple, dit votre Dieu. Oui, Dieu fait la paix avec les hommes.
A
relire le prophète Isaïe, nous comprenons que quelque chose de neuf commence,
une nouvelle ère, une nouvelle relation à Dieu. Le temps de la punition est
passé ; nous voici au temps de la préparation de la venue du Seigneur.
L’annonce de la voix qui crie dans le désert, relayée des siècles plus tard par
Jean le Baptiste, dans des termes identiques, invite à préparer le chemin, à tracer droit dans les terres arides, à abattre
des montagnes, à combler les ravins. Il ne s’agit pas là de simples
aménagements paysagers, mais bien d’une attitude spirituelle profonde. C’est en
nous qu’il y a, semble-t-il, des ravins à
combler ; c’est autour de nous qu’il y a des montagnes à abaisser. Ravins de la haine qui éloignent des
autres, montagnes d’orgueil qui empêchent de rencontrer l’autre ; c’est en
nous qu’il y a des chemins à rendre
droits pour que Dieu lui-même puisse trouver le chemin de notre cœur et que
nous trouvions plus facilement la route qui mène à Dieu. Oui, tout ce travail
de terrassement, c’est en nous qu’il doit être effectué. Bien des occupations
nous éloignent de Dieu ; bien des distractions nous empêchent de le
trouver, de lui parler, de le prier. Ce temps de l’Avent se veut un temps de
retour vers lui.
L’Apôtre
Pierre, en encourageant les croyants à la même patience que Dieu, nous exhorte,
dans l’attente du jour de Dieu, à tout faire pour que le Christ nous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. Il répond aux objections
de celles et ceux qui n’auraient pas compris pourquoi abattre des montagnes et
combler des ravins en nous et autour de nous : parce que Dieu le veut,
parce que seul le fait de vivre en paix nous permettra d’accueillir vraiment le
prince de la paix. Seule la paix établie en nous et autour de nous nous
permettra de vivre ce jour de Dieu avec la sérénité nécessaire. Seule la paix
permettra l’avènement d’un monde de justice. Comment accueillir la paix
lorsque, en nous, se dressent tant de barrières ? Comment accueillir le
Prince de la Paix lorsque nous nous révélons incapables d’accueillir notre
voisin ?
Si,
avant la communion, nous sommes invités à un geste de paix, c’est pour dire
notre désir d’accueillir déjà cette paix de Dieu. Pouvons-nous nous dire proche
de Dieu et en paix avec lui alors que nous sommes brouillés avec telle ou telle
personne de notre entourage, proche ou lointain ? Si l’amour de Dieu porte
à l’amour du prochain, alors la paix que nous recevons de Dieu porte à établir
la paix avec les autres et à vivre en paix entre nous. Et à faire le nécessaire
pour que la paix progresse partout dans le monde. Nous ne pouvons pas nous
désintéresser des situations conflictuelles dans le monde au prétexte que nous
n’y sommes pour rien et que nous n’y pouvons rien changer ! Nous pouvons
toujours prier Dieu d’envoyer son Esprit de paix sur tous les hommes ;
nous pouvons toujours manifester notre soutien et notre proximité avec celles
et ceux qui connaissent la guerre. Cette nécessaire solidarité dans la prière
et la charité n’est pas vaine : elle témoigne de notre humanité et de
notre exigence que tous, un jour, puissent vivre en paix. Il n’y a rien de pire
que l’indifférence et l’oubli.
Que
ce temps d’avent soit temps de vigilance et temps pour reconstruire la paix. Il
n’y a pas de grande guerre ou de petite guerre : il n’y a que la guerre.
Il n’y a pas de grande paix ou de petite paix : il n’y a que la paix. Si
elle résulte de la bonne volonté des hommes, elle est aussi le fondement du
projet d’amour de Dieu pour chacun de nous ; elle est aussi don de Dieu à
notre terre. Dans notre prière, n’oublions pas de la demander et préparons-nous
à l’accueillir. Amen.
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