Le troisième dimanche de l’Avent, nous avions
laissé Jean le Baptiste au bord du Jourdain, aux prises avec les prêtres et les lévites venus pour lui demander : Qui es-tu ? Nous le retrouvons
aujourd’hui, au lendemain de ce même jour dans l’évangile de Jean, avec deux de ces disciples. Et Jésus est
là, qui allait et venait. L’annonceur
et l’annoncé, dans un même lieu, et cette affirmation de Jean le Baptiste :
Voici l’Agneau de Dieu. Et voilà que
le témoin est passé entre ces deux hommes : les deux disciples (de Jean le Baptiste) entendirent ce qu’il disait et ils suivirent Jésus.
Ne trouvez-vous pas extraordinaire cette
capacité qu’a Jean le Baptiste de se détacher ainsi de sa mission-même. Celui qu’il
annonce est là et il s’efface. Pas de guerre d’égo ; pas de recherche de
reconnaissance du travail accompli. Jésus vient, et Jean le Baptiste laisse ses
propres disciples suivre Jésus, sans chercher à les retenir. Il ne devient même
pas la caution morale de Jésus en s’engageant lui-même à sa suite pour dire aux
gens que c’est lui dont il parlait. Celui qui affirmait : Je ne suis pas digne de défaire la courroie
de sa sandale, ne se juge pas plus digne de marcher derrière lui. Il voit Jésus,
il témoigne, il laisse partir. C’est maintenant le temps du Messie, c’est le
commencement de quelque chose de neuf. Les disciples de Jean deviendront les témoins
de Jésus. Un changement dans la continuité, dirais-je.
De là, tout semble aller très vite :
deux disciples qui suivent (André et un autre), puis trois (Simon Pierre, le
frère d’André) et quatre (Philippe) et même un cinquième (Nathanaël) lorsqu’on
lit tout le chapitre premier de l’évangile de Jean. Pourquoi suivent-ils ainsi ?
Pourquoi se mettent-ils en route, à la suite d’un inconnu ? Pour André et
Philippe, c’est assez clair : ils reconnaissent en Jésus le Messie. C’est par cette affirmation
qu’André décide son frère Simon à suivre aussi. C’est par une affirmation
semblable que Philippe entraînera Nathanaël à la rencontre de Jésus : Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse
et chez les prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus, fils de Joseph,
de Nazareth. Mais plus fondamentalement, pour tous ces hommes, parce qu’ils
y ont été invités : Venez et vous
verrez, dira Jésus aux disciples de Jean le Baptiste qui l’interrogeaient. Suis-moi, dira Jésus à Philippe. Viens et vois, dira Philippe à Nathanaël
en réponse à sa question : De
Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ?
Pour devenir disciple, il faut donc y être
invité. Rassurez-vous : Jésus a invité chacun à le suivre, et à travers
nous, il continue d’appeler à le suivre. C’est notre responsabilité de croyants
d’inviter les hommes à la rencontre de Jésus. Encore faut-il que nous soyons
convaincu que Jésus est bien le Messie. Pour rester disciple, il faut avoir
fait cette découverte et sentir que Jésus est plus qu’un grand homme. Il est
celui qui donne sens à notre vie, il est celui que Dieu envoie pour nous sauver,
selon les promesses faites à nos pères. Ayant découvert cela, comment pourrions-nous
le garder pour nous et ne pas en témoigner ? Manquerions-nous de témoins
aujourd’hui ? Ou manquerions-nous de courage ? Aurions-nous peur du ridicule ? Pensons-nous,
comme d’autres, qu’on ne parle pas de ces choses-là en public ? Pourtant,
sans témoins, pas de disciples. Sans disciples missionnaires, pas de salut
annoncé à tous les hommes. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas devenir des
obstacles à la propagation de la foi. Nous taire, c’est consentir à l’amoindrissement
du nombre de disciples. Nous taire, c’est consentir à l’abandon de la foi.
Viens
et vois. Deux
mots pour une proposition qui change la vie d’un homme. Deux mots pour ouvrir le
monde au salut. Deux mots pour faire grandir le nombre de disciples. Deux mots pour
que notre monde change en mieux. Deux mots pour que les hommes deviennent plus
fraternels. Deux mots pour redonner du sens à ceux qui n’ont plus le bon sens. Deux
mots pour que tout commence (ou re-commence) avec Jésus. Auras-tu l’audace d’adresser
ces deux mots à quelqu’un que tu croiseras durant cette semaine pour faire
grandir l’Eglise ? Viens et vois : il n’y a pas plus à
dire pour passer le témoin ; le reste dépend de Dieu. Amen.
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