Je ne sais pas si c’est l’effet vacances, mais
reconnaissons que cette page d’évangile a une saveur particulière en ce
dimanche d’été, au moins pour celles et ceux qui ont la chance d’être au repos.
Sans le vouloir, sans le savoir peut-être, ils répondent à l’invitation faite
par Jésus : venez à l’écart dans un
endroit désert, et reposez-vous un peu !
Cette invitation est
faite par Jésus à ses disciples au moment où ils reviennent de leur première
mission. Rappelez-vous : dimanche dernier, l’évangéliste nous
racontait comment Jésus les avait envoyés proclamer la Bonne Nouvelle et guérir
les malades. Aujourd’hui, les voilà de retour. Nous ne saurons pas ce qu’ils
ont fait et dit. Seul Jésus, l’envoyeur, aura ce privilège. Ce que nous savons par-contre
c’est que leur mission semble être un succès. Des gens viennent de partout, si
bien qu’ils n’ont même pas le temps de
manger. L’invitation de Jésus tombe donc à pic.
Venez à l’écart dans un endroit désert, et
reposez-vous un peu ! C’est l’invitation qui nous est faite depuis que les
syndicats ont, à juste titre, lutté pour l’obtention des congés payés. Une
revendication sociale juste qui nous rappelle que l’homme n’est pas une machine
à produire, que sa vie personnelle est importante, qu’il a le droit de se réaliser
et de s’épanouir ailleurs que sur son lieu de travail. L’homme a ainsi droit au
repos, droit à une vie dont il reste le maître. L’homme n’est pas l’esclave du
travail. Dans une société de plus en plus dure, il semble bon et utile de le
rappeler. Rien ne justifie l’exploitation de l’homme par l’homme ; rien ne
justifie que certains s’enrichissent sur le dos des autres. Pas même la
production ou les carnets de commandes ! L’homme n’est pas fait pour le
travail ; c’est le travail qui est fait pour l’homme ! Cette
invitation de Jésus nous provoque alors à réfléchir à ce droit au repos, à ce
temps de vacances que nous connaissons. Est-ce un temps simplement vide, où
l’homme ne fait rien ? Est-ce un temps futile ou un temps utile ? Les
vacances sont-elles autres choses qu’un temps où l’on bronze idiot ? D’ailleurs
pouvons-nous vraiment nous reposer lorsque l’on fait des heures de route pour
nous serrer, comme des sardines dans leur boite, sur une plage loin d’être
abandonnée ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Peut-être
pouvons-nous envisager ce temps de relâche autrement. Il n’est pas qu’une
simple parenthèse ! Les vacances, même vécues à la maison, peuvent être
autre chose qu’un temps de vide et de paresse !
Depuis quelques années, de nombreuses
personnes ont découvert la nécessité de faire, durant une partie de leurs
vacances, une pause pour se retrouver, pour redonner un sens à leur vie, à
leurs engagements. Les nombreux monastères affichent souvent complets durant la
période estivale, prouvant cette nécessaire prise de distance avec la vie ordinaire.
Les vacances peuvent être vécues comme un temps de reprise, de retraite, de
face à face avec Dieu et avec soi, pour mieux repartir, pour mieux s’engager,
pour mieux se donner. Prendre le temps d’une retraite comme on prend le temps
d’une rencontre amoureuse avec celui qui donne sens à notre vie. Prendre le
temps d’une retraite pour prendre de la hauteur avec le Christ sur ce qui fait
notre vie, pour sortir du discours trop bien compris du « tout est
foutu ! ». Prendre le temps d’une retraite pour se reposer en Christ
et l’écouter nous dire qu’il nous aime, qu’il a encore besoin de nous. Prendre
le temps d’une retraite pour chanter avec le psalmiste : Le
Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ; sur des prés d’herbe
fraîche, il me fait reposer. Prendre le temps d’une retraite pour
réapprendre à vivre, tout simplement.
Tout le monde n’a certes pas cette
possibilité. C’est pourquoi ce temps à l’écart auquel Jésus nous invite, peut
se vivre aussi hors d’un monastère. Les vacances ne sont-elles pas le moment
idéal pour retrouver le chemin d’une vie de prière personnelle ? Il ne
s’agit pas d’y consacrer forcément des heures, mais de retrouver le plaisir
d’un cœur à cœur avec Celui qui nous aime et qui veut nous redire chaque jour
combien nous sommes aimés de lui. Même très courte, la prière nous permet
d’entrer dans notre jardin intérieur, ce jardin des origines dans lequel Dieu
cherche l’homme. Ne nous mettons pas en vacances de Dieu ; ne mettons pas
Dieu hors de nos vacances. Avec lui, réapprenons à prendre en main notre
quotidien ; de lui, recevons le repos qui refera vraiment nos forces. En
lui, reposons-nous quotidiennement pour qu’il puisse nous mener vers les eaux tranquilles et nous faire revivre.
Encore une fois
entendons l’appel du Christ : Venez
à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ! Entendons-y
l’appel à une présence
renouvelée au Christ. Entendons-y aussi l’appel à une présence renouvelée à nos
familles et à nos amis que l’ordinaire de nos vies nous fait quelquefois
côtoyer sans vraiment les rencontrer. Que ce temps de vacances et de repos nous
fasse retrouver le chemin vers Dieu, vers nos amis et vers nous-mêmes.
Amen.
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